C’est parti pour 3 700 kilomètres d’aventures maritimes

© Bruno Bouvry / Images de mer

Le départ de la 8ème édition de la Transat Québec Saint-Malo a été donné ce dimanche à 11 heures 20 locales (17 heures 20 Françaises) très précises pour les 20 monocoques de 40 pieds et à 11 heures 35 (17 heures 35 Françaises) pour les grands Multis et Monos de la Classe Open. Conformément aux prévisions, les concurrents se sont élancés au portant dans un vent d’ouest-sud-ouest, d’une petite dizaine de nœuds soufflant exactement dans l’axe du grand fleuve. Ils ont longé sous spi les plaines d’Abraham à l’ombre du célèbre château Frontenac, sous les regards de milliers de spectateurs massés sur les hauteurs, et accompagnés d’un nombre très important d’embarcations de toutes sortes.

Ducroz ouvre le bal

Aurélien Ducroz, sur son Class40 Latitude Neige – Longitude Mer, avec à la tactique le redoutable Eric Péron, a franchi dans le coup de canon la ligne de départ et a ouvert la voie tribord amure et sous grand spi vers le vieux port de Québec. De très stratégiques et non moins délicats empannages sont à venir avant de parer l’île d’Orléans. Remarquablement lancés dans le sillage de Ducroz, les Amédéo (Geodis), Coatnoan (Partouche), Tabardel (Bleu) et Riechers (Mare) glissent bord à bord dans le sillage du leader sur un fleuve parfaitement aplani.
A noter les options au plus près de la rive Sud du Saint-Laurent choisies par Denis Van Weynbergh (Proximedia), Halvard Mabire (Campagne de France) et Sébastien Rogues (Eole Generation – GDF SUEZ)

Andrea Mura lance la Transat des Open

C’est l’Italien Andrea Mura et son grand monocoque Vento di Sardegna qui a le premier coupé la ligne de départ chez les Open. Les multicoques, prudents, se sont donnés de la marge avant de dérouler les gennakers. Erwan Le Roux (FenêtréA Cardinal) a rapidement enclenché le mode vitesse pour griller la politesse d’Erik Nigon (Vers un monde sans Sida) tandis que Gilles Lamiré (Défi Saint-Malo Agglo) fermait la marche des multicoques.

Un grand duel d’empannages débute sous un chaud soleil, et pour le plus grand bonheur des Québécois venus apprécier au plus près le départ de cette grande course classique transatlantique.

Derniers bruits de pontons…

Louis Duc (Avis Immobilier)

« On est content de partir, après un très bon moment à Québec. Les choses se présentent bien. On jette un dernier coup d’œil aux fichiers météo plus pour se déstresser et rentrer à fond dans notre course. On part dans des conditions assez sympas, avec du portant peut-être un peu mollissant cette nuit. On pourrait dans quelques jours avoir un peu de près soutenu. On connait en transat nos choix de route mais sur Québec Saint-Malo, puisqu’on part dans un fleuve, les choses sont beaucoup plus aléatoires. Cela perturbe nos habitudes de départ. Habituellement, on sait à trois jours ce qui nous attend, et ici, on s’attend à bon nombre de surprises… »

Jean-Edouard Criquioche (Sevenstar Yachttransport)

« La météo est super pour partir et s’amariner ; deux soucis cependant : on va être nombreux sur la ligne de départ, avec un fort courant et un chenal étroit. On part sous spi de 200 m2 et il va falloir faire très attention car notre champ de vision à la barre se trouve limité. Certains équipages peuvent être agressifs. Ce sera un peu comme un départ de F1. L’autre point qui me souci, ce sont les baleines. Il y en beaucoup dans le Saint-Laurent, et la nuit, cela devient un peu la roulette russe. Les points de passage limitent la stratégie. Mais c’est le parcours et nous l’acceptons. Nous avons plaisir à montrer nos bateaux et on se réjouit que tant de villes aient souhaité nous voir passer. »

Stéphane le Diraison (IX Blue)

« De l’envie, de l’impatience, et du soulagement. Depuis que j’ai remonté le Saint-Laurent, j’ai envie d’y retourner en régate cette fois. Il y a des interrogations sur le départ. L’embouchure du fleuve est énorme et cette partie de la course va être déterminante. Il va falloir être dans le coup tout de suite. Ce sera une régate jusqu’à Saint-Pierre et Miquelon. Après, on se mettra plus en mode course au large. Mon bateau est rapide, avec un équipage compétent. On y croit. On espère être devant mais tous les équipages sont au top et ce sera dur de faire la différence. »

Fabrice Amédéo (Geodis)

« On est toujours un peu tendu avant le départ. Il est important de bien réussir son entrée dans la course. On a bien dormi, malgré le concert de Pink Floyd sous nos fenêtres. On est très soudé et content de partir. Le premier tronçon est très compliqué, avec des courants et des effets de sites où le vent se renforce très fortement. Il faudra être vigilant aux rondins, aux mammifères marins et aux concurrents. Car le chenal est étroit. Pas d’options dans le fleuve. Il faudra être devant car le courant va s’inverser pour ceux de l’arrière et ceux qui seront devant vont creuser sur ceux qui seront derrière. Ils seront les premiers à toucher la dépression au sortir du Saint-Laurent. On ne part pas comme sur une transat classique, mais comme sur une étape du tour de France à la voile. Loic Le Garrec en arrive, donc il sera dans le rythme. Il y a deux courses dans la course, d’abords une régate inshore dans le fleuve, puis une transat. Armel Tripon sera hors quart dans le fleuve, avec deux hommes sur le pont, puis nous prendrons le rythme océanique avec deux quarts de deux. J’avais trouvé la Solidaire du Chocolat plus dure que la Route du Rhum, à 110% du bateau en permanence. On sera cette fois à 120% et je pense que vous nous verrez très fatigué à Saint-Malo.
J’ai de plus en plus de mal à « courir pour les beaux paysages ». Au contact d’Armel, j’ai de plus en plus envie de gagner. On est dans la même position qu’avant la Solidaire du Chocolat où personne ne nous attendait sur le podium, et je crois que tout est possible. »

Christophe Lebas (Transport COHERANCE)

« Ça fait deux jours que je suis là, je vais prendre les choses comme elles viennent mais cette course aurait mérité 10 ans d’étude pour comprendre les choses du fleuve. Je le connais sur le papier, mais ça serait bien de ne pas tomber dans ses pièges. Comme je suis cherbourgeois, je suis né dans le courant, je connais bien, ça va peut-être m’aider dans la navigation. »

Aurélien Ducroz (Latitude Neige – Longitude Mer)

« Je suis très heureux d’être là et je rêvais de prendre le départ d’une nouvelle transat depuis que j’ai cassé mon bateau l’année dernière aux Açores. J’y suis et je suis du coup très impatient et super ravi. On a un beau bateau un bon équipage, on va se donner les moyens de faire de belles choses. C’est difficile de se faire une idée de ce qui nous attend sur le fleuve. On appréhende un peu c’est certain. J’ai eu la chance de faire le convoyage aller et du coup de me faire déjà une première impression. Les conditions vont être faciles au départ, ça devrait nous faciliter la tâche. »

Gilles Lamiré (Défi Saint-Malo Agglo)

« Je suis super excité. Cette fois on y est. On a la chance d’avoir une super météo pour le départ. Pour les multicoques, ça va aller très vite, mais il y a toujours cette incertitude sur le Saint-Laurent. On a une porte pour dégager assez vite et après sur l’Atlantique on sera à l’abri des gros coups de vent, normalement. FenêtréA Cardinal est le favori, mais notre bateau est optimisé à bloc. On a un peu plus de toiles du coup on va essayer d’en tirer le maximum. »

Erwan Leroux (FenêtréA Cardinal)

« Ça va être une belle fête. Il devrait y avoir beaucoup de monde sur le fleuve et j’espère que ça sera un moment inoubliable pour nous et pour les spectateurs. A priori on a un peu de vent, du soleil, la fête sera complète. Le but est de sortir du Golfe du Saint-Laurent le plus vite possible avec le front pour ensuite attraper l’anticyclone. Les portes sont une bonne initiative pour apporter le spectacle aux gens. Monter nos bateaux aussi près du rivage c’est vraiment un plus, même si on risque de passer assez vite. »

Source

Soazig Guého, Mille & une vagues

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