Vertus thérapeutiques de l’escale

© Bruno Bouvry / Images de mer

Il devrait exister quelques critères essentiels pour l’organisation d’une escale de course au large. Dans ce domaine Horta pourrait viser le prix d’excellence : une destination mythique loin de tout, des paysages pour en prendre plein les mirettes, une faune marine d’exception, un accueil technique irréprochable et par dessus tout la gentillesse naturelle des Açoriens. De quoi réconforter rapidement, ceux qui ont posé pied à terre avec un moral chancelant.

Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre à quel point les navigateurs ont besoin, sitôt après avoir posé le pied à terre, de refaire les quelques jours de course qu’ils viennent de vivre. C’est comme un sas de décompression obligé, une transition nécessaire. Plus vraiment en mer, mais pas encore tout à fait à terre, les marins traînent des pieds avant de regagner leur quant-à-soi. C’est l’heure où l’on refait le compte des plaisirs et des déconvenues, des « j’aurais pas dû » et des « ça c’était bien ». A Horta, le bar de la marina recueille les confidences des coureurs de retour de mer.

Podium : les deux premiers bien placés

En tête de course, Sébastien Rogues et Armel Tripon ont tout lieu d’être satisfaits. A bord de GDF SUEZ, ils ont tenu la dragée haute au redoutable tandem Jörg Riechers – Sébastien Audigane (Mare) et il va être difficile de les déloger du podium. Une tâche qui reste à la portée de Catherine Pourre et Goulven Royer qui ont montré qu’ils savaient faire épreuve d’audace dans leurs choix stratégiques. Pour les deux équipiers d’Eärwen, la question sera de savoir s’il faut faire le choix de l’audace pour tenter de perturber les deux leaders ou d’un certain conservatisme en préservant le podium des assauts de ses deux poursuivants.

Un bon coup à jouer

A bord de Campagne de France, Halvard Mabire et Miranda Merron, tout comme Mathias Blumencron et Volker Riechers (Red) devraient prendre tous les risques pour essayer de revenir sur le podium. Ils pointent à 3h30 de Eärwen et possèdent entre 5 et 6 heures d’avance sur le peloton. En position intermédiaire, ils peuvent jouer. Halvard Mabire l’avouait ce matin : pour eux, plus la stratégie sera complexe et difficile à appréhender, plus leurs chances de revenir dans le match seront fortes. C’est le principe du quitte ou double.

Course dans la course

Derrière eux, c’est un peloton relativement groupé qui devrait entamer une autre course. Un peu plus de trois heures seulement séparent le 6e BET1128, du 11e Marie-Galante. Pour tous ces coureurs, les espoirs de podium se sont envolés. Il reste donc la motivation de faire une belle étape, de montrer ce que l’on sait faire et d’imposer sa domination au sein même de ce peloton. On y trouve des outsiders désireux de montrer qu’ils peuvent rivaliser avec les meilleurs comme Louis Duc et Stéphanie Alran (Phoenix Europe Carac), des coureurs en apprentissage comme se définissent eux-mêmes Victorien Erussard et Thibault Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) et quelques revanchards comme Jean-Christophe Caso qui embarquera, à bord de Picoty, pour cette deuxième étape Rémi Beauvais, sorcier du réglage de voiles. Partouche (Christophe Coatnoan & François Coquerel) aurait certainement fait partie de ce groupe sans une panne de moteur qui les a privé de pilote et les a obligé à barrer 24 heures sur 24.

Parcours initiatique

Certains sont en apprentissage sur cette estivale entre les Sables d’Olonne et les Açores : à bord de Mr Bricolage, Damien Rousseau était ravi d’avoir pu bénéficier des conseils de Stéphane Le Diraison, quand Dominique Rivard (Marie-Galante) ou Giovanni Pastorino (Deltacalor) avaient encore le regard émerveillé du néophyte. Apprentissage aussi, non du large, mais d’un autre type de bateau pour Emma Creighton et Dan Dytch (Momentum Ocean Racing), passés sans transition du Mini au Class40.
Il reste quatre bateaux en mer : Kogane devrait toucher terre dans la soirée, suivi dans la nuit de La Belle Equipe. Pour les deux derniers, Croix du Sud et Ecoelec, c’est encore la bouteille à l’encre puisque les deux équipages pointent encore à 200 milles des Açores. Certains parlent même d’une arrivée hors temps, après samedi 12h38 (TU+2). Quoiqu’il en soit, les vertus réparatrices de l’escale risquent d’être de peu d’effet pour ces deux retardataires.

Classement de l’étape (TU+2) :

  1. GDF-SUEZ (Sébastien Rogues – Armel Tripon), le 10 juillet à 12h 38mn 28s
  2. Mare (Jörg Riechers – Sébastien Audigane), le 10 juillet à 14h 16mn 15s
  3. Eärwen (Catherine Pourre – Goulven Royer), le 10 juillet à 16h 11mn 12s
  4. Campagne de France (Halvard Mabire – Miranda Merron), le 10 juillet à 19h 38mn 30s
  5. RED (Mathias Blumencron – Axel Strauss), le 10 juillet à 20h 22mn 40s
  6. BET 1128 (Gaetano Mura – Samuel Manuard), le 11 juillet à 01h 41mn 12s
  7. Phoenix Europe Carac (Louis Duc – Stéphanie Alran), le 11 juillet à 01h 50mn 11s
  8. Groupe Picoty (Jean-Christophe Caso – Aymeric Chappellier), le 11 juillet à 01h 54mn 02s
  9. Solidaires en Peloton (Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus), le 11 juillet à 03h 17mn 03s
  10. Mr Bricolage (Damien Rousseau – Stéphane Le Diraison), le 11 juillet à 04h 16mn 10s

Source

Isabelle Delaune

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent