Mythique et, surtout, libérateur. Le cap Horn, à l’extrême sud de l’Amérique latine, attend Groupama sailing team demain vers 12h UTC (14h heure française). Sauf bouleversement cette nuit, PUMA Ocean Racing, qui navigue en ce moment 52 milles derrière Groupama 4, devrait enrouler en 2ème position le fameux rocher qui marque la fin de l’océan Pacifique et l’entrée en Atlantique. Les Français et les Américains, les deux leaders d’une flotte abimée par le Grand Sud, ont hâte d’y être. Mais il restera encore environ 1/3 du parcours à avaler, soit 2 300 milles, avant d’arriver à Itajai vers le 4 avril prochain.
« Ce sera une délivrance pour tout l’équipage, » souffle Franck Cammas, skipper de Groupama. « Après le Cap, on en aura fini avec la partie la plus difficile. Très vite, au-dessus l’île des États, la mer s’aplatit et il y a un vrai changement de vie à bord, de confort. Un moment attendu par tout le monde. »
À 13h UTC, les hommes de Cammas sont à 350 milles de ce waypoint célèbre. Le vent s’est déjà calmé – 25 à 30 nœuds de nord-ouest – et la mer est plus sage. Mais entre les conditions changeantes et la proximité du Mar Mostro américain, qui colle leur trace, le skipper avoue que « ça ne va pas être une autoroute. »
Français et Américains se dirigent actuellement vers le nord-ouest du Horn. Puis ils devront empanner le long de la Terre de Feu pour enfin l’enrouler et rentrer en Atlantique. Avec une zone de vent plus calme à passer, des empannages à gérer malgré la fatigue matérielle et physique des mers australes.
« Groupama est placé de façon un peu plus favorable, » commente Ken Read, le skipper de PUMA. « Ils vont légèrement creuser mais on aura nos chances. On va continuer à s’accrocher, mais d’abord, on va retrouver des conditions normales, des conditions où on ne gèle pas à mort en s’accrochant pour notre vie, parce que c’est un peu comme ça en ce moment.
« Il va falloir être intelligent lors des 24 prochaines heures ; il s’agit d’aller enrouler le Cap Horn, de ressentir ce soulagement qui veut dire qu’on se dirige vers la maison, et de rattraper ces gars. »
Mais Groupama ne lâchera pas la tête facilement. Cammas : « Ce qui est déterminant, c’est d’arriver au Horn dans le groupe de tête avec un bateau et un équipage à 100 %. Pour l’instant, on a atteint ces objectifs-là. Mais c’est aussi symbolique de le passer en tête parce que le Horn est un mythe dans cette Volvo Ocean Race. »
En troisième position, Telefónica continue son approche ralentie vers Ushuaia, où les Espagnols feront un pit-stop pour réparer leur étrave endommagée.
« On navigue assez vite, à 20 nœuds de moyenne, » écrit Diego Fructuoso, équipier média. « C’est dommage parce qu’on pourrait être bien plus rapides.
« Pepe (Ribes, boat captain) a fait du super boulot avec les réparations pour s’assurer qu’on n’ait aucun problème jusqu’au port.
« D’un autre côté, la logistique est très complexe et l’effort fourni par Horacia Carabelli (manager de l’équipe technique) est incroyable. On lui a dit depuis le bord ce dont on avait besoin, il a tout mis en place et nous attend à Ushuaia avec une équipe pour réparer le bateau aussi vite que possible. »
Quatrième, CAMPER with Emirates Team New Zealand a célébré aujourd’hui ses 1500 milles avant Puerto Montt, au Chili, où il réparera son étrave et ses longitudinaux.
À 13h UTC, Abu Dhabi Ocean Racing est cinquième à 1447,8 milles des Français. En fait, le bateau qui porte les couleurs de l’émirat arabe a ralenti depuis quelques heures pour évaluer les effets d’un début de délamination de la coque de leur Volvo Open 70, Azzam.
L’équipe menée par le Britannique Ian Walker décidera de ses plans à venir une fois qu’elle aura eu assez de temps à la lumière du jour pour jauger correctement la situation. Plus d’informations dès que possible. L’équipage va bien.
Positions le 29 mars 2012 à 13h UTC (15h HF) :
- Groupama sailing team à 2279,3 milles d’Itajaí
- PUMA Ocean Racing powered by BERG à 52,3 milles du leader
- Team Telefónica à 379,1 milles du leader – se déroute vers Ushuaia (Argentine)
- CAMPER with Emirates Team New Zealand à 1236,8 milles du leader – se déroute vers Puerto Montt (Chili)
- Abu Dhabi Ocean Racing à 1447,8 milles du leader
- Team Sanya – abandon dans l’étape 5
Classement général provisoire après 9 manches : 4 étapes océaniques et 5 In-Port.
- Telefonica (Iker Martinez) : 1+30+6+29+2+27+6+20+1 = 122 points
- Groupama 4 (Franck Cammas) : 2+20+2+18+5+24+2+30+4 = 107 points
- Camper (Chris Nicholson) : 4+25+5+24+4+18+3+15+6 = 104 points
- Puma (Ken Read) : 5+0+4+19+3+17+5+25+5 = 83 points
- Abu Dhabi (Ian Walker) : 6+0+3+10+6+14+4+10+2 = 55 points
- Sanya (Mike Sanderson) : 3+0+1+5+2+5+1+5+3 = 25 points
