En rangs serrés avant dispersion

© Bruno Bouvry / Images de mer

On leur avait promis la pétole, mais jusqu’ici la flotte continue d’avancer à un bon rythme vers les Açores. En tête de flotte c’est toujours aussi serré entre GDF SUEZ et Mare et la lutte pour la troisième place est tout aussi âpre entre Eärwen et Campagne de France. Derrière ce quatuor, c’est tout un bataillon qui se présente pour se disputer les charmes de ce qu’on considère souvent la dernière des places d’honneur. Les premiers sont attendus demain dans la matinée.

On leur avait promis un anticyclone et des calmes à négocier et les voilà sous un léger crachin en train de continuer à progresser gentiment mais régulièrement vers les Açores. L’anticyclone a fait place à une sorte de gigantesque marais barométrique, mais sous les nuages, le vent continue de souffler. Certes, ce n’est pas les grandes chevauchées emphatiques, mais toute la flotte avance à près de 9-10 nœuds vers la ligne d’arrivée. Il reste encore la nuit prochaine à négocier et ce ne sera sûrement pas le plus facile. Il va falloir négocier les risées dans une obscurité complète du fait de l’absence de lune, éviter les zones de calmes aux abords des reliefs, rester maître de ses nerfs. La faiblesse des écarts entre les concurrents autorise tous les espoirs des uns et génère toutes les angoisses des autres.

Divergences radicales

En tête, il semble bien que les deux leaders aient choisi de se marquer. Pour chacun des deux protagonistes, le plus important est, au delà du plaisir de gagner la manche, dans le cas contraire de ne pas perdre trop de temps en vue de l’étape retour. Les deux leaders se sont neutralisés sur l’aller, plutôt que de tenter un coup de poker qui peut tourner au fiasco, il paraît préférable de limiter les écarts. Il reste que la nuit tous les chats sont gris et il se peut qu’un des deux candidats à la victoire s’échappe à la faveur d’une risée.
Entre Eärwen et Campagne de France, les conclusions de l’explication risquent d’être autrement plus tranchées. Catherine Pourre et Goulven Royer ont infléchi leur route vers le sud et semblent vouloir contourner Pico par le sud, voire tenter le passage autrement plus risqué entre les îles de Pico et Sao George. Halvard Mabire et Miranda Merron ont préféré suivre la voie classique en contournant les îles de Terceira et Sao George par le nord. Plus question de marquage, chacun joue crânement sa chance au risque de tout perdre… ou de tout gagner.

Peloton massif et gruppetto

Derrière la bande des quatre, c’est l’incertitude. Red, Groupe Picoty, Partouche, Phoenix Europe Carac peuvent encore prétendre à cette fameuse 5e place. Mais ils ne sont pas à l’abri non plus d’un retour de Solidaires en Peloton, Mr Bricolage, BET 1128, voire Marie-Galante ou Momentum Ocean Racing.
En revanche, ce sera plus compliqué pour Deltacalor, Kogane, La Belle Equipe, Ecoelec ou Croix du Sud. A bord de la Belle Equipe comme d’Ecoelec, on navigue sous-toilé avec le spi enroulé autour de l’étai, une situation parfaitement inconfortable et particulièrement handicapante pour les derniers bords. En queue de flotte, tous ces équipages ont eu leur lot de déconvenues et n’ont plus qu’un objectif : parvenir à rallier Horta tout en navigant à leur rythme. Mais le petit temps est rarement bon prince. L’équipage de Croix du Sud, avec 320 milles de retard sur la tête de flotte, risque de voir son escale açorienne réduite à peau de chagrin. Pour Michele Zwagerman et Patrick Conway, venus d’Australie pour courir, la visite de Horta pourrait se résumer aux pontons de la marina.

Ils ont dit :

Jean-Christophe Caso (Groupe Picoty)
« On a pris un bon bord de sanglier toute la nuit. A priori, ça n’a pas trop mal payé. Débouler comme ça par nuit noire, c’était chaud. On est passé sous petit spi depuis pas très longtemps, mais on a toujours les safrans qui chantent. On se repose plutôt bien. On a trouvé un rythme plutôt pas mal, du coup, on est plutôt frais. On sait que ce qui arrive devant, ça va être très difficile, il va falloir être très lucide. Il y a de bonnes chances que ça tamponne pour ceux de devant. L’objectif c’est de revenir sur Red. »

Jörg Riechers (Mare)
« On est au coude à coude avec Sébastien Rogues, alias Frodon le Hobbit. Comment je vois l’arrivée : ben nous en premier, Sébastien derrière et en troisième peut-être Eärwen. En même temps, Halvard (Mabire) a l’habitude de bien terminer ses courses. Le vent va être très très léger sur la fin. D’ici quelques heures, ça va être le bordel partout. »

Positions à 16 heures (TU +2)

1 GDF SUEZ, Sébastien Rogues – Armel Tripon à 88 milles de l’arrivée
2 Mare, Jörg Riechers – Sébastien Audigane à 2 milles
3 Eärwen, Catherine Pourre – Goulven Royer à 34,5 milles
4 Campagne de France, Halvard Mabire – Miranda Merron à 43,9 milles
5 RED, Mathias Blumencron – Axel Strauss à 56,1 milles
6 Groupe Picoty, Jean-Christophe Caso – Aymeric Chappellier à 65,9 milles
7 Partouche, Christophe Coatnoan – François Coquerel à 73,7 milles
8 Phoenix Europe Carac, Louis Duc – Stéphanie Alran, à 83,2 milles
9 Solidaires en Peloton Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus à 93,7 milles
10 Mr Bricolage, Damien Rousseau, Stéphane Le Diraison à 100 milles

Source

Isabelle Delaune

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