Passage à tabac

© Amory Ross/PUMA Ocean Racing

Deuxième journée de course et déjà, de la fatigue, des organismes et des bateaux malmenés. Les concurrents ont eu jusqu’à 45 nœuds de vent au large de la Nouvelle-Zélande la nuit dernière ; aujourd’hui, alors que Telefonica a pris les commandes de la flotte, les Volvo Open 70 bondissent sur les vagues, lancés au reaching dans 25 nœuds bien pesés.

« Vous ne tenez pas debout sur le pont. Pour vous déplacer, vous vous trainez sur vos mains et vos genoux. » Au téléphone, Chris Nicholson parle d’ « un goût désagréable ».

« Chaque tâche, facile d’ordinaire, vous demande toute une procédure. Le barreur doit ralentir un peu pour que quelqu’un puisse se déplacer sous le vent du bateau pour choquer une écoute – ou alors cette personne est balayée. Tout est plus difficile. »

Le skipper de CAMPER résume ainsi l’essentiel des deux premières journées de l’étape 5. Pour les cinq premiers bateaux, à 55 milles d’écart, les conditions sont les mêmes. Jusqu’à 45 nœuds pendant la nuit, aujourd’hui descendu à une trentaine de nœuds.

Telefónica en tête, CAMPER suit à 15 milles, Groupama à 28 milles. PUMA est quatrième, Team Sanya cinquième. Abu Dhabi a repris la course à 07h25 UTC ce matin et pointe à plus de 685 milles*.

« Au-delà de 35 nœuds, » poursuit Nicholson, « on ralentit le bateau pour traverser en un morceau. Mais dès qu’on a la bonne surface de toile, on pousse à 100 %. Pour le moment, on a 25 nœuds de vent et le pied sur l’accélérateur, à fond.

« Cela devrait rester autour de 25 à 30 nœuds ce soir et lentement descendre dans les 20 noeuds. On doit juste rester entier jusqu’à demain. »

Et le co-skipper Stu Bannatyne d’ajouter : « Sans l’ombre d’un doute, c’était la plus dure des premières nuits d’étape de la Volvo Ocean Race que j’ai jamais faite. » C’est sa sixième participation !

LES FRANÇAIS EGALEMENT DANS LA TOURMENTE CETTE NUIT

Les Français ont également soufferts, surtout la nuit dernière si on en croit Yann Riou, le MCM de Groupama 4 qui écrivait dans son rapport matinal quotidien :

« En quittant les quais d’Auckland il y a un peu plus de 24h, nos fans nous avaient demandé de les faire vibrer à nouveau. Mais pour le moment, c’est Groupama 4 qui vibre. La coque, le mât, les voiles l’équipage, tout. Et comme jamais. S’il est dit qu’on doit se prendre une prune pratiquement à chaque départ d’étape, celle-ci est particulièrement copieuse. À nous faire oublier les autres. Quelle violence !

Le résultat pour le moment est sévère. Un émerillon de J4 (Foc) cassé, pour une raison inconnue, et la voile à récupérer au milieu de la nuit. Pour cela, quelques milles parcourus à l’envers afin d’affaler la voile, sauvée mais maintenant en vrac dans le bateau, à l’avant du mât. Un équipage pas loin d’être également en vrac pendant les heures qui ont suivi l’opération. Et depuis, la multiplication de changements de voiles pour palier à ce manque. Et bien sûr, des milles perdus qui s’accumulent.

Les choses se sont depuis un peu apaisées et les Français sont revenus aux affaires et pointent en 3ème position, à 28 milles derrière le leader Telefonica.

LES PORTES DE GLACE DU PARCOURS

Autre spécificité de cette cinquième étape à travers les mers du Sud : le risque de glaces. Pour s’assurer que la flotte ne soit pas en danger, l’organisation utilise des images satellites afin de suivre l’évolution des glaces et d’ajuster la zone d’exclusion en fonction.

La nuit dernière, des images ont révélé de possibles icebergs hors de la zone initialement prévue. L’un des waypoints a donc été décalé au nord. Les concurrents l’ont immédiatement appris par e-mail.

« Malheureusement, ils ont replacé la porte des glaces 120 milles au nord, » a commenté le navigateur de CAMPER, Will Oxley. « Cela change beaucoup les choses. Un anticyclone est autour de cette latitude et toute l’étape est assez différente – plus de vent léger et de près. »

*Abu Dhabi Ocean Racing a repris la course à 07h25 UTC ce matin, à proximité du point où ils avaient suspendu leur course dimanche. L’équipage a pu réparer sa cloison avant à Auckland puis est reparti en mer à 23h UTC hier, mais il a attendu quelques heures à l’abri que le pire de la dépression passe pour officiellement reprendre la course.

Positions le 19 mars 2012 à 17h (HF) :

  1. Team Telefónica à 5940,8 milles d’Itajaí
  2. CAMPER with Emirates Team New Zealand à 15,70 milles du leader
  3. Groupama sailing team à 27,90 milles du leader
  4. PUMA Ocean Racing powerted by BERG à 31,10 milles du leader
  5. Team Sanya à 59,60 milles du leader
  6. Abu Dhabi Ocean Racing à 685,00 milles du leader

Source

Anne Massot

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