Maxime Sorel au sud, Pierre Le Roy au nord

© Jean-Marie Liot

Alors que débute la deuxième semaine de la Transat Jacques Vabre-Normandie Le Havre pour la flotte IMOCA, Maxime Sorel ne cache pas qu’en ce moment, dans les alizés au nord du Cap Vert, il aimerait bien accélérer.

« Nous avons clairement un petit déficit de vitesse, notamment là, dans ces alizés avec un peu de mer, » confie-t-il à la Classe, alors que son V and B-Monbana-Mayenne file au portant en huitième position, à un peu moins de 2 000 milles de Fort-de-France.

« Nous voyons bien que les derniers nés vont beaucoup plus vite. Ils nous ont bien distancé. Sauf retournement de situation, un podium semble impossible pour nous car la voile est un sport mécanique. Dans la position où nous sommes, le top 5 serait bien, » ajoute-t-il.

Les commentaires du skipper montrent bien le travail d’optimisation technique incessant qui est nécessaire au cœur d’une compétition des plus intenses. Son foiler, conçu par Guillaume Verdier, a été mis à l’eau en juin 2022 et est incontestablement très rapide, mais il peine dans ces conditions à égaler les vitesses au portant de bateaux comme Charal, Paprec Arkéa et For People, l’actuel leader du groupe de bateaux du sud, qui glisse 120 milles devant Maxime et Christopher (Pratt).

Le skipper du bateau à l’impressionnant Dragon recouvrant sa coque et ses voiles, révèle aussi que les instruments de mesure du vent placés en tête de mât ont été arrachés. Aussi, le duo s’appuie essentiellement sur un capteur de vent secondaire, installé à l’arrière du bateau et donc moins précis. Une situation qui n’a rien d’idéal dans les conditions instables qui règnent sur zone.

« Les alizés sont fidèles à eux-mêmes, » poursuit-il. « Ils ne sont pas très réguliers en angle et en force donc il faut osciller et enchaîner les empannages. C’est rare que l’on puisse laisser le bateau livré à lui-même, on est toujours aux commandes. Il faut soit régler soit s’occuper du pilote automatique, donc c’est assez intense. »

Il semble également que, malgré le soleil, la vie à bord ne soit pas si confortable. « Il fait chaud, hyper humide, ça mouille beaucoup, alors on ferme le bateau. On essaye de se relayer toutes les deux heures pour dormir, se faire à manger, se changer et c’est une douche tous les trois jours ! » détaille celui qui s’est classé quatrième de la Rolex Fastnet Race en juillet dernier.

Nous avons également pris des nouvelles de Pierre Le Roy qui navigue aux côtés de Benjamin Ferré. Le duo Monnoyeur-Duo For A Job, navigue actuellement à 550 milles au nord de V and B-Monbana-Mayenne. Les deux complices progressent bien et occupent aujourd’hui la 13ème place du classement général et sont actuellement troisièmes dans la flotte des bateaux à dérives, derrière Fives Group-Lantana Environnement (Louis Duc et Rémi Aubrun) et Freelance.com (Guirec Soudée et Roland Jourdain).

Benjamin et Pierre font partie des bateaux ‘nordistes’, menés par Teamwork.net, skippé par Justine Mettraux et Julien Villion. Pierre Le Roy reste toujours confiant quant à l’opportunité qu’offre cette option par rapport aux bateaux du sud.

« La trajectoire Nord-Ouest se déroule comme prévu, » affirme celui qui a travaillé 10 ans chez Météo France, avant de remporter la Mini Transat 2021 en proto. « Nous avons réussi à faire quasiment le tour de l’anticyclone par la face nord, en étant au près. Nous allons avoir maintenant une autre dépression, un peu plus importante, à passer donc nous nous sommes positionnés un peu dans son sud pour ne pas la prendre au plus fort. Je ne sais pas encore si nous allons arriver avant ceux du sud, mais au moment de prendre la décision, nous avions de bons arguments qui tiennent toujours aujourd’hui. »

Le régatier pense également qu’il est possible qu’ils gardent du vent jusqu’en Martinique. « Nous ne devrions pas avoir de zone de vents faibles à traverser car les choses semblent bien s’enchaîner entre la dépression du 16 novembre (jeudi) et le contournement d’un anticyclone situé dans l’ouest de l’Atlantique qui va nous permettre de redescendre rapidement vers les Antilles. En principe, nous devrions pouvoir garder du vent jusqu’à la fin », ajoute-t-il.

Par ailleurs, l’association avec Benjamin Ferré semble se dérouler à merveille. « La vie à bord avec Benjamin se passe très naturellement comme depuis le début de l’année avec lui, » explique-t-il. « Nous nous appuyons sur nos qualités respectives. Je passe plus de temps à la table à cartes sur la météo et c’est Benjamin qui donne le tempo sur les manœuvres. Pour la partie réglages, nous échangeons beaucoup. Sinon, nous avons eu un peu de bricolage, mais rien de bien méchant, le bateau est en super forme. »

Dans l’ensemble, cette Transat Jacques Vabre en IMOCA reste pleine de suspense. Teamwork.net, au nord, continue de perdre du terrain au profit des bateaux les plus rapides au sud, menés par For People (Thomas Ruyant et Morgan Lagravière), Paprec Arkéa (Yoann Richomme et Yann Eliès), Charal (Jérémie Beyou et Franck Cammas) et Initiatives-Cœur 4 (Sam Davies et Jack Bouttell).

« Il va falloir rester à fond jusqu’au bout, avec beaucoup d’empannages et une arrivée assez inhabituelle par rapport à une route classique d’alizés, » résume enfin Maxime Sorel. « Il faudra maintenir la vitesse, garder le bon positionnement par rapport aux concurrents et voir aussi ce qu’il se passe avec ceux du nord. On a l’impression que ça passe pour eux, plus que pour nous, mais voilà, les flottes vont se regrouper avec pourquoi pas un nouveau départ ? Qui sait ! »

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