Mabire défend son titre

© XDachez.com

Le skipper du monocoque Class40 « Campagne de France », Halvard Mabire, et ses deux équipiers, la Britannique Miranda Merron et Christian Bouroullec se sont emparés cette nuit du commandement de la 8ème Transat Québec Saint-Malo. Détenteur du titre depuis sa victoire en 2008, Mabire sait qu’il a, cette année, une opposition de tout premier plan et la bataille qu’il livre depuis tout juste une semaine et le départ de Québec ne fait qu’augmenter en intensité. La flotte entrée samedi en Atlantique subit les passages de dépressions très actives qui mettent hommes (et femmes) et matériels à rude épreuve. A la course d’endurance s’ajoute pour cette classe terriblement homogène l’impérieuse nécessité d’une stratégie sans défaut. Stéphane Le Diraison, (IXBlue) leader hier sur une option au nord de la flotte s’en souviendra, relégué en ce dimanche après-midi à la 11ème place, près de 120 milles derrière Mabire et ses poursuivants adeptes d’une route sud au plus près de l’arrivée des forts vents de secteur sud-est de la dépression. Dans le vent et l’omniprésente humidité, la flotte va progresser toute la journée plein est et à bonne allure vers Saint-Malo désormais seulement éloigné de l’étrave de Campagne de France d’environ 1 400 milles.

Les Class40 font le grand écart

La flotte s’étire en ce deuxième dimanche de course en longitude et de petites cassures apparaissent dans le peloton. Rien de sérieux pour les Sébastien Rogues (Eole Generation GDF-SUEZ), discret et efficace second, Jörg Riechers (Mare) qui se doit de jouer son va-tout travers au vent car privé de grand spinnacker dès que le vent tournera à l’ouest, ou Fabrice Amedeo (Geodis) « dans la roue » de l’Allemand, à 20,5 milles du leader. Plus irritants peut-être les 40 milles et plus qui séparent désormais cette nouvelle « bande des 4 » du peloton qu’emmène le remarquable Aurélien Ducroz (Latitude Neige-Longitude Mer), grand animateur de ce début de course mais qui tarde à bénéficier de la rotation du vent du sud-est au sud dont profitent les leaders. Dans son sillage, une dizaine de Class40 s’accroche sur plus de 85 milles, avant qu’une nouvelle cassure n’apparaisse au sein de cette classe avec quatre bateaux, dont l’américain David Rearick (Bodacious Dream) relégué à plus de 190 milles ou Benoit Parnaudeau (Transport Cohérence) qui pointe à près de 300 milles de la tête de course. L’activité de ces dépressions en Atlantique pourrait ainsi favoriser l’arrivée des premiers Class40 dès samedi prochain 4 août au matin.

Le Roux lorgne vers le Fastnet

Loin devant, c’est un Erwan Le Roux tout en maîtrise qui caracole à moins de 900 milles de l’arrivée en longues glissades à plus de 20 nœuds. Il vient d’empanner, changer d’amure au vent arrière, bien calé au nord de l’anticyclone des Açores dans un fort flux d’ouest, pour entamer sa remontée vers la marque de parcours obligée du Fastnet, au sud de l’Irlande. Une petite bulle en villégiature entre Irlande et Saint-Malo empêche à l’heure où nous écrivons ces lignes de préciser son arrivée victorieuse avant mardi prochain en milieu de nuit. Son trimaran FenêtréA Cardinal 3 est le seul voilier de la classe Open à avoir pu, à la faveur d’un ralentissement contrôlé, se glisser dans les flux d’ouest qui bordent les zones de hautes pressions. Erik Nigon sur son multi Vers un Monde sans Sida commence tout juste à apercevoir le bout d’un long tunnel d’errance de 36 heures dans les miasmes de l’anticyclone. Il voit revenir sur lui le trimaran de 60 pieds Défi Saint-Malo Agglo de Gilles Lamiré. Le sprint de ces deux trimarans fort dissemblables sera l’une des curiosités à observer ces prochaines heures. Inscrit lui aussi dans cette classe Open, le monocoque de 50 pieds italien Vento di Sardegna d’Andrea Mura ne suit pas le même parcours que les multicoques. Il fait véritablement course, bien que dans un classement différent, avec les Class40 en route directe vers Saint-Malo. Andrea a aujourd’hui la satisfaction de constater qu’il est pour la première fois depuis le Saint-Laurent parvenu à doubler les véloces monocoques de 40 pieds.

Un leader peut en cacher un autre.

Après une semaine de course, l’heure est au bilan dans la catégorie des Class40. Une catégorie très loin d’être monotone à en juger par le nombre de changements en tête de la course. Depuis le départ de Québec, dimanche dernier, pas moins de 15 changements de leaders sont intervenus. Au classement du nombre de fois en tête, Aurélien Ducroz sur Latitude Neige -Longitude Mer occupe la première place avec 4 passages. Il est suivi par Fabrice Amedeo sur Geodis et Jörg Riechers sur Mare, 3 fois chacun. Stéphane Le Diraison sur IX Blue et Thierry Bouchard sur Comiris-Elior, ont quant à eux occupé deux fois la pôle position, tandis qu’un autre équipage est aussi passé une fois en tête, à savoir Sébastien Rogues sur Eole Generation – GDF SUEZ. Leader actuel au classement général provisoire et détenteur du titre, Halvard Mabire sur Campagne de France est le 7e monocoque à entrer dans ce club pas si fermé des leaders provisoires. 7 Class40 pour 15 changements, autant dire que l’animation sur le Saint-Laurent et sur ce début d’Atlantique est à son apogée, mais les positions actuelles des leaders positionnés sur un axe assez nord sud pourrait une nouvelle fois nous offrir une valse des positions. Le suspens reste entier entre 5 bateaux. Sur la zone Québec Percé du circuit 6 villes 6 bouées, 8 changements en tête de la flotte sont intervenus et depuis Percé, 7 changements.

Les changements de leaders à la loupe

  • Latitude Neige-Longitude Mer (Meilleur départ)
  • IX Blue (premier à La Malbaie)
  • Geodis
  • Comiris-Elior
  • Latitude Neige-Longitude Mer (Premier à Rimouski)
  • Eole Generation – GDF SUEZ (Premier à Matane)
  • Latitude Neige-Longitude Mer
  • Comiris-Elior
  • Mare (Premier à Saint-Anne-des-Monts, à Gaspé et à Percé)
  • Latitude Neige-Longitude Mer
  • Geodis (Premier au passage de Saint-Pierre et Miquelon)
  • Mare
  • Geodis
  • IX Blue
  • Mare
  • Campagne de France

Ils nous disent….

Michel Kleinjans, Roaring Forty 2

« Hier soir, on fonçait sur les bancs « the Flemish Cap » ; le temps était un peu moins extrême mais avec 23/28kn par le travers, ça « gazait bien » et on était bien arrosé et trempé, le temps de se faire un casse-croute dans le feu rouge du carré du bateau avec les ingrédients qui nous ont été donnés par les Québécois, c’ est à dire du pain « long life » mais façon artisanale, très bon mais assez difficile à couper en tranches avec nos couteaux pas adaptées, et du saucisson artisanal des Iles de la Madeleines. La scène me faisait penser à un mix d’un film de guerre genre « Das boot » et une peinture naturaliste. Un bon moment. Dehors, ça soufflait et le bateau sautait sur les vagues qu’il rattrapait, c’était d’une magie telle qu’on n’arrête pas de faire ça. Pour l’heure, rien n’est joué et je pense qu’avec les prévisions actuelles, ça va être une arrivé groupée des 12 premiers bateaux, mais dans quel ordre? »

Benoit Parnaudeau, Transport Cohérence

« Nuit agitée sur Transport COHERENCE ; Une « dep » nous est arrivée dessus, nous avons donc eu 30 nœuds de SE. Nous étions donc au près à planter des pieux pendant que les amis devant cavalaient. Le pire dans cette histoire, c’est que cette « dep » continue de monter et donc devant ils n’auront pas ce vent. Ça se complique de plus en plus pour nous. En attendant nous sommes sous spi, le vent va progressivement adonner, le prochain choix tactique sera donc quand déclencher l’empannage. Celui la déterminera notre route à venir (plus nord ou plus sud). Sinon tout va bien à bord, on attend le couscous de Salva…

Ryan Breymaier, Mare

« Nous avons passé la mi-course. Et nous sommes enfin sur de bons rails. Ce n’est pas si facile quand vous avez à bord trois « cadors » de la Classe Mini spécialistes du Solitaire, car chacun d’eux a ses habitudes et prend seul ses décisions. Nous étions jusqu’alors comme un missile sans tête, rapide mais pas toujours dans la bonne direction. Mais à présent, tous les généraux se sont réunis et ont fixé le cap sur une seule et même destination, Saint-Malo. Beaucoup de près et d’allures de reaching nous attendent, ce qui convient parfaitement à notre bateau blessé et nous espérons couvrir un maximum de route avant les vents faibles de la Manche, qui ne seront pas à notre avantage avec notre bout-dehors amputé et notre spi élimé comme du papier à cigarette… »

Source

Soazig Guého, Mille & une vagues

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent