Fuite vers le nord !

© Amory Ross/PUMA Ocean Racing

Le leader du classement général provisoire après 13 manches, Telefonica, a pris aujourd’hui le commandement de la flotte qui fait route depuis 4 jours vers Lisbonne, au détriment des Français de Groupama sailing team. Moins de 10 milles séparaient les deux concurrents à 15h, le dernier, Team Sanya n’étant plus qu’à 65 milles des Espagnols.

Devant les étraves des 6 Volvo Open 70, la météo s’amuse à redistribuer les cartes sans pitié, faisant de cette transat retour vers l’Europe, non plus un sprint musclé comme la tradition le veut, mais une épuisante partie de poker menteur.

Telefonica et Groupama qui faisaient cap plein Est depuis 48 heures ont dû renoncer à l’idée de rattraper un front froid qui s’est enfuit devant eux plus vite qu’ils ne l’avaient escompté. Bilan, les deux leaders de la flotte, ont fait comme les autres, ils se sont recaller au nord pour contourner l’anticyclone des Açores.

Pour pimenter l’énoncé du problème, un nouveau paramètre s’est invité à la fête, un deuxième système de hautes pressions qui se déplace également dans l’est mais en provenance de Terre-Neuve. De quoi semer la zizanie dans le plus solide des couples. Bref, la scission de la flotte n’est pas loin.

En effet, dans les heures qui viennent, PUMA Ocean Racing powered by BERG, Camper with Emirates Team New Zealand, Abu Dhabi et Team Sanya, pourraient choisir de remonter encore plus au nord, en longeant au plus près la zone d’exclusion des glaces mise en place par les organisateurs de la course, pour redescendre ensuite au portant alors que Telefonica et Groupama pourraient décider de rester sur une ligne un peu plus sud et tenter leur chance sur une route plus directe vers Lisbonne.

Si ce shéma se réalise, les deux routes devraient converger à nouveau dans 5 jours environ. Et aujourd’hui, personne sait qui aura eu raison ou tord.

« Les routages donnent les deux groupes à nouveau réunis lundi et il sera intéressant de savoir qui aura tiré au mieux son épingle de ce jeu complexe », souligne Gonzalo Infante, le consultant météo de la course.

Le navigateur de Telefónica, Andrew Cape, a déclaré qu’étant donné le caractère imprévisible de la météo, l’équipe espagnole s’est concentrée sur l’optimisation de la vitesse de son bateau, ce qui leur a permis de construire leur avance sur la concurrence.

« Nous avons un drôle de système météo ici, a déclaré Cape. « C’est assez décousu, donc nous avons mené le bateau du mieux qu’on a pu. Nous avons dû faire beaucoup de changements de voiles. Je ne pense pas qu’il y ait eu un seul quart sans changement de voiles, mais les gars étaient tellement désireux de prendre la tête de la flotte. Ce matin, ils ont été récompensés.  »

Le chef de quart de Team Sanya, Richard Mason, estime que l’option nord est la route la plus sûre pour négocier les hautes pressions qui barrent l’Atlantique nord. Il déclarait que l’équipage de Sanya se félicitait de l’apparition des ces conditions instables qui pourraient leur offrir une chance de revenir dans le peloton et de grignoter quelques places en revenant par l’arrière.

« Nous ne regardons pas la complication météo actuelle comme un problème, mais au contraire comme une source de multiples opportunités. Les gars devant, qui courrent pour le classement général, sont constamment entrain de se surveiller. Ils ne vont pas s’inquiéter de nous voir partir dans une direction différente et couper le fromage… »

Le skipper d’Abu Dhabi, Ian Walker ne cachait pas sa déception devant l’évolution météo de ces dernières 24h : « C’était un scénario de rêve – une route très directe, au portant qui nous évitait de longer les portes de glace au Nord. Malheureusement, la réalité nous a fait atterir. Changement de cap.»

Sur Groupama 4, 2ème actuellement, l’heure est au constat mitigé.

Charles Caudrelier, interrogé à midi, pendant un vacation avec le PC terre de Groupama à Paris décrivait la situation de façon laconique : « On est dans une phase difficile même si l’étape n’est pas trop dure pour l’instant. On vient de changer d’option, puisque auparavant, nous avions l’espoir de pouvoir aller tout droit vers Lisbonne. Mais la porte s’est refermée et nous avons empanné pour partir vers le Nord. Le vent d’Ouest est assez mou (10-12 noeuds) sur une mer plate…. La route s’annonce plus longue que prévue ! »

Effectivement Lisbonne paraît beaucoup plus loin qu’il y a ne serait-ce 24h.

Les dernières estimations d’arrivée des concurrents dans la capitale portugaise sont reportées au jeudi 31 mai au mieux.

Positions – Jeudi 24 mai à 15h (HF)

  1. Telefonica (Iker Martinez) à 2 334,2 milles de Lisbonne
  2. Groupama 4 (Franck Cammas) à 9,20 milles
  3. Abu Dhabi (Ian Walker) à 18,40 milles
  4. Puma (Ken Read) à 21,40 milles
  5. Camper (Chris Nicholson) à 22,70 milles
  6. Sanya (Mike Sanderson) à 65,90 milles

Classement général après 13 épreuves

Après 6 étapes océaniques et 7 régates « in-port »

  1. Telefonica (Iker Martinez) : 165 pts
  2. Groupama 4 (Franck Cammas) : 158 pts
  3. Camper (Chris Nicholson) : 152 pts
  4. Puma (Ken Read) : 151 pts
  5. Abu Dhabi (Ian Walker) : 74 pts
  6. Sanya (Mike Sanderson) : 27 pts

Equipes victorieuses des 13 manches (sur 19 manches) :

Etapes (6):

  • Telefonica : (E1,E2 et E3)
  • Groupama 4 : (E4)
  • Puma Ocean Racing : (E5 et E6)

In-Port Race (7) :

  • Abu Dhabi Ocean Racing : (IP Alicante) (IP Abu Dhabi) (IP Miami)
  • Telefonica : (IP Cape Twon) et (IP Sanya)
  • Camper with Emirates Team New Zealand : (IP Auckland)
  • Groupama 4 : (IP Itajai)

Source

Anne Massot

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