Tranches de vie sur la tranche

C’était attendu, mais la première nuit de navigation de l’Europa Warm’Up a creusé des écarts conséquents au sein de la flotte. Venus à terre pour se protéger du courant, Groupe Bel et ACCIONA 100% EcoPowered ont brulé leurs cartouches dans une zone sans vent. Avec au final, un débours d’une cinquantaine de milles sur la tête de la flotte.

Forcément déçu : l’équipage de Groupe Bel a payé cher une première nuit complexe. De plus, le retard sera d’autant plus difficile à combler que le vent s’est établi sur tout le bassin. La flotte progresse au près dans une mer hachée. A bord, les équipages s’adaptent à cette nouvelle situation. Après avoir passé les premières heures de course à traquer les risées, à tirer des plans sur la comète, les marins ont dû brutalement faire face à un vent de 25 à 30 nœuds…
Espace vital
Il est singulier de constater à quel point l’espace disponible se réduit comme peau de chagrin, dès lors que le lieu de vie affiche un angle de 30° en moyenne avec l’horizontale. Les seuls endroits viables sont ceux qui permettent de s’accrocher au vent car, recherche de performance oblige, la partie sous le vent de l’habitacle est strictement prohibée. Résultat, les cinq membres d’équipages doivent vivre à l’intérieur d’un shaker désordonné sur un espace disponible divisé globalement par trois.

Ballottés, secoués, trempés
Dehors, c’est encore une autre musique. On profite de l’air du large, mais il faut accepter d’être en permanence sous la lance à eau, à chaque fois que l’étrave heurte une vague, c’est à dire environ toutes les vingt secondes. Heureusement, les marins naviguent sous un soleil retrouvé qui, à défaut de réchauffer les corps, contribue grandement au moral des troupes. Pour l’heure, il s’agit avant tout de tenir, de trouver le meilleur compromis entre vitesse et préservation du bateau dans une mer particulièrement cassante. Ce régime devrait accompagner la flottille jusqu’aux abords de Gibraltar où la Méditerranée pourrait réserver une nouvelle surprise. Les prévisions météorologiques annoncent en effet un retour des vents à l’est et surtout, un nouveau régime de petit temps. Le détroit de Gibraltar est d’ordinaire particulièrement ardu à franchir dans le sens est – ouest car le courant général porte d’Atlantique en Méditerranée. Et pour compliquer encore un peu la situation, ce courant devrait être accentué par les trois jours de régimes de vent d’ouest dominants qui ont soufflé sur la zone. La flotte risque donc de devoir batailler dans des vents faibles et contre un courant qui pourra atteindre les trois à quatre nœuds. Pour peu que la tête de course ne parvienne pas à franchir le détroit dans le bon timing, on pourrait assister là à un nouveau départ. En Méditerranée, tout est possible.

Classement à 15h

Virbac-Paprec 3
PRB
MACIF
Banque Populaire
Cheminées Poujoulat
ACCIONA 100% EcoPowered
Groupe Bel

Ils ont dit :
Gaël Le Cléac’h (PRB) : « Tout va bien à bord, mais on est peu sur la tranche. L’ambiance est assez humide, mais sous le soleil. A la tombée de la nuit, il a fallu choisir notre camp et Vincent a passé pas mal de temps à la table à cartes pour analyser les photos satellite afin de négocier ce petit minimum dépressionnaire. En tous cas, on ne s’est pas ennuyé entre changements de voile et déménagement du matériel à l’intérieur. On attendait le classement du matin, car on ne sait jamais si ce qu’on a fait dans la nuit a servi à quelque chose ou pas. Là, ça s’est révélé payant.»

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) : « Le fait d’être en tête nous ragaillardit, malgré la fatigue, car nous n’avons pas beaucoup dormi cette nuit. On est content, on a bien tricoté cette nuit dans le vent faible. Ces conditions très compliquées, c’est le moyen le plus facile pour creuser des écarts. Maintenant, on va tous être au près dans du vent fort, là où les vitesses des bateaux sont très proches les unes des autres. Donc, oui, on a réussi un joli coup. Avec Bilou à bord, l’atmosphère est vraiment décontractée, sans oublier qu’il y a aussi du talent. C’est sûr qu’à cinq à bord, il faut essayer de prendre sur soi, mais ça se passe bien. Tout le monde fait attention… »

Kito de Pavant (Groupe Bel) : « On n’a pas eu beaucoup de réussite avec les nuages. On est resté collés pendant plusieurs heures sous un gros nuage noir. Evidemment, on n’est pas très satisfait de notre position, mais c’est comme ça. C’est les aléas de la régate en Méditerranée. On a cherché à se protéger d’une bande de courant en piquant à l’intérieur de la baie. Pendant quelques heures, c’était parfait, on glissait bien par dessous, on était quasiment en tête. Et puis on s’est fait piéger. C’est dommage parce qu’on est derrière et qu’on ne voit pas bien, pour l’instant, comment on va pouvoir revenir. On va essayer de suivre ce soir, le match de foot de Montpellier par Internet, mais ça ne sera pas facile car la soirée promet d’être inconfortable. Ce serait bien ce titre pour les gars de Louis Nicollin. Je n’oublie pas qu’il a été un de mes premiers sponsors à l’époque de mes débuts en Figaro. »

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WindReport'

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