Course en solitaire, sans assistance et sans moyens de communication modernes, La Boulangère Mini Transat est définitivement une épreuve atypique dans l’univers de la course au large. Depuis sa création en 1977 par Bob Salmon dans le but de renouer avec l’esprit aventureux des premières transatlantiques, elle a permis à près d’un millier de marins de traverser l’Atlantique. Cette année, ils seront 90 à faire le grand saut, parmi lesquels Caroline Boule, indiscutablement l’une des grandes favorites de cette 54e édition dans la catégorie des prototypes. A la barre de Nicomatic, un bateau volant hyper-technologique et novateur, la navigatrice compte en effet de très nombreux atouts dans son jeu pour performer sur les 4 050 milles du parcours entre Les Sables d’Olonne et Saint-François, via Santa Cruz de La Palma. Elle pourrait même, de ce fait, devenir la toute première femme à inscrire son nom au palmarès de l’épreuve.

Le compte à rebours est lancé pour les concurrents de La Mini Transat La Boulangère. C’est en effet ce dimanche 24 septembre à 14 heures que sera donné le coup d’envoi de l’épreuve au large de port Olona. « Je suis vraiment impatiente d’y aller ! », annonce Caroline Boule.

De fait, après deux années de préparation lors desquelles elle a notamment lancé la construction d’un prototype d’exception, en l’occurrence un plan Sam Manuard, largement optimisé au niveau aéronautique et doté d’un cockpit différencié qu’elle et son équipe ont réussi le tour de force de terminer en l’espace de quatre mois et demi seulement, la navigatrice s’apprête désormais à s’aligner au départ de sa première transatlantique en solitaire. « J’ai voulu un projet ambitieux et je me suis donné les moyens pour qu’il le soit. Mon objectif, c’est clairement la victoire à l’arrivée en Guadeloupe, mais je n’oublie pas qu’il s’agit justement de ma première participation à l’épreuve, contrairement à la plupart de mes principaux adversaires dans la catégorie des Proto », détaille la skipper de Nicomatic qui va notamment devoir faire face à des concurrents récidivistes tels que Federico Waksman, Julien Letissier ou encore Marie Gendron. « Mon point fort, c’est clairement mon bateau », détaille Caroline qui possède l’un des Mini 6.50 les plus récents de la flotte, mais aussi et surtout incontestablement le plus novateur.

« Il est plus rapide que les autres quasiment à toutes les allures et dans toutes les conditions. Son seul point faible, c’est le petit temps », avance la navigatrice qui s’est effectivement montrée extrêmement à l’aise sur les allures allant de 70 à 150° du vent, au-dessus de 8 nœuds, lors des épreuves d’avant-saison. « Ce qui me fait un peu peur, c’est de ne pas réussir à gérer mon énergie. Nicomatic est un voilier à bord duquel il est parfois difficile de dormir ou même, plus généralement, de se reposer. Le but est de trouver le meilleur compromis pour être rapide le plus souvent possible et ne pas m’écrouler de fatigue dans un moment qui pourrait s’avérer crucial ».

Une passion pour les bateaux volants et l’innovation

Si sa machine est exigeante physiquement, elle impose également beaucoup de finesse sur le plan de la conduite. « En ce sens, il est évident que mon expérience en Moth International est un atout. Je conduis mon Mini comme je conduis un dériveur, en jouant les contre-gîtes et les surfs », souligne la skipper, rompue à l’art de la régate au contact mais encore peu expérimentée au large. « La météo et la stratégie sont des choses que je continue encore de découvrir », assure-t-elle après avoir toutefois d’ores et déjà montré qu’elle apprenait vite et bien, terminant notamment 2e de la Plastimo Lorient et 2e de la Puru Transgascogne cette saison. « La concurrence est particulièrement relevée cette année. Jamais n’on a vu autant de marins capables de prétendre à la victoire sur une même édition. C’est très stimulant », poursuit Caroline dont la principale appréhension demeure naturellement la casse matérielle. Une casse qui pourrait la stopper net dans son élan et anéantir tout le travail réalisé depuis deux ans par elle et son équipe composée, entre autres, de Benoît Marie, le vainqueur de la Mini Transat 2013 en Proto. « Nous avons réalisé un gros chantier cet été lors duquel nous avons renforcé tout ce qui avait cassé jusque-là en y mettant trois ou dix fois la charge », avance la skipper qui a laissé le minimum de place possible au hasard, et qui se réjouit par ailleurs de la tendance météo annoncée. « Les premiers jours de mer ne devraient pas être très ventés. Ça me va bien. Cela va me permettre de rentrer dans le match en douceur. Je sais que sur les 1 350 milles de la première étape entre la Vendée et les Canaries, je ne vais pas manquer d’occasions de voler ». De voler et d’affirmer, d’emblée, ses ambitions !

Caroline Boule en bref…

Née à Varsovie, Caroline Boule passe les 18 premières années de sa vie en Pologne où elle s’initie au 49er puis au Laser Radial avant de s’expatrier en Grande-Bretagne afin de continuer ses études. Sur place elle pratique le Team Racing durant quatre années au plus haut-niveau, ce qui lui permet d’acquérir des bases solides dans l’art de la régate. La régate qu’elle poursuit sur le circuit Moth International une fois son arrivée en France, en 2021, et sur lequel elle fait la rencontre de Benoît Marie. Vainqueur de la Mini Transat 2013 en Proto, ce dernier lui fait découvrir la classe des Mini 6.50. Dès lors, l’histoire est en marche pour la jeune navigatrice qui, une fois sa thèse en physique à l’Ecole Polytechnique de paris en poche, parvient à convaincre l’entreprise Nicomatic, qu’il l’accompagnait jusqu’alors en Moth à foil, de faire le grand saut avec elle et de lancer la construction d’un bateau volant. Un prototype ultra performant et totalement novateur à bord duquel elle ne cache pas ses ambitions de victoire dans cette 54e édition de La Boulangère Mini Transat.

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