Quand empannages riment avec Solent

© Jean-Marie Liot

Les concurrents de la Normandy Channel Race ont contourné l’île de Wight à l’aube ce matin. La guerre des nerfs, entre empannages et courants, a commencé. Mais après les pièges du Solent, attention à Portland Bill que la flotte atteindra dans l’après-midi!

Portland Bill, presqu’île au sud de Weymouth, réserve bien des surprises aux 16 Class40 en lice dans cette Normandy Channel Race 2014. D’autant qu’une bascule de vent ne va pas aider à contrecarrer les courants produits par la presqu’île.

Sébastien Rogues et Bertrand Castelnerac, sur GDF SUEZ, ont été les premiers à entrer dans le Solent vers 5h du matin : « Nous sommes arrivés en pleine nuit dans le Solent et la bataille était très intéressante ! Il a fallu nous battre contre le courant car une fois dans le Solent, le vent a mollit. Nous avons choisit de longer les côtes de l’île de Wight mais nous avons peut être été un tantinet trop proches et avons légèrement talonné… Notre bulbe ne doit plus ressembler à un bulbe d’un bateau de course… Mais ça ne nous empêche pas de continuer heureusement !» raconte Sébastien à la vacation.

Deux heures plus tard, à l’aube, c’est SERENIS CONSULTING qui reprend du terrain sur GDF SUEZ en longeant aussi les côtes mais celle de l’Angleterre cette fois-ci. S’engage alors une bataille d’anthologie entre les 10 premiers concurrents à force d’empannages et de choix tactiques pour éviter au maximum les méfaits du courant qui rend cette région si célèbre.

Un peu avant 11 heures, toute la flotte des Class40 est sortie d’affaire, du moins du Solent. Le vent ne cesse de mollir, 5 nœuds environs, et les 16 bateaux engagés s’écartent latéralement du nord au sud. Damien Seguin et Jeanne Grégoire sur ERDF – Des pieds et Des mains sont les plus au nord, dans la baie de Weymouth, et prennent leur mal en patience en attendant la bascule du vent. Damien Seguin à la vacation ce midi : « Nous venons tout juste de tomber dans la molle, nous attendons que le vent réapparaisse. Il reviendrait probablement par le nord est, d’où notre choix de route. Nous avançons encore avec le courant. Nos camarades plus au sud ont un vent différent au large mais ca va mollir pour tout le monde, on verra ce que la météo nous réserve ensuite ».

Tous les marins ont très peu dormi cette nuit, 30 minutes au mieux pour certains, et la météo à venir ne semble pas vouloir leur donner de répit. Acharnement et réactivité sont de mise, tous sont en alerte quant à la bascule de vent et à l’étale qui approchent et va changer la donne au niveau des courants. La tête de classement change toutes les 10 minutes, les paris sont ouverts !

Rappel : Abandon officiel de ROMERIKE ELEKTRO AS: La direction de course a accueilli hier soir vers 22h00 le duo norvégien, Rune Aasberg et Simen Lovgren, dans l’écluse de Ouistreham. Au portant, la sous-barbe (cable reliant le bout dehors à la coque) s’est brisée et, avec la tension de la voile avant au portant, les deux ferrures se sont arrachées rendant le bout dehors inutilisable. Dans l’impossibilité de réparer et avec des trous dans la coque au niveau de chaque ferrure, le duo a préféré abandonner et rentrer à Caen.

Ils ont dit à la vacation de ce midi:

SERENIS CONSULTING – Jean Galfione

ça va très bien à bord de Serenis Consulting, nous sommes au contact avec les autres. Il y a à peu prêt 5 noeuds de vent et nous sommes à 7-8 nœuds grâce au courant. Le Solent était vraiment sympa à traverser, nous avons joué à éviter les courants. La bataille avec les autres Class40 a démarré dès l’entrée. Il va y avoir un changement de voile bientôt, on reste très réactif pour la suite et on surveille de près nos concurrents…

CAMPAGNE DE FRANCE – Miranda Merron

Il n’y a pas beaucoup de vent là actuellement et jusqu’à maintenant, notre navigation se résume à beaucoup de réglages, beaucoup de changements de voile. Nous avons très peu dormi cette nuit. Les autres sont vraiment proches, nous devons rester en alerte en permanence. Aucune idée de ce qu’il va se passer pour la suite, il va y avoir une zone de transition qui va certainement redistribuer les cartes. Nous sommes très tristes pour nos amis norvégiens qui ont du abandonner, nous pensons beaucoup à eux.

ADVANCED ENERGIES – Carac – Louis duc

Ca se passe bien à bord du bateau, nous sommes un petit groupe de 6-8 bateaux à jouer, collés-serrés avec la tête de course, c’est sympa. Cette nuit, nous n’avons pas beaucoup dormi, et avons passé beaucoup de temps à manœuvrer. Nous avons touché un peu plus de vent que prévu pour traverser la manche et ça a commencé à mollir à l’arrivée dans le Solent avec plusieurs options qui se sont dessinées. Quelques bateaux ont réussi à pas mal revenir. Beaucoup d’empannages tout le long du Solent, nous en sommes sortis il y a une heure. Nous avons le courant avec nous pour l’instant mais le vent mollit mollit… 5 nœuds avec de temps en temps des petits souffle à cette 7 noeuds et ca va passer nord-ouest dans la soirée. Je tentais de dormir quand vous m’avez appelé mais finalement on va procéder à un petit empannage donc je remonte sur le pont.

TEAM WORK – David Raison:

Ca se bagarre bien, ça se passe, ça se dépasse, ça se repasse… ! Des petites options dans tous les sens donc c’est sympa… Nous sommes arrivés en toute fin de nuit dans le Solent suivi d’un beau lever de soleil, vent de travers à chercher les risées, c’était superbe! Nous avons enchainé les empannages pendant tout le Solent. Nous n’avons pas beaucoup dormi, comme les autres je suppose. Le vent est monté un petit peu à la sortie du Solent vers 10h mais là, ça mollit et il y a du clapot donc un peu énervant pour tenir le spi. Salade de thon piémontaise au menu de ce midi avec quelques amuse-gueules surprises, histoire de continuer à mettre de l’énergie dans les organismes. La bagarre est loin d’être finit, c’est le moins que l’on puisse dire ! Encore 5-6 jours ! Mais pour l’instant nous touchons plus de pression que prévue donc ça évolue dans le bon sens.

CONCISE 2 – Juliette Pêtrès:

Cette nuit, nous avons alterné entre vent de nord-est et pas de vent du tout, mais nous avons quand même bien avancé, et ça s’est levé en entrant dans le Solent que nous avons traversé sous spi donc très agréable. Nous avons assisté à un beau coucher de soleil avant que cela devienne dur pour les nerfs à force de jouer avec les voiles sur une mer d’huile, mais ça va mieux maintenant. Actuellement, nous avançons plutôt bien, nous attendons un changement de météo et sommes contentes d’avoir négocié les courants du Solent. Philippa a reçu tout pleins de messages sur son téléphone de ses amis d’Angleterre car c’était son anniversaire. Une vraie star ! Nous avons choisi de descendre au sud pour anticiper les futurs changements météo. Le moral est très bon, je sors d’une sieste donc la forme, au tour de Philippa de dormir maintenant.

ERDF – Des pieds et Des mains – Damien Seguin :

C’était très agréable de naviguer dans le Solent au lever du jour, nous avons choisi la route la plus direct pour la suite et c’est sur la fin du Solent que nous avons perdu un peu de terrain avec un vent bien plus faible, mais il y a pleins de coups à jouer donc nous prenons les choses avec philosophie car la course est encore longue. Nous restons tout à fait optimiste et c’est un plaisir de naviguer avec Jeanne !

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