











La flotte de la 46e édition de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire, après un tricotage au plus près des cailloux le long de la pointe sud-ouest de l’Angleterre, envoyait les spinnakers dans l’après-midi pour rejoindre Wolf Rock. Les premières 24 heures de course ont largement sollicité les marins : grosse mer, bonnes rafales à 30 nœuds, puis virements de bord successifs au plus près des côtes pour lutter contre le courant. Des conditions variées qui continuent de sourire au Méditerranéen Skipper Hérault très appliqué… et diablement motivé par le classement général de cette Solitaire 2015.
Une entrée matière rude. Une vigilance de tous les instants et des trajectoires qui parfois sortent de la route maintenant que les cailloux sont dépassés. Vincent Biarnès (Guyot Environnement) s’est endormi à la barre effectuant un tout droit au moment de passer la marque obligatoire Stones. Fatigués les marins ! Et pourtant la route demeure encore bien longue avant de rejoindre Dieppe.
Après plus de 120 milles au près, c’est désormais au portant, poussés par un vent frisquet de Nord-Ouest que la flotte va descendre sous spi pour contourner Wolf Rock et naviguer en Manche. Une Manche qui devrait se montrer difficile à appréhender puisqu’une dorsale va s’installer confortablement sur la route des skippers. Les stratégies vont donc s’établir au coup par coup, après écoute à la VHF de la météo, et observation du plan d’eau.
Si Xavier Macaire (Skipper Hérault) grâce un bon coup en fin de nuit a pris les commandes de la course 2 milles devant Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), l’affaire n’est pourtant pas jouée. Le plus compliqué reste à venir et les ténors, comme Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir) 9e au passage de Stones ou Jérémie Beyou (Maître Coq) 11e vont tout faire pour ne pas se laisser distancer et recoller dans la molle. Mais cette toute première partie de dernière étape a déjà marqué les distances : Gwénolé Gahinet (Safran – Guy Cotten) se trouve à 5,5 milles du leader et Alexis Loison (Groupe Fiva) à près de 8 milles ! Tolga Ekrem Pamir (Un jour, un homme, un arbre) ferme le banc à 11 milles. Les écarts devraient encore s’agrandir dans les heures qui viennent, les premiers étant sous spi, tandis que les derniers louvoient encore…
L’endurance sera le maître-mot de cette ultime étape de La 46e édition de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire !
« J’ai bien navigué, c’est plutôt pas mal pour l’instant, surtout après ce magnifique départ en baie de Torbay. Je suis assez content. A chaque fois qu’il y a eu une rotation, j’ai pas mal accompagné le paquet et au final j’allais assez vite, assez haut et cela ne s’est pas trop mal passé pour le passage à Longships. Je vais essayer de tenir en vitesse… avec les cocos qui sont derrière et qui ne sont quand même pas lents ! Je vais essayer de ne pas faire de bêtise. J’ai réussi à faire quelques siestes, je suis un peu crevé quand même mais dans l’ensemble ça va. C’est sur que c’est motivant mais il va falloir tenir, la route est longue encore. »
« Ca va, ca va, dans le courant j’ai réussi à remonter, je suis revenu sur un petit paquet de quatre bateaux, c’est pas mal. C’est un peu chaud mais le problème c’est que l’on n’a pas trop le choix. Tu es obligé d’aller proche des cailloux, il y a quand même beaucoup de courant. Le front est passé, on voit l’éclaircie, la pluie s’est arrêtée, on voit le ciel bleu qui arrive donc ça va mollir tout doucement et ça va rester nord – nord ouest. Pour le moment on a toujours 15 nœuds donc ça va encore mais il ne faudrait pas qu’il y ait moins par rapport au clapot. C’est toujours plus jouissif quand tu te bagarres avec le paquet de tête que quand tu es derrière à ramer. J’ai réussi à faire une sieste ou deux, j’ai eu un petit coup de mou tout à l’heure quand le jour s’est levé, mais là ça va mieux. Après le vent va mollir ça ira mieux pour dormir mais c’est vrai que je n’ai pas beaucoup dormi depuis le départ. »
« Nous avons eu jusqu’à 30 nœuds, 28 à 30 nœuds en rafale. Il a fallu gérer cela cette nuit et donc pour atterrir sur Land’s End cela n’a pas été évident. Moi je suis resté sous génois et j’avais un ris sachant que ça allait mollir derrière. Ca évitait une manœuvre compliquée de changement, de mettre le solent. Avant cela, à Star Point, il y a eu un petit virement de recalage pour certains skippers, dont moi, j’ai fait un petit virement de recalage vers la droite et cela a été assez payant pour la suite. Ca joue à rase-cailloux là, depuis tout à l’heure, le long de Land’s End. Ce n’est pas évident, on a beaucoup de courant contre nous, on n’a pas énormément de vent. Ce n’est pas facile d’aller jouer dans les cailloux à essayer de chopper les bonnes veines de courant. D’ailleurs là, il va falloir que je change un peu ma trajectoire j’ai un caillou juste devant moi. J’ai réussi à me reposer un peu, à dormir un peu, c’est vraiment satisfaisant. C’est ça de pris pour la suite. Je suis vraiment content d’avoir pu dormir un petit peu. »
« On ne connaît pas très bien le coin, ça à l’air bien cartographié mais bon on prend un petit peu de risques quand même. Mais bon c’est joli ça vaut le coup. Enfin, à condition de pas toucher mais c’est vraiment chouette. Là, il y a un super paysage, des petites routes qui descendent à la mer, des belles maisons, c’est assez sympa. Je n’ai pas de carto extérieure. Moi j’ai un écran en bas que j’aperçois depuis l’extérieur puis ça permet de regarder les cailloux et pas la carte parce que c’est vrai qu’avec les tablettes et compagnie on a la tronche sur l’écran et c’est important de regarder dehors. C’est vrai que j’ai beaucoup plus le sourire que sur les étapes précédentes. Vraiment ça fait plaisir de naviguer devant. C’est quand même bien plus simple en fait d’être devant, ça c’est sûr, tu as la vitesse, tout se passe bien, tu prévois bien les coups et tout donc c’est vrai que je me régale bien depuis le départ. Je suis plutôt satisfait du début de l’étape. Au niveau du scénario … là, le vent a déjà bien basculé, ça va sans doute mollir un petit peu. De toute manière c’est pas très compliqué, il faut s’appliquer à naviguer contre le courant vers la bouée et puis bon après on verra la redescente. J’ai pas encore trop bien étudié la descente, chaque chose en son temps, et c’est vrai que la il y a moyen de perdre pas mal donc il faut être dessus. »