Patience et longueur de temps

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Quatre jours après le départ de la Panerai Transat Classique 2012 de Cascais, au Portugal, les concurrents voient leurs moyennes baisser de manière conséquente. Ce ralentissement, qui touche toute la flotte, mais dans des proportions plus ou moins fortes, est la conséquence de cette fameuse bulle anticyclonique installée au nord des Canaries, là où se situe le point de passage obligé, près des îles Selvagem. Et la situation ne devrait pas beaucoup évoluer dans les prochains jours, selon François Séruzier, le directeur de course : « Les dépressions qui balaient l’Atlantique un peu plus au nord n’ont pas d’effet sur la bulle qui ne bouge pas. Il y a une sorte de stabilité dans la pétole. Les écarts se creusent cependant car il apparaît que la bonne option était de partir à l’Est. » Un avantage qui profite donc à ceux qui se trouvent aux avant-postes, The Blue Peter, en tête depuis le premier jour, White Dolphin, qui semble vouloir passer sous les Canaries, Red Hackle accroché à leurs basques, puis Persephone et Corto qui se livrent à un mano a mano sans relâchement.

Un clandestin sur Artaius

Malgré cette situation éprouvante pour les nerfs, les marins font preuve, dans les messages qu’ils envoient, de ténacité à bien faire marcher leurs coursiers et de beaucoup d’humour, signe que le moral est bon. Artaius, qui a enfin réussi à faire fonctionner son pilote automatique « à l’ancienne » grâce aux conseils prodigués par… Bernard Moitessier dans son livre La Longue Route, raconte que « c’est un peu comme si nous avions pris en chemin un nouvel équipier, qui ne se plaint jamais, ne fatigue pas et ne tape pas dans la réserve de vieux rhum en douce. » À bord de White Dolphin, les performances restent malgré tout d’un haut niveau et on signale « des records de vitesse sur l’Atlantique nord : 10,96 nœuds par Fred, 11,5 par Jordan et 11,67 by the captain (Yann, ndlr)… Ça marche un bateau classique ! » L’équipage n’oublie pas les écoliers de La Barbade, leur raconte la vie à bord, la composition de l’équipage, et promet d’offrir un cadeau à celui qui aura dessiné le plus beau dauphin.

Passage de la porte

À bord de Gweneven, plus discret dans ses communications depuis le départ, la concentration règne pour bien faire avancer le bateau, alors qu’ils font partie des tenants de l’option Ouest : « Carrément à l’Ouest ! 6 heures plein ouest à essayer de toucher du vent, puis cap plein sud à 6,5 nœuds. On verra bien comment s’extraire de cette bulle infernale, mais le moral est bon et on est content d’avoir agi quand on les voit tous glisser vers le sud. Grrrr, c’est le métier qui rentre, mais on est dessus. » L’autre silencieux de la flotte, le grand Valteam, cherche à se recaler vers l’Est, mais sa dernière vacation indique que tout va bien à bord. Si les premiers commencent à emprunter la porte des îles Selvagem, le reste de la flotte devrait s’y présenter jusqu’à lundi pour les derniers.

MESSAGES DU BORD

Marie des Isles

Après une première nuit éprouvante, le moral est revenu au beau fixe. Une série de vagues qui a envoyé la corne (qui maintient la partie supérieure de la grand voile, ndlr) d’un bord à l’autre est à l’origine de nos misères : le temps d’affaler le flèche, la grand voile est déchirée sur 5,50 m en plein travers. L’équipage se relaie pour coudre une pièce solide. […] Nous apprécions la remontée des températures et avons sorti les lunettes de soleil. Nous pensons bien avoir vu le même oiseau de terre que Croix des Gardes et nous leur confirmons que, malgré une hésitation, il a continué sa route dans la bonne direction.

White Dolphin

Nous n’avons pas réussi à réparer le générateur (qui fourni de l’électricité à bord, ndlr). Fred l’a démonté 2 fois, on ne trouve pas la panne. Je pense que l’on va continuer la course uniquement avec les deux alternateurs du moteur. On a 700 l de gazole, ça devrait le faire.

Corto

Bonjour, les terriens. Alors attention, quand on fait du classique vers le Maghreb quelques conseils : il ne faut pas trop charger les galeries de la bougnoulette, car le centre de gravité passe au-dessus des portières et ça c’est pas bon du tout pour les pneumatiques, ce qui génère quelques sorties de route ou planté de bâtons. Vous comprendrez qu’avec notre éthique sportive, nous diffusons nos conseils à tous les concurrents. Attendons par retour des conseils avisés.

Croix des Gardes

Nous calculons maintenant combien de temps va nous prendre la traversée si on continue à glisser à 2 nœuds et à quel mois va s’épuiser la nourriture, février ou mars. James a assez de diesel pour nous fournir de l’eau (avec le dessalinisateur, ndlr) pendant 150 jours. Nous spéculons aussi pour savoir si nous serons à La Barbade avant l’arrivée du bébé de Kate, duchesse de Cambridge.

Cipango

 Tout va bien sur Cipango. On a pété une drisse de grand voile, Juliette en tête de mat sous spi seul. On a bloqué – et débloqué – le câble d’accélérateur, l’inverseur a l’air d’avoir peu apprécié les blocages d’hélice multiples, et est mal en point. C’est bruyant ! Bon mécano à la Barbade ou Martinique indispensable.

The Blue Peter

Côté course, cela s’annonce un peu tendu, mais nous avons confiance dans The Blue Peter pour les petits airs. Le bateau est en parfait état et tout le monde a bord fait des rêves. Nous perdons la notion du temps ce qui est un luxe sur la terre. Bref, le bonheur est proche.

Source

Rivacom

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