Trois grandes courses et des objectifs multiples
Alors que son bateau est entré en chantier d’hiver à La Corogne dans la foulée du convoyage retour de la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre, Aurélien Ducroz est d’ores et déjà fin prêt à attaquer cette nouvelle saison à la barre de son Class40 aux couleurs de Crosscall. A son programme, trois courses mythiques, dont la fameuse The Transat CIC (du 28 avril au 19 mai), la plus ancienne des courses océaniques en solitaire qui, depuis sa création en 1960, a sacré les plus grands marins, de Sir Francis Chichester à François Gabart en passant par Éric Tabarly, Alain Colas, Philippe Poupon, Michel Desjoyeaux, Loïck Peyron ou encore Francis Joyon. Le Chamoniard, dont la dernière épreuve disputée dans cette configuration n’est autre que la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022 achevée un peu trop tôt, est plus que jamais déterminé à réussir à boucler sa première traversée de l’Atlantique en solo avant d’enchaîner avec les prestigieuses Transat Québec – Saint-Malo (du 30 juin au 12 juillet) et Rolex Middle Sea Race (du 19 au 26 octobre) en équipage.
Aurélien Ducroz, a patienté jusqu’à la fin du mois de février pour rapatrier son Class40 Crosscall sur le continent. « En vue de The Transat CIC, c’était intéressant de rentrer tard dans l’hiver. D’une part, parce qu’ainsi j’ai pu m’entraîner dans des conditions exigeantes que je retrouverai sur le parcours entre Lorient et New-York. D’autre part, parce que cette saison 2024 démarre très tôt et que je ne voulais pas « breaker » quatre mois d’affilée », explique le skipper-skieur dont le bateau est ainsi actuellement au sec à La Corogne et doit être rapatrié en Bretagne à partir du 20 mars. « Après avoir réalisé un chantier d’envergure l’an dernier, nous avons prévu très peu de travaux cet hiver. Seulement de l’entretien courant et de la fiabilisation », assure le Chamoniard dont le bateau noir et lime devrait être remis à l’eau en Espagne entre le 15 et le 18 mars. « Afin de continuer ma préparation, je vais effectuer le ralliement jusqu’à Lorient en solitaire. Une fois de retour à mon camp de base, je vais multiplier les entraînements spécifiques (manœuvres, speed-tests…) avec la flotte du Pôle Course Lorient Grand Large. Au final, je vais passer beaucoup de temps sur l’eau et ça me va bien », annonce le marin qui avait repris les stages et les sessions au large assez tard la saison passée après d’importances modifications sur son monocoque, à commencer par celle de l’étrave.
BOUCLER LA BOUCLE EN SOLO
« Ce qui me réjouis spécialement, c’est le fait de repartir en solitaire. J’ai, entre guillemets, une petite revanche à prendre ! », concède Aurélien Ducroz qui, pour mémoire, avait démâté seulement quatre jours après le départ du Rhum, se trouvant alors contraint à l’abandon. « Je suis content de participer à The Transat. C’est une compétition absolument mythique. Un véritable monument de la course au large qui célébrera d’ailleurs, lors de cette 15e édition, les 60 ans de la victoire d’Éric Tabarly à bord de Pen Duick II », souligne le skipper du Class40 Crosscall. « C’est une épreuve hyper dure pour les marins et pour les bateaux car elle se joue contre les courants et les vents dominants, mais c’est aussi un beau voyage. La perspective d’arriver à New-York m’excite pas mal ! L’objectif premier ? Arriver. On a un super bateau, rapide au près et au reaching. En clair, on a toutes les armes pour faire une belle course. Clairement, si on est malin et qu’on ne casse rien, on peut espérer faire quelque-chose de très bien. Il n’empêche que je vais partir avec pas mal d’humilité car je sais que ça va être complexe et pas seulement sur le plan stratégique », promet le double champion du Monde de ski Freeride, conscient du fait que l’exercice va impliquer un engagement total, à la fois physiquement et mentalement. « C’est d’autant plus important de parvenir au bout car cela conditionne le reste de la saison puisque derrière, on repart du Canada pour la Transat Québec – Saint-Malo », poursuit Aurélien, impatient de renouer avec le solitaire.
RAVI DE JOUER LES GLOBE-TROTTEURS
« Le Solo, c’est quand même pour ça que j’ai fait du bateau au départ. Cela me rendrait fier pour l’ensemble du projet Crosscall Sailing Team de venir à bout de cette transatlantique jugée par tous extrême et engagée. Il y a, pour moi, de nombreux enjeux lors de cette The Transat CIC », assure le navigateur dont le reste de la saison sera composé de deux évènements en équipage : la 10e Transat Québec – Saint-Malo puis la 45e Rolex Middle Sea Race « Ce seront des exercices différents mais je m’en réjouis également. La première a été ma première traversée de l’Atlantique, en 2012, au côté de Thomas Le Breton et d’Éric Péron. Elle est très particulière, elle aussi, avec notamment un départ dingo sous le château de Québec, la remontée du Saint-Laurent en compagnie des baleines et un passage très proche de Saint-Pierre et Miquelon, avec généralement beaucoup de brouillard et possiblement des glaces. Pour résumer, elle jouit d’une atmosphère « polaire » assez magique ! », note Aurélien Ducroz qui compte dors et déjà dans son équipage, Jonathan Chodkiewiez, son fidèle préparateur depuis deux ans. Idem sur la Rolex Middle Sea Race qui viendra clôturer en beauté cette saison 2024 avec un joli tracé entre la Sicile et Malte qu’il avait découvert en tant qu’invité – dans le sens inverse -, en 2007, avant même de débuter sa carrière de marin. « Une fois encore, le voyage, bien que court (6060 milles, ndlr) promet d’être incroyable avec, entre autres, des passages sous le Stromboli et dans le détroit de Messine ! », commente le Haut-Savoyard qui profitera de sa présence en Méditerranée en amont de l’évènement pour réaliser une importante tournée de relations publiques. « Le but, une nouvelle fois, sera de partager nos aventures avec le plus grand nombre ! ».