Le Diraison par la face nord

© Mare

Nouveau changement de leader au 6ème jour de la Transat Québec Saint-Malo, les dernières terres américaines ont depuis longtemps disparu dans les sillages des Class40 et des voiliers Open de l’épreuve, noyés dans les brouillards des Grands Bancs de Terre-Neuve. Derrière les trois multicoques engagés et qu’emmène toujours et à des vitesses exponentielles Erwan Le Roux (FenêtréA Cardinal 3), c’est le 40 pieds IXBlue skippé par Stéphane Le Diraison qui fait parler la poudre au nord de la flotte. Travers au fort vent de secteur sud-sud-ouest appelé à sérieusement mollir en journée, Stéphane et ses trois hommes d’équipage, Bertrand Delesne, Vincent Barnaud et Eric Mezières tirent ce matin les bénéfices d’une option de route choisie avec volontarisme dès le contournement de Terre-Neuve. Seul l’Allemand Joerg Riechers (Mare) l’a accompagné un peu plus timidement sur cette route. Et bien lui en a pris puisqu’il affichait lui aussi cette nuit des vitesses à deux chiffres et peut légitimement convoiter dès ce matin la deuxième d’un classement général bien provisoire détenue par le leader d’hier, Fabrice Amedeo (Geodis). Toute la flotte est à présent bien entrée et avec une certaine satisfaction en Atlantique. Benoit Parnaudeau (Transport Cohérence), après 12 heures d’escale a quitté Saint-Pierre safran réparé en fin d’après-midi, sur les talons de Louis Duc, son compagnon d’escale dont l’Avis Immobilier a retrouvé l’intégrité de son jeu de voiles.

L’océan Atlantique a ainsi accueilli hier les 103 marins de la Transat Québec Saint-Malo avec du vent… et du soleil. Le moral de ces hommes et de ces femmes est au beau fixe, malgré les mille et un tracas qui font la vie du marin. Le Saint-Laurent et son immense baie ont tenu toutes leurs promesses de pièges, de désillusions, d’angoisse parfois… et d’un émerveillement que tous garderont précieusement toute leur vie. Place au long sprint vers la vieille Europe. Les partisans d’une route nord ont bénéficié cette nuit de plus de pression que leurs adversaires, et un petit trou s’est creusé derrière les trois leaders. Chacun vise dorénavant à demeurer le plus longtemps possible dans les flux de sud-sud-ouest idéaux pour progresser plein est. La vie en Atlantique prend une nouvelle routine, avec l’établissement de quarts mieux établis au sein des équipages. L’heure est à la quête de vitesse pure et de gain maximum sur la route, 250 milles par exemple pour le nouveau leader Stéphane Le Diraison lors des 24 heures écoulées, à plus de 10 nœuds de moyenne avec des surfes à plus de 20 nœuds. Erwan Le Roux, qui s’est hier volontairement laissé dépasser par un front actif afin de retrouver des vents et surtout une mer plus sages, allonge la foulée et des journées à plus de 350 milles. Il vise on le sait le record de l’épreuve en Multi50 détenu par Franck-Yves Escoffier et pourrait tenir ce pari en entrant dans Saint-Malo dès mardi 31 juillet prochain.

Plus tu vas vite, plus tu vas vite ! – Message de Erik Nigon (Ver un Monde sans Sida)

« Et donc on va le plus vite possible pour rester le plus longtemps possible dans cette belle dépression pas trop creuse qui nous pousse vers l’Irlande. On a réussi à l’accrocher en sortant de la dernière péninsule canadienne et depuis on est à fond pour qu’elle ne nous distance pas trop vite, cela nous permet de garder un angle assez fermé par rapport au vent et de la pression entre 25 et 33 noeuds. Angle fermé veut dire vitesse et pression aussi et donc plus on va vite plus on va vite ! Vous voulez que je reprenne pour ceux qui ne suivent pas ? ?
Le jeu c’est d’aller là où il y plein de vent, du ciel gris, des grains, de la mer qui bouge mais à la différence du golfe du Saint-Laurent c’est d’avoir le vent qui pousse. Bref on arrive avec le sale temps pour les terriens mais qui est exactement ce qu’on était venu chercher dans l’Atlantique nord… enfin je l’avais pas mis sur la brochure et certains membre de l’équipage s’interroge sur les vacances en bateau avec Erik.
Imaginez le ciel qui se confond avec la mer (non pas bleu… gris !), les vagues qui déferlent légèrement comme de la mousse qui dépasse le bord de la chope de bière lors de la fête à Munich (donc ça fait un paquet de moutons…), le vent qui souffle dans vos oreilles couvertes de 3 bonnets (un en duvet pour le confort, un en goretex pour le respirant et un en néoprène pour l’étanchéité) et malgré les épaisseurs, le froid mordant du brouillard qui vous fige les tympans sur les gémissements de la structure du canote (brrrrrr). Imaginez 2 lémuriens dans leur duvet humide (toujours les mêmes) et deux martiens sous la lance d’incendie et sous eux une jolie pirogue à balanciers qui essaye de libérer les flotteurs de sa coque centrale afin de gouter à la liberté (depuis qu’elles ont vu sur Thalassa qu’il y a des pirogues avec un seul balancier (demandez à Lalou les aventures en prao).
Ah oui j’oubliais une autre bonne nouvelle, il n’y a pas de porte des glaces à respecter donc pas d’iceberg sur le route donc on peut continuer de faire du nord en suivant l’orthodromie (chemin le plus court donc courbe car prenant en compte la forme de notre chère planète) et donc on va continuer à avoir des nuits courtes mais vitalisantes.
Donc on s’éclate (moi en tout cas) et plus on gardera le ciel gris, les vagues et le vent plus ça va être fun.
Voilà les pâtes sont cuites pendant ce temps et je vais aller servir les gars et me remettre dans mon duvet avec mon IPad…
A très bientôt
Erik et les gars de la marine sur son joli voilier militant ».

Source

Soazig Guého, Mille & une vagues

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