Châteaux en Espagne

© Christophe Breschi

Les outsiders peuvent rêver. Ils ont réussi à s’introduire par effraction dans le grand bal des favoris et viennent, en ce début de course, perturber une hiérarchie supposée inébranlable au vu des résultats d’avant-saison. D’une part, la première nuit a perturbé la marche de tous avec la négociation de nombreux trous de vent, de l’autre, les tenants de la route du sud vers les côtes d’Espagne semblent tenir la bonne option.

Ça commence à surfer. Pour la première fois depuis le départ, les Class40 atteignent des vitesses à deux chiffres, tout au moins ceux qui mènent la danse. La stratégie de la nuit a consisté à tenter de descendre vers le sud, sans toutefois trop s’écarter de la route directe. A ce petit jeu, Gaetano Mura et Samuel Manuard (BET1128) ont été diablement inspirés puisqu’ils mènent actuellement la flotte et sont crédités de la meilleure vitesse avec GDF SUEZ, leurs poursuivants.

Golfe à dix-huit trous

Dix-huit, c’est le nombre de concurrents qui ont pris le départ de cette quatrième édition. C’est aussi, sans guère de doute, le nombre d’équipages qui ont dû subir des trous de vent pendant la nuit. Beaucoup d’équipages l’avaient prédit : cette première nuit serait difficile, il faudrait veiller et rester attentif aux réglages. Plusieurs candidats à la victoire en ont fait partiellement les frais durant ces premières heures de course. Derrière un quatuor composé de BET1128, GDF SUEZ, Phoenix Europ Carac et Eärwen, ils sont trois en embuscade, Mare, Campagne de France et Partouche à contenir les attaques des leaders. Derrière eux, un peloton de huit bateaux pointe déjà à une quinzaine de milles de la tête de flotte, une paille à l’échelle de l’étape, mais une distance déjà conséquente après un peu plus de vingt heures de course. Dans un premier temps, il ne serait pas surprenant de voir ces écarts s’accroitre encore légèrement, le vent rentrant visiblement par l’avant. En tout état de cause, ce début de course met en évidence le talent et la belle détermination de Louis Duc et Stéphanie Alran (Phoenix Europ Carac) de même que Catherine Pourre et Goulven Royer (Eärwen). Ces deux équipages naviguent sur des bateaux qui ne sont pas de dernière génération et tiennent bravement leur rang au sein du groupe de tête.

Une mise en route presqu’idéale

A en croire les nombreux messages reçus ce matin au PC Course, les conditions météo, si elles n’ont pas facilité la tâche des navigateurs ont, a contrario, permis une entrée en douceur dans la course. Peu de vent, une mer visiblement apaisée, les équipages ont pu s’amariner, certains s’offrant même le luxe d’un repas chaud comme à bord de Mare. Seul regret pour tous les équipages engagés, le soleil annoncé n’avait pas encore daigné poindre le bout du nez.
Les prochaines heures devraient voir la course prendre un autre tempo avec une montée en puissance progressive du vent qui pourrait atteindre les 40 nœuds, au portant, aux abords du cap Ortegal, à la pointe nord-ouest de la Galice. Dans ces conditions, c’est avant tout la qualité de la conduite qui prime : aller vite, tout en veillant à préserver le matériel, sachant que la moindre erreur se traduit fatalement par un « vrac ». Dans le meilleur des cas, ce sont de précieuses minutes perdues qui peuvent aller jusqu’à une heure pour remettre le bateau en configuration de course, dans le pire, ce peut être une avarie qui entravera le potentiel de la machine jusqu’à Horta. Autant dire que les écarts de la première nuit ne constituent qu’un maigre capital que les premiers devront encore faire fructifier s’ils ne veulent pas sentir le souffle chaud de leurs poursuivants dans leur tableau arrière.

Ils ont dit :

Louis Duc et Stéphanie Alran (Phoenix Europ Carac)
« On s’est pas trop mal débrouillé sur le parcours côtier. Et cette nuit, on était vraiment sur les réglages pour essayer de rester dans le bon paquet. C’est vraiment très bien, parce qu’il ne fallait pas rater cette première nuit. On devrait toucher de l’air avant les autres, on est là où on voulait. On a pu dormir chacun deux heures cette nuit. On essaye maintenant de se reposer chacun notre tour. »

Catherine Pourre et Goulven Royer (Eärwen)
« La nuit a été occupée à régler en permanence l’angle de descente sous spi pour s’extirper des zones de calme, la vitesse chutant parfois à moins d’un nœud avec de fréquentes oscillations en force de vent (entre rien et 8-10 nœuds). L’objectif était de rester au contact de la tête de course au gré des accélérations et ralentissements successifs. »

Jean-Christophe Caso (Groupe Picoty)
« La nuit était un peu dure. On est resté collés sur le plateau de Rochebonne, on a vu passer les autres à droite et à gauche et nous on restait scotché. On a un vent de nord-est de 10 nœuds. Mais c’est très instable, il faut vraiment être vigilant sur les réglages. C’est dur de prévoir l’avenir, on essaye d’aviser au coup par coup. On regarde le ciel qui est très chargé, on fait notre route un peu à la petite semaine, parce que c’est vraiment très instable. »

Positions à 16 heures (TU +2)

1 BET 1128, Gaetano Mura – Samuel Manuard à 1162,7 milles
2 Phoenix Europ Carac, Louis Duc – Stéphanie Alran, à 1,7 milles du premier
3 GDF SUEZ, Sébastien Rogues – Armel Tripon à 1,8 milles
4 Eärwen, Catherine Pourre – Goulven Royer à
5 Mare, Jörg Riechers – Sébastien Audigane à
6 Campagne de France, Halvard Mabire – Miranda Merron à
7 RED, Mathias Blumencron – Axel Strauss
8 Groupe Picoty, Jean-Christophe Caso – Aymeric Chappellier
9 Solidaires en Peloton, Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus
10 Mr Bricolage, Damien Rousseau – Stéphane Le Diraison

NB : Partouche, Christophe Coatnoan – François Coquerel est non localisé au pointage de 16h. Il est positionné juste derrière Campagne de France.

Source

Isabelle Delaune

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