Une lutte féroce

© Jacques Vapillon / Sea & Co

Pas de round d’observation depuis le nouveau départ donné à Barcelone. Les concurrents de la Panerai Transat Classique 2012 sont repartis gonflés à bloc vers le détroit de Gibraltar et ses courants difficiles à négocier. Les jeux sont plus ouverts que jamais

La manivelle entre les dents. À suivre la progression des concurrents de la Panerai transat Classique 2012, le constat tombe avec évidence : tous les équipages courent pour la victoire et ils ne se font aucun cadeau. Depuis 36 heures et le nouveau départ donné à Barcelone, les trois premiers voiliers enchaînent les virements de bord pour progresser contre le vent et leurs trajectoires se sont croisées à plusieurs reprises. Il est même probable que, au cœur de la première nuit, les hommes de quart sur le pont aient pu observer par deux fois les lumières de leurs adversaires : Sea Lion et The Blue Peter, partis à la côte, ont tiré un bord vers le large, avant de revenir vers la terre, tandis que Corto suivait une option inverse, parfaitement symétrique. « Tu me vois, tu me vois plus, mais je ne te lâche pas », telle est l’ambiance sur l’eau. Les moyennes de vitesse sont d’ailleurs bien supérieures aux estimations du comité de course.

La vie à bord, et son rythme exigeant avec un départ digne d’une régate d’un après-midi, garde son lot d’imprévu, comme en témoignage le message reçu de The Blue Peter : « Suite à un gros refus dans des bascules incessantes, notre génois s’est mis à contre et s’est déchiré dans les barres de flèche. Dur, dur. Sous yankee et trinquette, on n’avançait pas, mais Paola nous a recousu le génois ouvert sur 3 m, en moins de deux heures. » Avoir à bord une spécialiste de la couture des pièces de cuir qui garnissent bien des éléments sur un voilier s’avère pour l’occasion un avantage précieux. Malgré ce genre d’incident, le moral reste bon et la navigation hauturière continue d’apporter ses plaisirs et ses espérances : « Dauphins sautants, soleil et pluie en attendant le vent d’ouest. »
Une brise qui ferait bien les affaires de White Dolphin, un peu en retrait du trio de tête, mais bien décidé à revenir au contact, une tâche plus ardue qu’elle ne semblait. Parti avec 5 heures 30 de retard sur ses adversaires, en raison de la mise en place d’une nouvelle hélice, il n’a pas profité des mêmes conditions de vent. Une brise plus faible et moins bien orientée l’a obligé à effectuer davantage de manœuvres : l’écart s’est un peu creusé dans la nuit, avant de se stabiliser dans la journée. Mais avec encore plus de 500 milles de course avant d’atteindre Cascais, à l’embouchure du Tage, tout peut arriver et si le vent rentre par l’arrière de la flotte, le grand ketch pourrait fondre rapidement sur ses concurrents.
Le comité de course se prépare maintenant à accueillir les participants de la Panerai Transat Classique 2012 au Portugal. L’organisation d’une telle épreuve se révèle un exercice délicat et l’escale imposée aux concurrents à Barcelone en constitue un exemple parlant. Il faut cependant saluer le comportement remarquable du Real Club Nautico de Barcelona, qui a mis d’importants moyens humains et techniques à disposition des équipages, en particulier pour venir en aide à White Dolphin. Le Commodore du club, Damian Ribas, ancien président du C.I.M. (qui gère la jauge utilisée par les voiliers classiques en Méditerranée) et organisateur d’une épreuve du Trophée Panerai, a aussi contribué, par sa passion du yachting, à faire de cet arrêt imprévu, une parenthèse conviviale. L’entraide entre gens de mer reste une belle réalité.
La flotte continue sa progression vers la première porte mise en place à l’ouest de Carthagène. Elle se dirigera ensuite vers le détroit de Gibraltar, une zone très délicate à négocier et qui pourrait remettre en cause le classement, avant d’aborder la remontée le long des côtes portugaises pour une arrivée estimée, en fonction des prévisions météorologiques actuelles, vers le 6 novembre.

Source

Rivacom

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