Compteurs à zéro

© Jacques Vapillon / Sea&Co / Europa Warm’Up

On pouvait croire que Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) avait fait le plus dur en réussissant un joli coup au sortir de la dorsale anticyclonique qui barrait la route vers les Açores. Mais en voile, rien n’est jamais acquis.

Décidément, cette édition de l’Europa Warm’Up joue avec les nerfs des navigateurs. Après une première étape aux multiples rebondissements, on pouvait imaginer que le parcours de Cascais à La Rochelle offrirait des conditions moins aléatoires. Le passage de la dorsale anticyclonique entre le Portugal et les Açores, de même que quelques avaries mineures se sont chargés de redistribuer les cartes.

Paradoxalement, ce sont les deux actuels leaders de l’étape qui se sont vus contraints de baisser le pied pour solutionner leurs problèmes techniques. Du même coup, la course se trouve totalement relancée. Ils sont maintenant cinq en moins de cinq milles et il faudra surveiller attentivement les vitesses des uns et des autres pour évaluer plus précisément la gravité des soucis qui ont affecté François Gabart (MACIF) et Jean-Pierre Dick. Vincent Riou (PRB), Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) comme Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) peuvent croire de nouveau leur heure venue, et même Kito de Pavant (Groupe Bel) peut considérer que sa vingtaine de milles de retard n’a rien d’irrémédiable. Seul Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) risque d’avoir du mal à inverser la tendance.

Mal profond ou souci véniel ?

Refus de donner prise à la concurrence oblige, les marins versent le plus souvent dans un laconisme de bon aloi, dès lors qu’il s’agit d’étaler ses petites misères. L’intox fait partie du jeu et, la plupart du temps, c’est quand le navigateur ne peut plus masquer qu’il est en difficulté, qu’il se décide à communiquer. Les langues se délieront totalement à La Rochelle, lorsque tous seront arrivés à bon port.
En attendant, la flotte continue de progresser vers l’île de Santa Maria qui peut, elle aussi, jouer son rôle dans la hiérarchie de la course. Les concurrents devraient aborder cette première marque de parcours de nuit. Ce n’est pas l’île de Pico, plus haut sommet du Portugal, ni la chaine volcanique de Sao Miguel, mais le sommet de l’île culmine néanmoins à 590 mètres et sa côte ouest est bordée de falaises tombant d’un plateau de près de deux cents mètres de haut. Ce qui signifie que les dévents et les effets de compression du vent ne seront pas négligeables et que, de nuit, il leur faudra éviter les pièges de bulles sans vent. Avec des écarts de moins de deux heures sur la route, le jeu reste donc extrêmement ouvert… Entre supputations des soucis respectifs des uns et des autres, étude des champs de vent aux abords des Açores et préparation d’un bord de portant qui pourrait s’avérer fort tonique, les solitaires de l’Europa Warm’Up vont avoir du pain sur la planche.

Ils ont dit :

Vincent Riou (PRB) :

« Je viens de changer le génois pour le solent. Si il y a une manœuvre qui est bien une usine à gaz, c’est celle-là. Le vent vient de monter jusqu’à 17-18 nœuds et ça mouille pas mal sur le pont. On est proche l’un de l’autre avec Armel (Le Cléac’h) et c’est toujours bien d’avoir quelqu’un avec qui s’étalonner. Ça oblige à rester vigilant. Je n’ai pas vraiment eu de souci d’adaptation au rythme du solitaire. Cela fait quand même quasiment trois semaines qu’on est en mer, donc j’ai facilement trouvé la cadence. »

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) :

« Tout va bien, il fait beau. Je navigue bord à bord avec Vincent Riou… Quelques nuages se profilent à l’horizon et ils devraient annoncer la bascule des vents à l’ouest. A chaque fois que je suis passé aux Açores, c’était de nuit. Il va falloir que je me décide un jour à y aller en croisière. Il paraît que c’est magnifique, mais je n’en ai jamais rien vu. »

Kito de Pavant (Groupe Bel) :

« Ça avance. On a repris une bonne allure, mais je suis quand même déçu de mon passage de la dorsale. J’espérais bien qu’en étant au nord, je bénéficierais d’une sortie plus rapide de la zone de calmes. Et finalement, ça a été l’inverse. Pour l’instant, je m’applique à aller au plus vite vers les Açores. J’espère qu’on verra quelque chose, je ne suis jamais passé aussi près d’une des îles de l’archipel. Il faudra bien qu’un jour, je fasse aussi escale à Horta.»

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WindReport'

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