J-1. Prélude aux grandes envolées

© Christophe Breschi

Il ne faut pas se fier aux résultats d’un prologue. Dans cette course sans enjeu, disputée la veille du départ vers les Açores, nombre d’équipages n’ont pas voulu tenter le diable et sont restés d’une grande prudence. Le classement est donc à prendre avec quelques pincettes entre volonté des marins de ne pas risquer une avarie et tentation de brouiller les cartes.

On craignait la pluie, et finalement le ciel bleu a daigné faire un clin d’œil aux équipages en partance pour les Açores. Pour ce prologue, les concurrents ont été virés la bouée ouest du plateau des Barges avant de revenir tirer un long bord de portant devant la grande plage des Sables d’Olonne.
A ce petit jeu, tout le monde a préféré jouer la prudence et l’on ne peut guère tirer d’enseignements significatifs de cette régate préliminaire.

Une semaine pour les Açores ?

A un peu plus de vingt-quatre heures du départ, les tandems étaient plutôt focalisés sur les conditions à venir pour jeudi soir et les derniers routages avant la traversée. A priori, l’anticyclone des Açores semble enfin vouloir prendre ses aises et développe une dorsale sur le golfe de Gascogne en direction de la France. Au programme, par voie de conséquence, des régimes de vent de nord-ouest tournant nord-est et mollissant progressivement. Pour la flotte, ce sera donc une route quasiment directe, même s’il faudra négocier finement les empannages, car les Class40 ne sont pas des machines conçues pour naviguer au strict vent arrière, du fait de leur spi asymétrique fixé sur un bout-dehors à poste fixe. Il faut donc faire des bords de grand largue et choisir les bons timings pour être sur un bord ou l’autre. Au final, c’est 10 à 20% de route en plus pour un navigateur qui négocierait à l’envers les bascules du vent. La navigation devrait donc être relativement simple jusqu’aux abords de l’archipel des Açores, où le relief des îles, conjugué à des régimes de vents faibles, peut réserver quelques traquenards dans les derniers milles. Au final, les premiers devraient rallier Horta en un peu moins de sept jours.

La route des cargos

En revanche, les concurrents vont devoir gérer une nouvelle disposition réglementaire puisque le dispositif de séparation du trafic (DST) du cap Finisterre a été classé comme zone interdite par les instructions de course. Le DST est une sorte d’autoroute de la mer que l’on retrouve dans les zones de fort trafic comme l’entrée de la Manche, le Pas de Calais ou la pointe nord-ouest de l’Espagne. Au sein du DST, les cargos se doivent de respecter les sens de circulation, mais sont considérés comme prioritaire sur tout autre navire qui pourrait entrer dans le dispositif en respectant quelques consignes très précises (interdiction de naviguer à contre-sens, traversée la plus perpendiculaire possible, etc.). Cette disposition prise par la direction de course vise surtout à lever toutes les ambiguïtés concernant des concurrents qui auraient pénétré le DST sans être parfaitement en phase avec les contraintes imposées. Pour l’heure, les routages de navigation semblent proposer une route bien au nord du cap Finisterre écartant les concurrents de la tentation. Mais les conditions peuvent évoluer et personne n’est à l’abri d’une option solitaire. Pour l’heure, c’est la dernière nuit à terre, les derniers repas chauds, tous ces petits riens que l’on apprécie tellement quand on revient de mer. Les marins sont impatients de partir au large mais ils le seront tout autant de toucher terre après une traversée… Tout le monde a ses petites contradictions.

Classement du prologue

– 1er GDF SUEZ Sébastien Rogues – Armel Tripon – Fabien Delahaye
– 2e Solidaire en Peloton Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus
– 3e Mare Jörg Riechers – Sébastien Audigane

Ils ont dit :

Fabien Delahaye (GDF SUEZ) :

« C’était de belles conditions pour régater. On était en limite de toile sous solent et grand-voile haute. On avait à cœur de marquer le coup. Et puis, gagner le prologue, ça tombe bien, on n’est pas superstitieux… »

Axel Strauss (Red) :

« On a manqué une bouée, on a oublié de virer la Nouch Sud. Mais sinon, on est vraiment content, parce qu’on n’a pas vraiment senti de déficit de vitesse par rapport aux bateaux de dernière génération. C’est de bon augure pour la suite. »

Liste des engagés 2013 :

  • Dominique Rivard – Olivier Grassi (Marie-Galante – n°89, Lombard 2009)
  • Gaetano Mura – Samuel Manuard (BET 1128 –n°117, Manuard 2012)
  • Halvard Mabire – Miranda Merron (Campagne de France –n°101, Finot 2009)
  • Michele Swagerman – Patrick Conway (Croix du Sud –n°64, Lombard 2007)
  • Lionel Régnier – Giovanni Pastorino (Deltacalor –n°105, Lombard 2011)
  • Catherine Pourre – Goulven Royer (Eärwen –n°88, Verdier 2009)
  • Eric Darni – Erwan Rivallain (Ecoelec –n°10, Finot 2006)
  • Sébastien Rogues – Armel Tripon (aller) – Fabien Delahaye (retour) (GDF SUEZ –n°130, Manuard 2013)
  • Jean-Christophe Caso – Aymeric Chappellier (Groupe Picoty –n°85, Finot 2010)
  • Patrice Bougard – Gilles Dadou (Kogane –n°91, Valer 2009)
  • Bruno Rzelteny – Vincent Duguay (La Belle Equipe – n°55, Verdier 2007)
  • Jörg Riechers – Sébastien Audigane (Mare –n°115, Manuard 2012)
  • Emma Creighton – Dan Dytch (Momentum Ocean Racing –n°93 Lombard 2010)
  • Damien Rousseau – Stéphane Le Diraison (Monsieur Bricolage –n°109 Finot 2011)
  • Christophe Coatnoan – François Coquerel (Partouche –n°113, Finot 2011)
  • Mathias Blumencron – Axel Strauss (aller) – Volker Riechers (retour) (Red –n°59, Rogers 2007)
  • Louis Duc – Stéphanie Alran (Phoenix Europe Carac –n°65, Lombard 2008)
  • Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton –n°107, Farr 2011)

Source

Isabelle Delaune

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