L’Or pour l’Espagne

  • @ Pierick Jeannoutot
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La dernière journée des Championnats du Monde de J/80 promettait un dénouement attendu. Incertain, encore, sur la composition du podium et, essentiellement pour les accessits, mais il semblait que les Espagnols, occupant vendredi soir les deux premières places du général provisoire, devaient une nouvelle fois être les grands gagnants de ce Mondial. Même si l’Angevin Luc Nadal était bien parti pour décrocher une troisième place qui, pour une première depuis des lustres, devait priver les Ibériques du Grand Chelem.

Bref, on entendait se profiler un refrain connu…

Et puis, premier coup de théâtre. A l’arrivée sur site ce samedi matin, les concurrents ont découvert la nouvelle : le premier du général, Rayco Tabares Alvares sur « Hotel Princesa Yaiza » était déclassé pour une pièce non conforme à la jauge. De fait, Hugo Rocha se retrouvait leader et Eric Brezellec montait sur le podium encore provisoire à ce moment là. Et Luc Nadal, a égalité de points avec le premier, retrouvait une ultime chance de décrocher le titre.
C’est dans cet esprit que la flotte s’est dirigée sur site, vers 10h30, pour espérer le réveil éolien. Plus de deux heures d’attente sur la ligne de départ dans la pétole envahissante, baignade et concours de chant à la VHF de rigueur. Jusqu’au bout du bout du temps limite (13 heures), malgré une tentative de départ désespérée à l’arrache, finalement annulée…
Retour au port (avant d’entamer le long et fastidieux grutage) et à la case départ. Pour un classement qui, de fait, n’avait pas évolué. C’était sans compter la valse de nouvelles réclamations qui ont retardé l’annonce de l’officiel classement final.
Seule certitude à cet instant, le titre féminin décroché par « Esprit Sud – Ville de Marseille ». Pas vraiment une surprise puisqu’elles étaient le seul équipage féminin qualifié pour le rond « or »…
Le classement du matin, sans d’autres changements après épuisement des nombreuses réclamations, a donc été officialisé sur le coup de 16h30. L’équipage international du bateau espagnol « New Territories », skippé par le Portuguais Hugo Rocha (médaille de bronze en 470 aux JO d’Atlanta en 1996) et composé d’Espagnols et de Russes est donc le nouveau champion du monde de J/80, devant deux bateaux Français, le « Gan’ja » de l’Angevin Luc Nadal et l’« Interface Concept » du Breton Eric Brezellec.
Les Espagnols ne sont plus seuls en J/80, voilà la grande leçon de la semaine.
Mais ils sont toujours devant…

Réactions :

Hugo Rocha, New Territories, vainqueur : « On ne s’était pas fixé d’objectif en venant disputer ce Mondial. L’équipage est aguerri mais nous ne nous étions jamais entraînés ensemble, toujours séparément. Au final, on a eu des bons jours et des très bons jours. Mais je connais bien cette rade pour y avoir navigué plusieurs fois. »

Luc Nadal, Gan’ja, deuxième : « On est ravis, évidemment. On regrette juste de ne pas avoir couru ce dernier jour car on avait le « modjo » (la pêche). C’est la première fois qu’on navigue à Marseille, le plan d’eau est fabuleux et la rade est magnifique. Un grand moment. »

Eric Brezellec, Interface Concept, troisième : « On a un sentiment partagé. On gagne trois manches mais on fait trop d’erreurs pour confirmer ces résultats. La régularité, c’était pourtant notre point fort avant de venir ici mais le plateau était relevé. Alors oui, troisième sur un Championnat du Monde, c’est évidemment une bonne performance. »

CLASSEMENT GENERAL AVANT JURY

  1. NEW TERRITORIES – ROCHA Hugo (SPA) – 43 pts
  2. GAN’JA 
 NADAL Luc (FRA) – 43pts
  3. INTERFACE CONCEPT 
 BREZELLEC Eric (FRA) – 51pts
    4 – DELTASTONE 
 MARTINEZ Carlos (SPA) – 53pts
    4 – ENBATA 80/GOLD SAILING – MARTINEZ Iker (SPA) – 53pts

L’interview du jour

« Beaucoup de positif à retenir »

Manfred Ramspacher, directeur et Sirius Evénements et organisateur du Mondial, et Ludovic Gilet, président de la classe J/80 France, livrent leurs bilans respectifs au terme d’une semaine de régates de haut niveau.
Et se rejoignent pour en tirer les aspects positifs.
Interviews croisés.

Quel bilan tirez-vous de cette semaine de compétition ?

Manfred Ramspacher : « Le bilan est très positif. Réunir près de 120 bateaux est exceptionnel par les temps qui courent et disputer neuf manches dans des conditions de vent piégeuses sont autant de satisfactions.
On n’a pas rencontré de problèmes sportifs majeurs et, en plus, on a pu assister à une belle performance des Français. »

Ludovic Gilet : « La classe française des J/80 fête sa dixième année de croissance constante.
Il y avait 17 bateaux en France en 2003, il y en avaint 209 fin 2012.
De plus, la flotte méditerranéenne était peu fournie jusqu’alors (une dizaine d’unités), alors organiser un Mondial ici pouvait ressembler à un pari. L’objectif initial était de réunir 120 bateaux, ce que nous avons réussi à trois unités près. Alors oui, ce Mondial est un succès. »

A quoi tient ce succès ?
Manfred Ramspacher : « Le vrai succès, à mon sens, c’est le site.
C’est, je crois, la première fois qu’on peut créer une telle convivialité si près des bateaux. Pour la Ville de Marseille, c’est une expérience à renouveler. Ce Stade Nautique du Roucas Blanc est à la fois nouveau et pertinent. Vendredi, en rentrant des régates, je me suis arrêté sur site pour admirer cette rade, c’était magique. Je crois que cette expérience peut donner des idées à d’autres. »

Cela paraît si facile…
Manfred Ramspacher : « Non, c’est le fruit de presque deux ans de travail et il y avait un important enjeu logistique avec l’accueil et le grutage de cette nombreuse flotte. Il y a sans doute des détails qu’on peut améliorer comme l’ouverture à un public plus large. Il y a bien eu la parade (le lundi), l’opération « Régates en vue » (le mercredi), mais il faut réfléchir comment rendre ce type d’événement encore plus populaire. »

C’est aussi le succès d’un bateau, le J/80…
Ludovic Gilet : « La classe J/80 a du succès car il s’agit d’une monotypie très stricte où la course à l’armement est impossible. Le bateau doit tout d’abord son développement à une « armée » de bénévoles. Et puis le J/80 a aussi du succès parce qu’il est multitâche, qu’il est pour tout le monde. »

Source

Sophie Claudon

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 13 juillet 2013

Matossé sous: J Boats, J80, Monotypie

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