Frais et musclé !

© Marc Ollivier / Ouest France

Ça commence fort le Spi Ouest France-Intermarché ! Les 435 bateaux engagés sont sortis du port de La Trinité-sur-Mer ce matin sous un ciel chargé et glacial agrémenté de giboulées de grêle. Manifestement, les conditions météo n’ont pas rafraîchi les esprits des marins qui ont pris le départ des courses ce vendredi à partir de 11 heures.

Les hommes et les machines à l’épreuve

Près de 3000 concurrents ont quitté les pontons du Spi Ouest-France – Intermarché ce matin, très bien équipés pour affronter un froid polaire, une mer formée et un vent d’est de 20 à 25 nœuds. Rien de printanier donc pour ce premier rendez-vous sur l’eau de toute la flotte du ‘Spi’. Et il n’a pas fallu bien longtemps avant que certains concurrents connaissent des fortunes de mer. Casses de matériel, hommes et femmes à la mer, blessures légères… de quoi éprouver l’organisation impeccable du ‘Spi’ qui, avec ses 150 bénévoles sur l’eau, a été fortement sollicitée. Tout a été rondement mené, naufragés récupérés et réchauffés grâce au renfort de boissons chaudes et de couvertures polaires et bateaux pris en remorque pour être diligemment rapatriés au port. «Un dispositif d’une telle dimension est assez inhabituel sur les autres épreuves, explique Christophe Gaumont, président des comités de course du Spi Ouest-France – Intermarché. Sur le ‘Spi’, nous accueillons 20 comités de course nationaux, 14 juges nationaux et quatre jaugeurs». Christophe Gaumont possède à son actif, entre autres, deux participations aux Jeux Olympiques, plusieurs Route du Rhum et Transats Jacques Vabre, un Vendée Globe et bientôt une vingtaine de Spi Ouest-France – Intermarché. Autant dire qu’il connaît son affaire…
Dans toutes les catégories, une trentaine d’équipages a jeté rapidement l’éponge. Sur les quatre zones de régate, les comités ont néanmoins pu lancer les départs. Compte tenu des conditions vraiment musclées le port de la brassière était obligatoire.

Le niveau en exergue

Ce sont les J80 qui sont rentrés les premiers au port après deux manches. Parmi les 107 inscrits dans cette série, les Omanaises de ‘Les Jyptiens’ ont rebroussé chemin avant le lancement de la première manche, totalement frigorifiées ! Pour Christine Briand qui naviguait à bord du J80 Jybe Set «c’était une ambiance frigorifique. Et si la force du vent intensifie la différence de niveau entre les équipages, le froid y contribue sérieusement aussi. On fonctionne moins bien, on échange moins aussi et quand on connaît l’importance de la communication à bord… ». C’est peut être la raison pour laquelle Simon Moriceau sur Interface Concept 2 a vu la victoire lui échapper de peu sur la première manche de la journée, quand, alors qu’il dominait la course largement, il s’est trompé de ligne d’arrivée ? Et c’est Atlantis avec Laurent Sambron et Jean-Yves Jaffrézic qui l’a finalement emportée.

Les plus à plaindre étaient sans aucun doute les équipages des petits bateaux sportifs comme les Seascape, Longtze, Class 6.5, Open 5,70 ou 7,50 qui ont été rincés par des trompes d’eau glacée ! A ce petit jeu, ce sont sûrement les plus aguerris qui ont su tirer parti de ces luttes à haut risque, bravant le froid, le vent, les vagues et évitant collisions, démâtage, casses d’étais, déchirures de voiles, voire, hommes ou femmes à la mer.
Sur le Rond B, où évoluaient les M34, Les Figaro, les First 31.7, les Grand Surprise… les conditions météo ont aussi fait des victimes. Ainsi, en M 34, Ile de France, Nantes – St Nazaire – E. Leclerc et Groupama ont été contraints de rentrer à terre pour régler des avaries de voiles.
De retour au port, Michel Desjoyeaux qui navigue sur un First30.R en IRC3 observe tout cela avec bonhommie : «C’était bien avec une jolie brise». En revanche, le double vainqueur du Vendée Globe s’étonne du nombre d’avaries et de ‘bobos’. «En fait, le vrai problème c’est que, en France, toute la responsabilité repose sur les organisateurs. Du coup, les gens ne savent plus naviguer dans des conditions un peu musclées, ils n’en ont plus l’occasion parce que les organisateurs ne prennent pas le risque de lancer des courses dès que ça souffle un peu trop. Et je les comprends ! Mais du coup, on assiste à une kyrielle d’abandons et un paquet de marins se blessent par manque de pratique. A la fois, avec un succès comme connaît le ‘Spi’ et ses 435 inscrits, il y a forcément des gens moins aguerris».

Quoi qu’il en soit, à l’arrivée, les marins, aguerris ou non, rêvaient tous d’une douche chaude, très chaude…
Demain, départ des pontons vers 9 heures, début des régates à 10 heures 30. Le vent soufflera moins fort et le thermomètre grimpera enfin…

Source

Véronique Guillou - Le Bivic

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