Prendre les obstacles les uns après les autres

© Boris Herrmann

Le ralentissement de la nuit à bord d’IDEC SPORT, en ce début de journée en France, avait été anticipé depuis le passage au sud de la Tasmanie. Francis Joyon et ses boys l’ont subi avec pragmatisme, sans déroger à leurs rythmes de quart, dans l’attente du renforcement temporaire du vent de sud-est, annonciateur de la proximité d’une nouvelle difficulté à franchir dans la soirée, et matérialisée cette fois par un centre anticyclonique. La délivrance attend IDEC SPORT au-delà de cette dernière barrière. Joyon, Surtel, Pella, Stamm, Herrmann et le jeune Gahinet piaffent secrètement d’impatience à l’idée de renouer avec les performances qui leur ont permis de disposer de l’Océan Indien en un temps record. Le chrono demeure bien l’obsession du bord. Un temps de passage au cap Horn très proche de celui de Loïck Peyron et Banque Populaire V est toujours dans les cordes du maxi trimaran rouge. On peut compter sur le commando Joyon pour tout mettre en œuvre, dès que le vent de sud-ouest va s’installer sur sa route, pour renouer avec les grandes cavalcades dont seules ces machines de l’extrême, menées par des marins d’exceptions, sont capables.

Nuit pénible

Les marins d’IDEC SPORT émergent d’une nuit australe des plus pénibles. Alex Pella, Francis Joyon, Gwénolé Gahinet, Bernard Stamm, Clément Surtel et Boris Herman se sont trouvés un nouveau point commun, la détestation du petit temps. Sans se départir d’un calme extérieur qu’il avoue être loin de ressentir au fond de lui-même, Francis Joyon n’a pourtant pas fermé l’oeil de la nuit, laissant en bon capitaine ses marins se reposer au rythme inaltérable des quarts institués depuis Brest. « Les voiles battaient et IDEC SPORT, du fait de sa grande largeur, se traîne quand le vent tombe sous les 5 noeuds, comme ce fut le cas cette nuit » raconte Francis. « Nous avons gardé cap au sud dans de tout petits airs de secteur sud-est, au près donc. Cette allure n’était pas un problème en soi car la mer est toujours très lisse. Mais nous avons connu des heures stressantes, car en configuration record, ces moments ont tendance à instiller le doute. Nous accélérons à présent, conformément à notre plan de bataille, et nous nous dirigeons vers une nouvelle zone de calmes à traverser ce soir, dernière épreuve avant de toucher le sud-ouest qui nous emmènera jusqu’au Horn. » Confiant en la limpidité du scenario concocté depuis la terre et en collaboration complète avec tout l’équipage par Marcel van Triest, les hommes d’DEC SPORT maintiennent un haut niveau de concentration, attentifs à l’évolution du ciel et aux variations du vent. « Une bande de ciel bleu apparaît au loin, preuve que nous allons changer de système » précise Francis. Les conditions maniables, c’est le moins que l’on puisse écrire, de ces dernières heures, auront au moins offert aux marins d’excellentes conditions pour se reposer et récupérer. C’est le mors entre les dents que l’équipage d’IDEC SPORT plongera au cœur des grandes latitudes sud vers le cap Horn.

La Palma connexion

Alex Pella se souvient avoir, il y a quelques années, navigué du côté des Baléares à bord du bateau du roi d’Espagne, en compagnie de Marcel van Triest. Le Néerlandais vit à terre au rythme de l’équipage d’IDEC SPORT, suivant un système de quarts auto imposé. C’est lui qui a élaboré avec Francis la stratégie pour venir à bout de cet océan Pacifique bien peu enclin à se laisser dévorer comme son voisin de l’Indien.

« Nous mettons en oeuvre aujourd’hui un plan élaboré dès le passage sous la Tasmanie. » explique le grand Marcel. « Les vents forts circulent très sud, et pour les atteindre, il nous aurait fallu plonger par 55 °Sud, au ras de la banquise. Hors de question. Il ne nous restait qu’un compromis, bancal comme tous les compromis, avec un contournement par le nord d’un premier obstacle matérialisé par un petit centre dépressionnaire. C’est ce que nous avons réalisé hier. Et nous allons aborder aujourd’hui le second obstacle sur notre route vers les grands flux du sud, constitué cette fois d’un anticyclone. IDEC SPORT va connaitre un second ralentissement, que nous espérons le plus court possible. Il y aura alors un virement à effectuer et ce sera le boulevard vers le Horn. IDEC SPORT retrouvera de hautes vitesses qui devraient lui permettre de parer le Horn dans le temps de Loïck Peyron en 2011. »

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