Armel Le Cléac’h, nouveau leader de la course

© Bernard Stamm

Depuis le début de l’Europa Warm’Up, Jean-Pierre Dick avait marqué l’épreuve de son empreinte. Auteur d’une remarquable première étape, il avait réussi à se porter en tête du parcours en solitaire depuis Cascais, avant de devoir renoncer.

Alors qu’il naviguait au près dans un vent tout à fait maniable, le vérin de la quille de Virbac-Paprec 3 a brusquement lâché, imprimant à celle-ci un mouvement pendulaire des plus inquiétants. Après avoir tenté de résoudre le problème plusieurs heures durant, Jean-Pierre n’a pas pu trouver de solution satisfaisante et s’est donc résolu à mettre le cap sur Lisbonne. La course perd là un de ses meilleurs animateurs, mais Jean-Pierre a annoncé qu’il ferait tout son possible pour être présent à la remise des prix à La Rochelle, signe, s’il en était encore besoin, de son élégance.
Pour les autres, la course ne s’arrête pas, même si certains, à l’instar d’Armel le Cléac’h ont tenu à saluer le parcours de leur malheureux adversaire. C’est d’ailleurs le skipper de Banque Populaire qui a repris le flambeau, quelques milles devant Vincent Riou (PRB) et François Gabart (MACIF). Ces trois-là naviguent au contact et tentent de faire la différence sur des micros décalages, ou sur de la vitesse pure, essayant d’anticiper le bon choix de voile.

Bernard Stamm se démarque

Là où ses adversaires effectuent, aux allures de près, leur premier changement de voile dès lors que le vent atteint 16-17 nœuds, Bernard doit attendre 22-23 nœuds pour effectuer le sien. En effet, le skipper hélvetico-bigouden dispose d’un plan de voilure différent des autres et d’une carène a priori plus puissante… Mais ces 5 petits nœuds de vent font une différence énorme en matière d’efforts physiques. En résumé, le skipper de Cheminées Poujoulat n’a qu’une alternative : faire marcher son bateau à son plein potentiel, au prix d’efforts qu’il faudra payer un jour ou l’autre ; ou anticiper les réductions de voilure et accepter que sa monture soit provisoirement moins rapide que les autres. Pour compenser, Bernard tente des décalages stratégiques : ainsi, il a été parmi les premiers à virer vers les Açores en fin de matinée. Avec un espoir secret : que le vent tourne suffisamment pour qu’il puisse, malgré sa position sous le vent de ses adversaires, faire la route d’un bord jusqu’à Santa Maria. Si ce scénario se confirmait, ses prédécesseurs auraient fait de la route en plus et Bernard pourrait ainsi rattraper l’essentiel de son retard.

Santa Maria en ligne de mire

L’archipel des Açores n’est maintenant plus qu’à une grosse centaine de milles des leaders. Et avec lui, les pièges des dévents des îles. L’arrivée sur Santa Maria ne devrait pas poser trop de problème, mais il faudra trouver la bonne distance à laquelle la contourner ; sa côte de falaise risquant de provoquer près du rivage des phénomènes de compression et un sérieux ralentissement des vents. Ensuite, il faudra choisir comment parer l’île de Sao Miguel. La route directe vers le phare du Fastnet (au sud de l’Irlande) passe légèrement sous son vent et il y a fort à parier que les effets de son reliefs se fassent sentir jusqu’à plusieurs dizaines de milles au large. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le passage des îles provoque un nouveau regroupement, ce qui ne serait pas pour déplaire à Kito de Pavant (Groupe Bel) et Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered). Ce n’est qu’après s’être dégagés de tous ces pièges, quand les concurrents auront retrouvé des eaux plus océaniques que l’on pourra dire qui a repris le flambeau de Jean-Pierre Dick.

Ils ont dit :

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) :

« Je retourne à Cascais pour résoudre ce problème d’hydraulique de quille. Tout d’un coup, il y a eu un énorme bruit dans le bateau et le vérin est devenu fou. La quille n’était plus du tout contrôlée. Impossible de stabiliser le vérin et j’avais donc la quille qui se baladait de bâbord en tribord. C’est une situation où on ne peut pas naviguer sereinement… Je suis en train d’essayer de bloquer la quille. L’idéal serait que je puisse réparer assez vite et que je puisse amener le bateau à La Rochelle ou Lorient. J’ai encore besoin de m’entraîner.
J’ai pris ma décision, je suis contraint d’abandonner. C’est rageant, tout le travail est réduit en fumé en quelques secondes. Maintenant dans la perspective du Vendée Globe, il va falloir comprendre ce qui s’est passé, résoudre le problème ou sinon changer de système… »

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) :

« Mon passager clandestin n’est pas resté longtemps, on n’est pas devenu copains. Enfin, c’est surtout, lui qui ne voulait pas. Ces oiseaux sont farouches. J’ai viré un peu avant les autres en espérant qu’ils soient allés un peu trop loin et qu’ils se retrouvent hors cadre. Santa Maria est encore loin, on aura encore des coups à jouer. Je suis rentré dans la partie, mais l’équipage me manque toujours un peu ! Quatre paires de bras en plus, ce n’est pas négligeable… Du coup, on essaye de beaucoup plus anticiper. On ne peut pas être en réaction. J’ai dormi un peu, mais pas assez mon goût. Je vais essayer de continuer à recharger mes batteries… »

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WindReport'

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