Thomas et Morgan, duo trop fort de café !

© Pierre Bouras

Pudiques sur le ponton, dédiant d’abord leur victoire à l’équipe TR racing venue en nombre à Fort-de-France et manifestement émus par ce doublé, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière sont ensuite longuement revenus en conférence de presse sur leur complicité, leur façon de naviguer sur For People et l’engagement que suppose une Route du Café gagnante. Morceaux choisis.

UN DUO EN OR :
Thomas : « Si on arrive en tête à Fort-de-France c’est grâce à l’équipe, c’est canon. C’était pas simple de la gagner une fois et de la regagner encore une fois avec toi (Morgan Lagravière), c’était encore un super moment. Je ne pouvais pas avoir mieux pour m’accompagner et découvrir mon bateau et me préparer pour les courses à venir. Ce sont des bateaux complexes, il y a plein de leviers, plein de choses à faire marcher et je pense que Morgan est la personne idéale pour ça en plus d’être mon pote. »

Morgan : « C’est l’illustration des beaux moments de vie de ces derniers jours. On ne se rend pas compte comme ça mais ça a été un travail acharné, heure après heure, minute après minute. La particularité de notre équipage c’est que ça se fait vraiment dans la bienveillance et dans une espèce d’émulation commune qui fait que je pense qu’on a quelque chose en plus que les autres. Ça s’est encore vu sur cette transat donc on n’est pas juste bon dans notre rôle, il y a de l’humain. C’est pour ça qu’on vient chercher ces courses-là, bien avant le résultat sportif, c’est pour ces émotions (…) C’est toujours aussi plaisant de passer du temps en mer avec Thomas. Quand je voyais les perspectives de la course, en fait je ne voyais pas très bien ce qui pouvait nous arriver, j’aurais pas aimé être à la place des autres. »

L’INTENSITÉ :
Thomas : « C’était une course intense, on gagne pas des courses sur le circuit IMOCA sans tout donner. On n’avait qu’une envie c’est que ça s’arrête parce qu’on avait mal partout et on a eu des soucis de sifflements des fois dans le bateau et c’était vraiment pénible. Mais l’engagement c’est ce qu’on vient chercher aussi et la victoire en est d’autant plus belle même si de l’extérieur ça a pu donner l’impression qu’on avait dominé la course, en pratique c’était pas le cas, mais ça fait partie du plaisir et on est là pour ça. »

Morgan : « Sur le bruit, c’était extrêmement inconfortable. Thomas dit que ça siffle et ça va siffler dans nos oreilles encore quelques jours. On était avec les boules Quiès en permanence et il fallait se crier dessus pour se parler. J’ai la voix cassée !

Je ne sais pas si on peut mettre beaucoup plus d’intensité qu’on en a mis. Il y a eu un tournant à la fin. On s’est retrouvé à vue avec Paprec Arkea. On allait un peu plus vite qu’eux et on s’est dit que c’était là qu’il fallait taper du poing et on a beaucoup barré. Ils ont sans doute un peu craqué parce qu’ils ont fait une erreur de trajectoire à ce moment-là. L’intensité, on l’a mise vraiment à ce moment-là pour passer des crans de performance et marquer les autres. »

Thomas : « On a pas mal barré, Momo plus que moi. Je ne suis pas sur que beaucoup d’IMOCA aient barré autant que nous sur cette transat…

Morgan : « Le bateau le permet aussi. Plein d’autres IMOCA ne le permettent pas car l’ergonomie du poste de barre n’est pas adaptée ou que le système de barre est trop dur. Là, au delà d’être un bateau vivant, For People permet de barrer et transmet ses sensations. C’est la connexion avec l’avatar. Lorsque tu barres, tu retires beaucoup de choses. J’avais déjà remarqué ça il ya deux ans. On a progressé jour après jour, sur le fonctionnement de notre binôme et la connaissance du bateau. A partir des Canaries, on est rentré dans une autre course parce qu’on avait progressé. C’est un objectif qu’on s’était fixé : on était bien plus fort à la fin de la course qu’au début.

LE DÉBAT NORD / SUD
Thomas : « On a été très inquiet. Depuis le début on regarde tous cette option Nord. Je pense que personne n’avait envie d’y aller, on avait tous envie d’aller faire du portant sous le soleil, leur route était techniquement dure à réaliser. On ne s’attendait pas nous non plus à aller aussi vite et c’est vrai que ces options sud elles ont peut-être tendance à être sous-estimées en force de vent. On avait bon espoir et avec notre machine, on n’avait pas envie de faire autre chose que du portant. Donc on s’est mis d’accord avec Momo, on a dit, allez, c’est parti, on y va (…) On s’est concentré sur notre route Sud. A un moment Momo m’a dit, allez regarde les routages. Au début j’avais pas trop envie et ensuite je m’y suis plus intéressé. Ils ont bien jouée leur chance et ils arrivent bien placé. C’est une route qui m’a fait peur au début car elle était gagnante et je la voyais bien finir devant. Pendant longtemps, ils avaient quasi une journée d’avance sur les routages que je faisais. Mais après, on gagnait du temps sur nos routages et eux en perdaient. Dans les alizés, on sous-estime souvent la force du vent et on a gagné un jour sur les routages théoriques. Si on était arrivé 24 heures plus tard, Justine et Julien auraient gagné. On a eu un peu plus de vent que prévu et on est aussi allé un peu plus vite. Au final ça reste une bonne option ils arrivent bien, peut-être même mieux que si ils avaient pris la route sud finalement. Ils ont jouer le truc à fond et chapeau à eux. »

DE FOR THE PLANET À FOR PEOPLE :
Thomas : « Le moment que je vais garder en tête c’est lorsqu’on se retrouve dans les îles de l’atlantique (Canaries). Momo à la barre, moi à la trajectoire et là on se regarde et on est en train de faire marcher un des monocoques les plus rapides du monde. Et là, c’était un pur kif !

Notre transat a un peu démarré là. Dans le rythme, dans les trajectoires, je me suis un peu débloqué. Momo a commencé à plus barrer. »

Morgan : « C’est un élément parmi d’autres. Mais For People est un bateau exceptionnel qui procure un plaisir que j’ai peu connu, même sur les ULTIM. Trouver les bons réglages, les bons paramètres, je m’épanouie beaucoup là-dessus. Y a un gros travail qui a été fait par les architectes et l’équipe.

Thomas : « Je suis content que mon ancien bateau qui m’a donné beaucoup de plaisir soit dans les mains d’un marin comme Sam. On a beaucoup travaillé à quatre avec Antoine (Koch), Sam, Momo et moi en avant-saison, en entraînement. On n’a pas fait une sortie sans que l’autre bateau soit aussi avec nous sur l’eau. La différence se fait aussi là, sur le fonctionnement de l’équipe. La particularité de ce groupe c’est l’échange. Et cette confrontation si elle est saine et bien dite dès le début, ça fait un truc super et on est sur le podium sur toutes les courses. »

Source

Transat Jacques Vabre

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