Coup de bluff ou vrai fantôme ?

© We Are Water

Deux bateaux manquent, ce vendredi, à l’appel dans les premières lignes du classement de la Barcelona World Race. Hugo Boss d’abord, après son démâtage l’obligeant à signifier son abandon. Neutrogena ensuite, qui a choisi d’abattre un joker en activant le mode furtif. Dans un contexte où la course prend un tour très tactique, il a choisi de disparaître des écrans. Alors que se profile la perspective de frayer son passage dans le dédale des calmes de l’anticyclone, ce bateau fantôme d’un jour va-t-il poursuivre sur sa trajectoire ? Ou va-t-il se démarquer et emprunter un autre chemin ? Mystère !… Réponse demain matin, à 9h TU.

Le mode furtif (Ghost Mode) est l’une des spécificités de la Barcelona World Race, dont les règles de course prévoient de laisser une large place à la tactique pure pour mieux attiser la régate qui se trame autour du monde. Sur cinq portions du parcours, les équipages ont la latitude de passer une fois en mode furtif, et ce pour 24 heures. S’ils restent suivis par la direction de course pour des raisons évidentes de sécurité, ils sont autorisés à ne plus être pointés dans les classements ; et par la même à se volatiliser sur les écrans de leurs concurrents, comme ceux du public. En quelque sorte, ils peuvent se déguiser en bateau fantôme une journée entière. Et, c’est,justement ce à quoi ont choisi de jouer Guillermo Altadill et José Muñoz, alors qu’ils croisaient le fer avec Bernard Stamm et Jean Le Cam à l’approche délicate de la grande zone anticyclonique de l’Atlantique Sud.

L’anticyclone, maître du jeu

Aujourd’hui, par la force des choses, Cheminées Poujoulat ouvre officiellement la route vers ce vaste obstacle aux évolutions incertaines, qui leur fait depuis quelques jours déjà de sacrés nœuds au cerveau. L’équipage franco-suisse poursuit sa tra jectoire au sud dans des vents qui commencent à mollir, comme le laisse deviner sa vitesse en baisse depuis quelques heures. Les dernières prévisions météo le confirment : cette zone de hautes pressions, véritable maître du jeu en approche des mers australes, a tendance à s’ étendre. Elle menace autant de ralentir les équipages dans leur progression, qu’elle les oblige à franchement plonger au sud avant de pouvoir espérer se glisser en dessous.

Pour Anna Corbella (GAES Centros Auditivos), toujours bien accrochée aux avant-postes aux côtés de Gerard Marin, ce système ne laisse que peu de choix en termes stratégiques, et loge la flotte à la même enseigne : celle de l’incertitude générée par cette masse anticyclonique, peu encline à laisser la porte des Quarantièmes grande ouverte. Pas étonnant donc que Neutrogena active son mode furtif, ne serait-ce que pour tromper ses adversaires. Pas de surprise de voir aussi les tra jectoires commencer à diverger.

Au plus court ?

Comme celle de Renault Captur notamment, qui progresse en milieu de flotte à la latitude de Salvador de Bahia et se rapproche de la bordure nord du système. Jörg Riechers et Sébastien Audigane ont franchement infléchi leur trajectoire à l’est, suggérant qu’ils tentent de couper au plus court. Mais cet après-midi, ils ont averti la direction de course qu’ils rencontraient un problème au niveau du rail de grand-voile. Un petit souci technique qu’ils espèrent vite résoudre pour reprendre leur marche aux détours de Sainte-Hélène. Aux trousses de Cheminées Poujoulat, GAES Centros Auditivos, et autre bateau fantôme…

Classement à 14h00 TU

  1. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 20513,9 milles
  2. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 48,7 milles
  3. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 136,9 milles
  4. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 444,2 milles
  5. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 483,1 milles
  6. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 714 milles
  7. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) en mode furtif
  8. Hugo Boss (A Thomson – P Ribes) abandon

Ils ont dit

Pepe Ribes (Hugo Boss) :

Il y avait des bonnes ondes à bord entre Alex et moi. Nous avions bien débuté la course. A plusieurs occasions, nous avions pris des décisions tactiques qui se sont révélées bonnes. Nous avions gagné et perdu des milles, mais globalement, nous nous sentions très bien. Quand nous avions des discussions pour prendre des décisions, c’était très positif. Chaque fois que nous nous sommes écartés de la flotte, nous avons gagné des milles. C’était bon pour le moral et cela nous donnait confiance pour la suite.

Conrad Colman (Spirit of Hungary) :

Actuellement, on est dans le Pot au noir, mais le Pot est plutôt gris que noir… On a des nuages gris partout, partout. Mais, c’est plutôt clair. On est plutôt optimiste, parce que le vent semble passer assez rapidement entre le nord et le sud. On croise les doigts, mais j’espère qu’on va réussir à vite s’échapper.
Après la sortie du Pot au noir, dans le vent plus fort qui nous attend, je pense qu’on sera dans une bonne position pour revenir. Dans la course au large, et dans la compétition en général, le jeu n’est pas fini tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. Il reste beaucoup, beaucoup de milles à faire. On n’a pas du tout jeté l’éponge. On va essayer de gratter des milles jusqu’au bout pour essayer de rattraper les bateaux qui sont devant.

Anne Corbella (GAES Centros Auditivos), par message :

GAES Centros Auditivos continue de gag ner au sud en contournant l’anticyclone. Chaque jour qui passe, il fait un peu moins chaud. Nous portons à nouveau des chaussettes et nous avons ressorti les sacs de couchage. Ce soir j’ai repéré la Croix du Sud, qui nous accompagnera désormais dans les nuits claires. Dans l’hémisphère nord, la Grande Ours me permet de trouver l’Etoile Polaire. J’étends de cinq fois environ l’arrière du camion, mais à présent quand j’étends la distance entre Dubhe et Merak, la ligne disparaît à l’horizon. Cela donne vraiment l’impression de tourner autour d’un ballon. L’Etoile Polaire reste invisible, cachée derrière l’horizon pour quelques jours. Pour quelques jours heureusement …

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Barcelona World Race

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