Soleil de plomb, tout petits airs et haute dose de concentration étaient au menu de ce deuxième jour de mer le long des sublimes côtes du sud de la France. A la mi-journée, les 16 solitaires ont passé la marque de la Cassidaigne (devant Cassis). Emmenés par Gildas Mahé (Ports d’Azur-Interface Concept) ils tirent des bords au près en direction de l’Espagne dans un vent de sud-ouest famélique. 3 noeuds de moyenne. A cette vitesse, le prochain objectif paraît bien loin : le petit archipel des Mèdes, distant de 122 milles.
Interminable
Les côtes varoises, puis celles de Provence, les îles des Calanques…les 16 solitaires ont eu le temps aujourd’hui d’admirer le paysage superbe qui se déroulait devant eux comme un lent travelling. Cette deuxième journée de mer dans le tout petit temps a pu paraître interminable à certains. Tout a commencé au lever du jour devant le cap Sicié. Le vent est tombé et la flotte, sous spi, s’est très vite regroupée, occasion d’un nouveau départ au portant entre 13 concurrents. Cet épisode était aussi le début d’une très longue matinée. Les premiers ont mis 5 heures pour parcourir les 15 milles jusqu’à la Cassidaigne, soit 3 nœuds de moyenne. A 12h39, c’est le vainqueur de la première grande étape de ralliement, Gildas Mahé (Ports d’Azur-Interface Concept), qui franchissait le premier la porte devant Cassis, 500 mètres devant ses plus proches adversaires Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Yoann Richomme (DLBC). 1h50 plus tard, Matthieu Girolet (Lafont Presse) était le dernier concurrent à passer la marque. La pétole a fait quelques dégâts en queue de peloton, notamment pour Matthieu, mais aussi David Kenefick (Full Irish) et Jean Paul Mouren (MarseillEntreprise).
La grande diagonale vers l’Espagne… à 3 nœuds de moyenne
Mais tous les espoirs sont encore permis, pour une majorité de la flotte (10 bateaux se tiennent en moins de 2,5 milles). Car le scenario météo proposé sur cette étape est loin d’être aussi cristallin que l’eau des Calanques. Les premières heures de navigation en direction de l’Espagne ne sont pas folichonnes. Au près, tout le monde tire des bords. A terre, certains, comme Frédéric Duthil (Sepalumic), Gildas Morvan (Cercle Vert), Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) et les deux Bretagne – Crédit Mutuel sont allés voir de près les reliefs du mont Marseilleveyre et l’île de Riou. Quand les leaders (Mahé, Richomme, Chabagny et Macaire) tiraient au large. Pour l’instant, la flottille évolue dans un faible flux de sud-ouest. Mais c’est du nord puis du nord-ouest qui est attendu. En milieu d’après midi, une houle de secteur ouest commençait à bercer les monotypes. Signe annonciateur d’un vent nouveau ? Les figaristes attendent avec impatience que les conditions se stabilisent pour » enquiller » des siestes l’esprit tranquille. Si tout va bien, les premiers devraient enrouler le caillou appelé Islote El Medallot (archipel des Mèdes) demain mardi en fin de matinée.
Ils ont dit à la vacation de midi
Thierry Chabagny (Gedimat) :
« C’est un peu l’horreur, c’est la troisième phase de transition foireuse qu’on a depuis qu’on a passé les îles. Ce n’est pas facile, on essaie de faire avancer le bateau mais on n’a pas beaucoup de vent. Là exceptionnellement il y a 4 nœuds mais normalement c’est plutôt 0, 1, 2 ou 3. Depuis ce matin il y a du soleil donc ça cogne pas mal et comme on n’a pas dormi cette nuit, c’est un peu fatigant. Il y a des petites périodes où je me mets en mode compas mais par contre j’ai l’écoute dans la main, ce qui fait que ça limite les tâches sensitives et intellectuelles pour le skipper qui est un peu fatigué. C’est plus simple pour le skipper de faire + 1 ou – 1. Ca évite les grosses sorties de piste tous les 1/4 d’heures qui te font tout perdre. Le fichier que j’ai, qui ne me semble pas trop mal, dit que le vent ne va pas rentrer et qu’il faut s’attendre à une journée au taquet, l’écoute dans la main pour essayer de grappiller les quelques mètres qui nous séparent des autres, sachant que quand le vent revient, on ne sait jamais trop de quel côté il revient. À un moment donné, il faudra dormir mais il faut choisir le moment. Le moment ce sera quand il y aura du vent et qu’il ne bougera pas trop. Mais c’est sûr qu’on ne peut pas aller jusqu’à Sète sur le grand parcours sans dormir. Je ne peux pas passer trois jours sans dormir. Il y a aussi la fatigue de toute la course. Je vais essayer de dormir la nuit prochaine ».
Frédéric Duthil (Sepalumic) :
« On est dans la grosse pétole, on vient juste d’envoyer les spis et depuis ce matin ça n’avance pas du tout. Tout le monde est un peu revenu et on attend impatiemment le vent qui va peut-être arriver. Le vent nous amène vers la côte. Il y a des moments où il y a des risées, tu prends ce qu’il y a. Cela t’amène à des endroits où tu n’as pas forcément envie d’aller. La nuit a été bonne pour moi, j’avais bien réussi à remonter dans le match et là tout le monde est ensemble. Il n’y a pas de souci particulier, on attend le nouveau vent en espérant qu’il n’arrive pas trop tard ce soir ! Je n’ai pas dormi du tout, parce qu’il y avait des bascules de vent de 40° toutes les 5 minutes. J’ai fait juste une petite sieste sous spi entre Porquerolles et le cap Sicié mais pas plus de cinq minutes. Ces conditions sont très compliquées et contraignantes pour le bonhomme ».
Paul Meilhat (Skipper Macif 2012) :
« On a eu du vent toute la nuit et c’est tombé en fin de nuit au niveau de l’île du Levant. On a eu un thermique de nuit qui est rentré. J’ai réussi à revenir pendant le grand bord de près de tout au long de la journée et en début de nuit. Ça nous a permis de recoller au paquet avec Gildas et Yoann. Ce matin c’est un peu compliqué on essaie de se positionner devant les adversaires. On est à 1,5 nœuds. Il n’y a pas beaucoup d’options jusqu’à la Cassidaigne. A cause de mon option à la côte, j’avais deux milles de retard sur le paquet. J’ai fait 2/3 petites siestes. Ca va être compliqué encore aujourd’hui « .
Gildas Mahé (Ports d’Azur – Interface Concept) :
» Je me suis décalé dans le sud, pour avoir du vent. Je me suis décalé très tôt et je suis passé à l’extérieur de Porquerolles. Là, je suis au contact de Yoann, Adrien et Thierry. Je suis dans une risée, là je marche à 3,7 nœuds mais c’est globalement très mou depuis le cap Sicié. Le vent est rentré sud-est, donc je fais route à bâbord vers la Cassidaigne qui est à 4 milles mais les conditions sont très changeantes et ça peut encore tourner. Je n’ai pas dormi une seconde car le vent était très instable toute la nuit et il fallait être très attentif. Yoann, à qui j’ai parlé ce matin, n’a pas dormi non plus et les autres non plus je pense. Le but est d’être sous pilote et de régler les voiles au mieux. J’ai l’écoute de spi en permanence dans la main, il faut le régler en permanence car les conditions sont très molles et il a du mal à prendre ».
Pointage à la Cassidaigne
- Ports d’Azur-Interface Concept à 12h39
- Agir Recouvrement
- DLBC
- Gedimat
- Skipper Hérault
- Sepalumic
- Skipper Macif 2012
- Cercle Vert
- Skipper Macif 2011
- Bretagne Crédit Mutuel Espoir
- Made in Midi
- Bretagne Crédit Mutuel Performance
- Port de Caen Ouistreham
- MarseillEntreprise
- Full Irish
- Lafont Presse à 14h29