Eric Bellion : « Je suis un débutant »

  • © Nicolas Henry
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« Mon premier cours de voile, c’était avec Michel Desjoyeaux l’année dernière. » A moins de 60 jours du départ du Vendée Globe, Eric Bellion ne roule pas des mécaniques et aborde le tour du monde avec autant de sérieux que d’humilité.

Parmi les 30 engagés, son projet ne ressemble à aucun autre et se distingue surtout parce qu’il n’a rien à vendre, si ce n’est un message. « Il n’y a pas de commerce dans mon histoire » résume le skipper. COMMEUNSEULHOMME est en effet le bateau de « la différence », financé par 14 mécènes qui croient, comme Eric, que les entreprises ont tout à gagner à faire entrer la différence, quelle qu’elle soit, dans leurs murs. « C’est un cri de ralliement pour une société plus humaine et plus épanouie car je sais que ça marche ». Ce discours habite le marin de 40 ans, originaire de Versailles, qui a découvert la mer à travers les livres avant d’embarquer sur les bateaux des copains.

Au delà des mécènes, la personnalité d’Eric – entière, parfois complexe – séduit tous azimuts. Il y a Michel Desjoyeaux qui œuvre en discrétion mais également Isabelle Autissier, proche depuis une rencontre en Patagonie, l’écrivain Gérard Janichon (Auteur de Damien Autour du Monde) ou encore Patricia Ricard et Gonzague de Blignières. Ceux-là sont ses cinq mentors et s’ils ont leur rond de serviette à bord, c’est parce qu’ils mettent la main à la pâte et non parce qu’ils ont un nom connu.

Le voyage initiatique

COMMEUNSEULHOMME se veut donc être la preuve que la théorie fonctionne. L’histoire a débutée en 2003 avec Kifouine, un petit rafiot de 8,60 mené par une bande de copains partis pour un tour du monde. Ils ont l’air de « clodos des mers » selon les mots d’Eric, mais l’équipage carbure à la bonne humeur, du Cap Horn à la Polynésie. Comme un tel plaisir se partage, Kifouine embarque à chaque escale des jeunes handicapés pour leur faire découvrir la navigation à la voile. Il sort de ces 40 000 milles, un bouquin, un film mais surtout une tonne de sourires et l’envie d’aller plus loin encore.

Le changement de dimension du projet passe d’abord par un record établi en 68 jours entre Port Louis (Morbihan) et Port Louis (Ile Maurice) avec un équipage composé de personnes valides et de personnes handicapés. Là encore, l’aventure est un succès. Il y a à bord une personne aveugle. Loin d’être le « maillon faible », Olivier s’avère être le meilleur barreur et démontre que les idées reçues n’ont pas leur place au milieu de l’océan.

Performance et différence

Eric va plus loin dans la démarche de performance avec l’acquisition d’un bateau de course de 60 pieds, Team Jolokia. Là encore, les compétitions se succèdent et les résultats sont au rendez-vous avec notamment une belle huitième place sur le Fastnet, l’une des courses de professionnels les plus disputées au monde.

Ni Père Jaouen, ni Abbé Pierre

« La case skipper au grand cœur ne m’intéresse pas. Je n’ai pas la vocation d’être le Père Jaouen ou l’abbé Pierre » explique Eric qui assène que cette recherche de performance par l’intégration des différences fonctionne, qu’elle n’a rien d’un mantra pétri de bonnes intentions. Le chemin parcouru depuis les premiers bords de Kifouine et jusqu’à aujourd’hui le prouve. De « clodo des mers », Eric est aujourd’hui devenu un « professionnel de l’aventure ». Il n’a pas de réelle ambition sportive sur ce Vendée mais être au départ, dans de telles conditions montre que le pari est tenu. Il est à la barre d’un bateau récent, l’ancien DCNS de Marc Thiercelin, mis à l’eau en 2008 et qui a servi au tournage du film « En Solitaire » avec François Cluzet. Ce décor de cinéma est depuis redevenu une machine de course grâce à la complicité de Michel Desjoyeaux et de son écurie, Mer Agitée.

Dans toute sa vie, Eric n’a jamais passé plus de huit jours seul en mer mais à 60 jours du départ, il irradie de sérénité, sachant parfaitement comment mettre à profit chaque minute des deux mois à venir. C’est peut-être cette maîtrise qui prouve avec le plus de pertinence la portée de son message.

Source

Matthieu Honoré

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