20 ans d’innovation des IMOCA en chiffres

© AIM45

Toutes celles et ceux qui ont suivi la croissance de la Classe IMOCA savent que les bateaux vont aujourd’hui plus vite que jamais et que l’avènement des foils a entraîné un bond impressionnant des performances.

Si les skippers sont bien conscients de la capacité des bateaux à convertir efficacement le moindre nœud de vent en vitesse, peu de travaux ont été publiés à ce sujet pour aider ceux qui suivent l’IMOCA à comprendre exactement ce qu’il s’est passé.

Le navigateur français et expert en performance Olivier Douillard, dont la société AIM45 est spécialisée dans l’analyse et la gestion des données, notamment des équipes IMOCA, a réalisé une étude qui montre clairement les changements époustouflants survenus au cours des 20 dernières années.

En utilisant les données de performance des meilleurs IMOCA de chaque édition du Vendée Globe depuis 2002, Olivier Douillard a pu comparer la progression des 60 pieds d’hier à aujourd’hui. Sur cette période, les bateaux sont notamment passés à la quille basculante, puis aux foils en 2016, qui, comme la forme des coques, n’ont cessé d’évoluer depuis.

Son analyse révèle que les performances globales ont augmenté de 48% en moyenne sur 20 ans, ce qui constitue un bond remarquable. Les recherches montrent aussi que jusqu’en 2008, les IMOCA avaient besoin de 30 nœuds de vent réel pour atteindre une vitesse de 20 nœuds. Ce chiffre tombe à 18 nœuds en 2016 avec l’introduction des foils.

Depuis, la vitesse du vent requise n’a cessé de diminuer au fur et à mesure que les foils sont devenus plus efficaces et plus optimisés, le chiffre actuel du vent réel pour atteindre une vitesse de 20 nœuds se situe à un niveau improbable de 14 nœuds ! Il s’agit d’une transformation profonde de ce qu’un voilier de huit tonnes est capable de faire.

L’étude de Olivier Douillard montre également qu’au près (face au vent), les meilleurs IMOCA naviguent aujourd’hui 49 % plus vite qu’en 2002, passant de 9 à 14 nœuds de vitesse au VMG – c’est à dire lorsqu’ils atteignent le meilleur compromis entre le cap et la vitesse. Au portant (vent arrière), l’augmentation est aussi de 49 %, passant de 15 à 24 nœuds de vitesse au VMG. Enfin, dans les vents légers (autour de 8 nœuds de vent), l’augmentation des performances est de l’ordre de 27 %, quelque soit l’allure.

Les chiffres les plus spectaculaires sont obtenus au reaching haut (autour de 80° du vent), quand le vent vient du côté du bateau. À cette allure, les derniers foilers atteignent des vitesses 73% plus élevées qu’il y a 20 ans, passant de 13 à 22 nœuds. Ensuite, au reaching bas (autour de 120° du vent), l’augmentation est de 44 % avec des vitesses pouvant dépasser les 27 nœuds, ce qui est clairement l’allure la plus rapide.

« Je ne suis pas complètement surpris, mais c’est vrai que c’est bluffant », confie Olivier Douillard. « Vous regardez 20 ans en arrière et vous voyez que la marche franchie est énorme. »

Globalement, le performeur estime que le taux d’augmentation des vitesses a probablement atteint un palier, à moins que des changements radicaux ne soient apportés aux règles de la Classe IMOCA, comme par exemple en autorisant les plans porteurs sur les safrans (rendant le bateau entièrement volant), ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

« Cette forte augmentation des performances depuis 2002 est due à une modification majeure des bateaux : l’introduction des foils », explique-t-il. « Pour franchir une autre étape comme celle-ci, il faudrait donc une nouvelle configuration qui permettrait d’augmenter considérablement les performances. Néanmoins, même sans grand changement, les vitesses continueront d’augmenter progressivement parce que les marins apprennent et ajustent de nombreux réglages, de plus en plus précis, mais il ne s’agira pas d’une révolution. »

Pour l’expert, l’une des clés de la progression continue est la capacité des skippers à naviguer de manière rapide et surtout stable. « La courbe d’apprentissage de la stabilité permettra aux performances d’augmenter, mais de façon moins spectaculaire. Cela se fera lentement et dépendra du skipper et de la façon dont il règle son bateau efficacement pendant de longues périodes. C’est cela qui fera la plus grande différence”, conclut-il.

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