CombiWest nouveau leader

  • © Jean-Marie Liot/ASO
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Pain au chocolat ou croissant ? Fromage ou dessert ? Tramontane ou brise thermique ? L’été, la Méditerranée impose deux choses : choisir le bon indice de crème solaire… et le bon vent. Dès le briefing du matin, les fous de flux s’écharpent autour de Richard Silvani, le météorologue de Météo France, venu dispenser son savoir auprès des 28 skippers du Tour de France à la Voile. Se pose la problématique du jour : qui, de la tramontane ou de la brise thermique, sortira victorieuse de leur affrontement au-dessus du bassin de navigation du Tour, entre Gruissan et Narbonne ?

Pour Pierre Pennec, de retour aux manettes après le départ de Franck Cammas à Portsmouth pour les AC World Series, le choix semble évident : le thermique l’emportera.

La première partie du raid du jour, qui mène la flotte jusqu’à la bouée de Valras Plage, se joue pour tous au près et au plus proche de la plage, là où s’ébat la tramontane (le cers en Languedoc-Roussillon), qui souffle en nord-ouest. Bien plus performant que le reste de la flotte à cette allure depuis le début du Tour, Groupama vire la bouée dans la foulée de PRB, dopé par la présence à la barre de Billy Besson, triple champion du monde de Nacra 17, série olympique, et entame sa redescente en orientant sa route vers le large. « Notre choix était déjà fait avant le départ, assure Pierre Pennec. A la montée, on avait navigué très près de la plage, et on estimait qu’en allant au large, on aurait le vent du large (la fameuse brise thermique annoncée le matin). Ça n’a pas été le cas. On s’est vraiment posé la question de la droite ou la gauche en repartant au près à partir de la plage et, une fois qu’on avait choisi, il était déjà trop tard. » Derrière, Spindrift, qui est revenu de la 22e à la 6e place dans la remontée au vent, hésite encore. Xavier Revil, raconte : « On avait le choix entre suivre les premiers (Groupama, PRB…), ou tenter un truc. En fait, on n’a même pas tenté un truc : on a vu les gars qui étaient derrière virer pour aller à terre et on s’est dit que c’était aussi bien de contrôler la flotte, parce qu’on était sûr de ne pas pouvoir suivre les premiers (Groupama) en vitesse pure ». A bord de CombiWest, deuxième du classement général au départ, le choix est encore plus cornélien.

Damien Iehl : « Rapidement, les bateaux de tête ont commencé à tomber dans du mou, avec ce fameux thermique, et on a saisi l’opportunité tout de suite pour retourner à terre avec Spindrift et quelques bateaux. Tout de suite, un énorme écart s’est creusé entre ceux qui ont choisi la tramontane et ceux qui ont insisté sur le thermique. Dans ces cas là, le tacticien regarde le plan d’eau, on discute à partir ce qu’il nous apporte et on agit. Mais c’était une prise de risque importante puisque virer signifiait qu’on laissait Groupama faire sa route. On a eu de la réussite, mais on a aussi été opportuniste. »

Sixième à la bouée ouest, CombiWest parvient à grignoter quelques places pour, finalement, prendre la troisième place derrière Spindrift et lafrancedunordausud.fr, en pleine bourre depuis une semaine. Ne restait plus alors qu’à égrener le nombre de bateaux intercalés entre le Diam 24 barré par Damien Iehl et celui de Pierre Pennec, finalement 19e de l’étape et dépossédé du gennaker bleu du leader du classement général. « On prend notre première « bâche », et c’est une vraie bâche, qui n’arrive pas vraiment au bon moment », lâche le barreur de Groupama, dépité de n’avoir pas su choisir entre Charybde et Scylla.

Mieux valait, en ce dimanche à Gruissan, être en proie au doute que porté par une certitude. Ce qui n’est pas vraiment une règle en régate. Mais c’est bien pour cette capacité à ne pas respecter les règles et à brouiller les cartes que la Méditerranée est tout autant redoutée que désirée, sur le Tour de France à la Voile.

ILS ONT DIT

Pierre Pennec (barreur de Groupama) :

« On passe deuxième à la troisième bouée, on choisit de partir au large parce qu’on estime que la quatrième bouée mouille au large et qu’il y a, là-bas, un autre vent. A la montée, on avait navigué très près de la plage, et on estimait qu’en allant au large, on aurait le vent du large. On a espéré qu’à un moment l’autre groupe taperait dans une zone de transition pour aller retourner au large. Ça n’a pas été le cas : c’est le vent de la plage qui a prédominé, et on est passé derrière. Une fois qu’on avait choisi, il était déjà trop tard, et notre choix était fait avant le départ. On prend notre première « bâche », c’est une vraie bâche et elle n’arrive pas vraiment au bon moment. Ca fait beaucoup de points perdus sur nos deux concurrents directs. C’est le sport… On va se battre point par point pour gagner le Tour parce qu’on est venu pour ça. »

Damien Iehl (barreur de CombiWest) :

« C’est un scénario fou ! . On savait que la tramontane serait présente, mais il était annoncé aussi que, au large, la brise thermique allait monter, étonnamment, et que les deux allaient se confronter. Rapidement, les bateaux de tête ont commencé à tomber dans du mou, avec ce fameux thermique, et on a saisi l’opportunité tout de suite pour retourner en terre avec Spindrift et quelques bateaux. Tout de suite, ça a fait un énorme écart. Entre le thermique et cette fameuse tramontane, on a eu de la réussite, mais on a aussi été opportuniste. Pierre a super bien navigué, il a bien senti le coup. Comment ça se décide ? On a discuté assez rapidement. Dans ces cas là, le tacticien regarde le plan d’eau, on discute avec ce qu’il nous apporte et on agit. Mais c’était une prise de risque importante puisque virer signifiait qu’on laissait Groupama faire sa route. Quand on a viré de bord, Spindrift virait aussi et on a choisi d’aller tenter notre chance. Et ça a payé. »

Frédéric Guilmin (skipper de CombiWest) :

« Aujourd’hui, il y a eu un all in, on a gagné un bon pactole. On a commencé la course avec un trou dans le bas de laine (12e du raid côtier à Dunkerque), on a mis des sous de côté sur le livret A au fil des étapes, il faut maintenant qu’on serre notre bas de laine. On va faire super gaffe à ne pas faire de grosse faute, comme une règle noire (disqualification pour départ volé sous pavillon noir), pour ne pas faire comme Groupama aujourd’hui. Ça serait trop bête de gâcher ce capital sur un seul coup. »

Xavier Revil (skipper de Spindrit) :

« Il ne faisait pas bon ouvrir la route ? Ce n’est pas dit : on les a vus partir très loin devant nous sur le premier bord. Mais ça a tamponné à Narbonne, on était revenu 6e, avec un grand bord de près. On avait le choix entre suivre les premiers (Groupama), mais quand on cherche à les suivre, on n’arrive pas à les doubler, ou tenter un truc. En fait, on n’a même pas tenté un truc : on a vu les gars qui étaient derrière virer pour aller à terre et on s’est que c’était aussi bien de contrôler la flotte. C’est étonnant que les cinq premiers n’aient pas choisi de virer à terre pour maîtriser la flotte. Sans doute avaient-ils un autre schéma en tête… On est très content, on n’a rien lâché, on a eu notre lot de contrariétés et on sait que la route sera encore longue. C’est vraiment super de se battre comme ça quand le bateau marche bien et que l’osmose dans l’équipe est si belle. C’est une super journée. »

Source

Agence Effets Mer

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