SVR Lazartigue en éclaireur

© Vincent Olivaud

Alors que le chapelet des Class40 finit de s’égrener à Lorient, les ULTIM continuent leur progression rapide vers le sud, à la latitude de Lisbonne. Un avenant de la Direction de course a d’ailleurs ajouté l’île de Porto Santo dans l’archipel de Madère à laisser à tribord pour canaliser la flotte en dehors de l’influence du mauvais temps qui gagne du terrain avec le passage d’un second front prévu cette fin de matinée sur les trimarans retardataires.

En tête, SVR Lazartigue contrôle bien la flotte avec plus de 60 milles d’avance sur ses poursuivants. Après son bon décalage ouest qui lui a permis de creuser un premier trou, le prochain coup stratégique dans lequel se projettent les pilotes est l’approche de la dorsale à Gibraltar. Un zone pleine d’incertitudes qui devrait compresser la flotte, brouiller les pistes et donner lieu à une belle bataille d’options…
Lorsque Martinique Tchalian (Jean-Yves Aglae et Hervé Jean-Marie) qui ferme la marche des Class40 passera la ligne d’arrivée à Lorient à la mi-journée, les cinq ULTIM qui progressent au large du Portugal seront les seuls bateaux en mer de cette 16ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Dans l’attente d’un nouveau départ pour les trois classes en sécurité dans les ports de Lorient et du Havre, les yeux seront donc rivés sur le match que se livrent les ULTIM.

Et du match il va y en avoir ! D’abord parce que les bateaux semblent à 100% de leur potentiel. Pas d’appendice endommagé, pas de souci structurel, les grands trimarans de 32 mètres tiennent leur rang avec une progression conforme aux routages d’avant départ.

LES CONDITIONS S’AMÉLIORENT
Les skippers des quatre bateaux joints à la vacation ce matin se félicitent de « pouvoir bientôt sortir de la cabane dans les prochaines heures pour faire un check complet du bateau » comme le disait Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI). Ce sera aussi l’occasion d’effectuer quelques bricoles et la maintenance de l’accastillage très éprouvé depuis le départ. «Hier, on a cassé l’amure du J2 et la réparation de fortune dans la mer du golfe était assez sportive et humide ! » confiait François Gabart (SVR Lazartigue). « Ça tient, mais le passage dans la dorsale va permettre de refaire ça un peu mieux ! ».

Le co-équipier de Tom Laperche avait la voix claire ce matin et se félicitait de sa position de leader, conséquence de son option ouest qui lui a permis d’accélérer plus tôt que ses concurrents qui ont fini par se recaler dans son sillage avec deux virements de bord à la clef cette nuit « La descente du golfe a été rapide et très musclée. La mer formée nous gênait parfois pour accélérer mais c’est très sympa de se retrouver dans notre position ce matin ».

Les 60 milles d’avance de SVR Lazartigue sont certes une paille au regard des performances des ULTIM et des 6500 milles qu’il reste à courir, mais reste le résultat du premier bon coup de cette Route du café. Bref, on ne s’attendait pas forcément à un tel écart à ce stade de la course !

En position d’éclaireur, le tandem Gabart-Laperche est déjà concentré sur le deuxième chapitre météo de cette Route du café, le passage de la dorsale anticyclonique. Cette extension des hautes pressions qui forme une bande horizontale sans beaucoup de vent est la porte d’entrée dans les alizés au large du Maroc, autant dire un possible passage à niveau. « C’est une nouvelle course qui va commencer aujourd’hui confirmait Armel Le Cléac’h ce matin. On est très concentrés sur la zone de vents faibles que l’on va traverser cette nuit et demain. Ça va occasionner une compression de la flotte et il faudra sortir dans le bon paquet. Une zone « aléatoire , dans laquelle il n’ y a aucune évidence » selon Charles Caudrelier sur Maxi Edmond de Rothschild qui continue d’apercevoir par les hublots de sa casquette Banque Populaire XI, avec qui il fait route de conserve depuis le départ. « Les modèles sont souvent plus optimistes que la situation réelle confirmait quant à lui François Gabart. A quelques milles, ça peut changer et il faudra un peu de réussite …»

ZONE DE COMPRESSION
Inutile d’essayer d’en savoir plus sur le point d’entrée des leaders dans ce nouveau système et Christian Dumard, météorologue de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre confirmait que le jeu est ouvert : « Hier les routages faisaient passer clairement dans l’ouest de la dorsale. Ce matin, des routes plus est vers Gibraltar semblent s’ouvrir ». Les méninges vont donc s’échauffer toute la journée dans les cellules de routage et la lecture de l’approche de chaque concurrent va s’avérer passionnante tout au long de la journée.

En retrait des trois leaders, Sodebo Ultim 3 (à 140 milles) et surtout Actual Ultim 3 (à 200 milles) doivent encore passer le bas du front froid de la deuxième dépression qui va les toucher à la mi-journée avant d’obtenir leur sésame pour des conditions plus paisibles. « On a encore un peu de vigilance à avoir pendant quelques heures mais c’est bientôt la délivrance se félicitait » Anthony Marchand ce matin. Le skipper d’Actual Ultim 3 ne faisait d’ailleurs pas de mystère sur un début de course difficile, avec estomac brouillé et un passage du Raz Blanchard « très chaud, dans des conditions dans lesquelles tu n’as pas envie de trainer »

De Lorient à Gibraltar, c’est bien une journée de transition qui s’annonce sur la Transat Jacques Vabre. Corps et machines vont pouvoir souffler, mais la pause ne sera que de courte durée avec beaucoup de manoeuvres à venir et un ordre d’entrée dans les alizés dans 36 heures environ peut-être décisif pour la suite…

Source

Transat Jacques Vabre

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : IMOCA

Les vidéos associées : Multi50 - Ocean Fifty

Les vidéos associées : Transat Jacques Vabre