Un week-end à l’heure Ultim
Pour la deuxième fois consécutive, Lorient est le théâtre d’un rendez-vous unique, organisé par Ultim Sailing, pour réunir la flotte des maxi-multicoques au grand complet. Cette année, l’affiche vaut le coup d’œil, puisque les cinq trimarans de 32 mètres de long et 23 mètres de large, attendus au départ, dans un mois, de la prochaine Transat Jacques Vabre, répondent présents.
La recette, mêlant runs d’exhibition en équipage et parcours offshore (en double), fonctionne et n’a plus à faire la preuve de sa pertinence pour lever le voile, au fil des saisons, sur les évolutions technologiques à l’œuvre à bord des plus grands voiliers de course au large. L’occasion est belle de donner la mesure du potentiel de performance de ces machines d’exception, témoins des dernières recherches et innovations pour repousser plus loin les limites du vol océanique.
Répétition en mode compétition
« L’idée, c’est de montrer nos bateaux sur l’eau et de les aligner ensuite sur une course technique, conçue comme un warm-up pour faire un état des lieux avant la course de l’automne », explique Armel Le Cléac’h, le skipper de Banque Populaire XI, qui compte parmi les initiateurs de cet événement 100% Ultim.
« On est ravis de cette confrontation avec les autres. C’est pour nous une belle répétition dans un objectif de performance, avec un enjeu, ou en tout cas une envie, de résultat sur la prochaine transat en double », abonde Tom Laperche. « Au-delà du bateau, le parcours offshore va aussi nous permettre de tester notre organisation avec la cellule de routage. Ce qui est essentiel, tout comme la nécessité de roder l’équipe technique dans le suivi en course. On a un bon niveau dans ces domaines-là, on sait faire, mais c’est toujours bien de remettre les choses en place dans le cadre d’une compétition », complète le co-skipper de François Gabart, à bord de la fusée bleue futuriste SVR-Lazartigue.
Cette année, cette répétition générale de rentrée revêt d’autant plus d’intérêt que c’est la première fois que les teams se retrouvent tous ensemble sur la même ligne de départ après les longs chantiers menés depuis la Route du Rhum pour fiabiliser et modifier leurs bateaux. Les échéances océaniques s’enchaînent pour cette flotte attendue, dans la foulée de la transat d’automne, sur le départ, début janvier 2024, d’un tour du monde en solitaire au cœur de l’hiver. Dans ce double objectif, toutes les équipes ont œuvré de longs mois, à l’ombre de leur hangar, pour optimiser leur prototype.
Des évolutions à voir
Une nouvelle paire de foils pour Actual Ultim 3, un mât rallongé de deux mètres pour Sodebo Ultim 3, des nouvelles garde-robes pour tous, ces 24H Ultim promettent de donner une belle vue d’ensemble d’une flotte en évolution permanente.
« Ce sera une grande première pour le bateau. On a travaillé sur la fiabilité, mais on a aussi apporté une évolution majeure en termes d’aérodynamisme et de protection, avec la casquette qu’on a allongée et fermée pour qu’elle englobe tout le cockpit. C’est un travail important en termes de structure. Nos dernières navigations ont porté leurs fruits. Aujourd’hui, on est là où on voulait être avec le bateau avant d’aborder les prochaines courses » détaille Armel Le Cléac’h, impatient d’aligner son multicoque qui arrive à maturité pour rivaliser, entre autres, avec le Maxi Edmond de Rothschild. Vainqueur en titre des dernières 24H Ultim et de la Route du Rhum, le trimaran du Gitana team, fort des développements constants dont il bénéficie, fait toujours figure de bateau à battre face aux derniers-nés de la classe.
Un programme au gré des vents faibles
Dans cette feuille de match au niveau de compétition garantie, seul un acteur de premier plan risque de briller par son absence. Le vent menace en effet de ne pas répondre à l’invitation. La faute à une situation incertaine sur laquelle les différents modèles peinent à s’accorder avec un anticyclone des Açores, positionné au nord et perturbé par la circulation aléatoire de minimum dépressionnaires. Dans ce contexte, un flux de nord-ouest de 10-15 nœuds, bien établi dans la matinée de vendredi, devrait néanmoins permettre de donner lieu aux quatre séries de runs au programme, dans le nord-ouest de Groix. En dépit des conditions plutôt faibles annoncées, on peut compter sur ces Ultim, qui ont juste besoin d’un filet d’air, pour offrir de bonnes sensations de glisse aux invités et journalistes embarqués.
Le lendemain, la flotte se retrouvera pour la course offshore en forme de carré, aux détours des trois marques Banque Populaire Grand Ouest, Région Bretagne et Morbihan, qui jalonnent le parcours. Avec le double objectif d’éviter les zones de concentration de cétacés dans le golfe de Gascogne et de composer au mieux avec les vents faibles attendus, Gildas Morvan, directeur de course, a imaginé deux tracés. Le premier, long de 500 milles environ, envoie la flotte jusqu’en mer Celtique, au niveau des Scilly, avant une descente vers la bouée météorologique ODAS dans l’ouest de l’Occidentale de Sein, puis un point virtuel dans le travers de Groix. Le second, plus court d’une centaine de milles, met le cap en mer d’Iroise, dans le sud d’Ouessant. Mais qu’importe le parcours retenu, puisque l’essentiel reste de se mesurer les uns aux autres sur le même pied d’égalité météorologique.
« Globalement, qu’il y ait 5 ou 25 nœuds, cela ne change pas grand-chose dans notre préparation. C’est toujours intéressant de naviguer dans des vents faibles, nous obligeant, bord à bord, à des réglages fins. Quoi qu’il en soit, la compétition sera là », assure Tom Laperche, que l’on veut bien croire.
UN FORMAT ADAPTÉ AU CALENDRIER DE LA CLASSE
Volonté des organisateurs, les 24H Ultim sont modulables en fonction du calendrier des concurrents. Ainsi, à l’image de l’édition 2022 qui s’était courue en faux-solo sous forme de préparation à la Route du Rhum, les teams seront composés cette année des binômes alignés pour la Transat Jacques Vabre. Une opportunité unique pour réviser ses automatismes en mode course.
En 2024, les 24H Ultim se dérouleront en équipage en vue des campagnes de records prévues dans la foulée.