La trêve hivernale s’annonce courte pour le Pôle Finistère Course au Large. Alors que le Retour à la Base – transat qualificative pour le Vendée Globe – s’achève en IMOCA, c’est au tour des ULTIM de rentrer en scène avec le premier tour du monde en multicoques qui s’élance de Brest le 7 janvier. Jeanne Grégoire, directrice du Pôle Finistère Course au Large dresse le bilan d’une saison intense.

Quel est le bilan sportif de cette année 2023 ?

C’est un très bon bilan sportif, un grand bravo à nos coureurs ! En 2023, il y avait cinq échéances majeures et tous les podiums sont signés par des coureurs qui s’entrainent au Pôle Finistère Course au Large, c’est un sans-faute. En Figaro, la saison a débuté par la victoire de Loïs Berrehar et Charlotte Yven (Skipper Macif) lors de la Transat Paprec. C’est ensuite Corentin Horeau (Banque Populaire) qui a remporté La Solitaire et a été sacré Champion de France Elite de Course au Large. Sur la Transat Jacques Vabre, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) s’impose avec Sébastien Josse en ULTIM alors que Thomas Ruyant (For People) gagne en IMOCA avec Morgan Lagravière. Enfin, la dernière course de la saison – le Retour à la Base, est gagnée par Yoann Richomme (Paprec – Arkea). Je ne cite là que les vainqueurs mais les coureurs du Pôle ont occupé toutes les places d’honneur. Cela récompense l’engagement et le professionnalisme de tout un collectif d’experts qui intervient dans la structure. Erwan Tabarly a même fait partie des nominés au titre de coach de l’année de la FFVoile, c’est une belle reconnaissance pour le Pôle et pour la Course au Large. Il passe en moyenne 80 jours par an sur l’eau et autant en formation à terre auprès des coureurs, en IMOCA et en Figaro.

Au sein de la filière Région Bretagne – Crédit Mutuel de Bretagne, le projet Océane prend de l’ampleur ?
Louise Acker, triple championne du monde de Match Racing avec l’équipage de Pauline Courtois, vient de remporter la Sélection Océane et succède à Chloé Le Bars. La nouveauté est que Louise est retenue pour trois ans et c’est une première. Cela lui donne une année de plus pour performer et on sait que c’est nécessaire pour atteindre le haut niveau. A partir de maintenant, le projet « Océane » et le projet « Espoir » bénéficient de moyens identiques. C’est un pas de plus vers la parité.

Quel regard portez-vous sur l’Arkea Ultim Challenge – Brest ?
Cette course est une première ! On ne sait pas ce qu’elle va donner, si elle va s’inscrire dans le temps mais cela ne s’est jamais fait et c’est génial. C’est un moment de l’histoire de la voile puisque c’est la première course autour du monde en multicoque et en solitaire. C’est une compétition mais cela reste une aventure. Avec six bateaux, on sait qu’il peut y avoir des écarts importants. Cela veut dire que l’assistance entre les concurrents peut être compliquée. Nous allons suivre ça de très près puisque la plupart des skippers font partie du Pôle. Trois d’entre eux ont d’ailleurs débuté leur carrière en remportant le « Challenge Espoir », ce qui démontre la pertinence de cette sélection. Nous serons bien sûr à Brest pour le départ.

Quelles sont les nouveautés pour le Pôle en 2024 ?
Chaque année, nous faisons évoluer le programme de formation. Nous allons notamment aborder les violences dans le sport avec les figaristes. C’est indispensable pour être capable d’identifier ce que sont des violences sexuelles et sexistes mais aussi pour poser le débat sur la table, ouvrir la discussion. En tant que Pôle France, on se doit d’être à l’initiative et de porter cette priorité de politique publique. Sur un plan technologique, nous allons également proposer une formation à la stratification. Rares sont les figaristes qui « mettent les mains dans la colle » et nous pensons que cela peut manquer dans leur carrière. Nous allons donc travailler avec l’Institut Nautique de Bretagne (INB). C’est un thème important car être capable de réparer en mer peut sauver une course.

2024 est l’année du Vendée Globe. Comment allez-vous aborder cette échéance ?
Le Vendée Globe, c’est un peu nos Jeux Olympiques à nous. L’année est très dense pour les IMOCA puisqu’ils ont deux Transat au printemps. La récupération est cruciale car les bateaux sont très éprouvants. Nous proposons des stages bien sûr mais il faut veiller à ne pas se cramer physiquement avant le départ. Notre rôle est d’accompagner les marins. Jean-Yves Bernot viendra faire des formations météo et délivrer ses recettes légendaires. Nous suivrons les marins jusqu’à quelques minutes du départ pour leur donner les dernières infos météo mais aussi pour les encourager et leur dire au revoir. Les tours du monde en solitaire ont quand même des saveurs particulières.

Qui sont les nouveaux adhérents du Pôle ?
La dernière arrivée est bien sûr Louise Acker qui a remporté la sélection Océane de la filière Région Bretagne – CMB. Trois autres jeunes skippers nous rejoignent. Tom Goron, est le benjamin de l’équipe, à 19 ans seulement. Il a participé aux championnats du monde de 29er. Nous accueillons également Jules Ducelier, vainqueur de la sélection Région Normandie et Jacques Delcroix, cinquième de la dernière édition de la Mini Transat et ingénieur du Bureau d’Études du team Actual.

Quels sont les critères pour adhérer au Pôle ?
Nous recevons beaucoup de demandes d’adhésion en fin d’année mais nous avons un nombre de places limitées. La commission sportive qui est composée du Directeur Technique National, des membres du bureau de l’association, des représentants de coureurs et bien sûr des entraineurs, s’appuient sur des critères objectifs : le statut de Sportif de Haut Niveau, avoir réalisé des performances remarquables, avoir la capacité à financer son projet et il y a également un critère d’âge pour ouvrir la porte aux jeunes prometteurs. Il y a donc un arbitrage délicat à faire. Nous veillons également à ce que l’état d’esprit soit respecté. Nous attendons des adhérents qu’ils soient dans le partage, qu’ils viennent pour apprendre mais aussi pour que leur expérience profite aux autres.

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