Défi sportif, fête populaire et émotion !

© Jean-Louis Carli

Connaissez-vous le paradoxe lorientais ? En moins de 20 ans, La Base s’est imposée comme le repère incontournable des passionnés de voile de compétition, attirant la crème des skippers du monde entier. Pourtant, aucune course de renom n’arrivait encore dans la plus célèbre des rades morbihannaises… Une anomalie enfin réparée avec le lancement de la première édition du Retour à La Base, transatlantique en solitaire qui partira le 26 novembre de Martinique pour Lorient. Et c’est peu dire que les marins de la classe IMOCA honorent l’initiative : ils seront 40 sur la ligne de départ, un record !

Ils étaient tous là, ou presque, les cirés les plus rapides de la planète ! Il faut dire que c’est quasiment en voisins que la plupart des skippers sont venus assister, mardi 19 septembre, à la conférence de presse de lancement du Retour à La Base, qui s’est tenue dans la Maison de l’Agglomération, splendide promontoire vitré qui rappelle à lui seul tous les atouts de cette ville née pour accueillir les marins…

« Quelle chance d’avoir une course qui finit à la maison, ça va forcément être beaucoup d’émotions », a résumé la navigatrice Clarisse Crémer, qui signera avec le Retour à La Base sa toute première course en solitaire depuis le Vendée Globe 2020, sous ses nouvelles couleurs de L’Occitane en Provence. Comme la jeune femme, ils étaient nombreux parmi les skippers à se réjouir par avance de cette arrivée « à domicile », même parmi les 15 internationaux venus de Suisse, Belgique, Allemagne, Japon, Chine, Nouvelle-Zélande, Angleterre, Italie et Hongrie, qui, pour beaucoup, ont posé leurs valises en Bretagne voilà déjà bien longtemps.

Un défi sportif « hors-norme »

Se projeter dans les festivités d’arrivée n’empêche pas de prendre la mesure du défi sportif qui les attend auparavant… Tous, peu importe leur genre – 5 femmes pour 35 hommes -, leur âge – de 22 à 64 ans, Jean Le Cam oblige – et leur expérience, seront bizuths de cette première édition de transatlantique retour en solitaire !

« L’Atlantique Nord et le golfe de Gascogne en décembre, ça peut être aussi violent que le Grand Sud », a rappelé Antoine Mermod, président de la Classe IMOCA, soulignant un challenge « hors-norme, à la mesure de ces skippers ultra-qualifiés et de ces bateaux incroyables ». « C’est une transat qui fait peur, vous êtes sûrs que vous voulez y aller ?, a d’ailleurs lancé, taquin, le skipper de Paprec Arkéa, Yoann Richomme, à ses futurs concurrents… Surtout qu’on aura moins de dix jours pour se reposer après l’arrivée de la Transat Jacques Vabre ! »

Pas sûr que la mise en garde ne les rebute, car, outre l’enjeu sportif, le Retour à La Base sera aussi une épreuve qualificative pour le Graal du Vendée Globe ! Une timbale qui suscite forcément la convoitise, surtout pour les 14 skippers qui n’ont pas encore pu répondre à l’exigence d’une course en solitaire avant 2024, et devront nécessairement s’aligner pour espérer concrétiser leur rêve de tour du monde. Ce sera notamment le cas de presque tous les IMOCA neufs, parmi lesquels les cadors Thomas Ruyant (For People) ou Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance). Quatre bateaux feront même le déplacement en Martinique seulement dans ce but !

Une vitrine populaire pour le territoire lorientais

Tous ces ingrédients réunis font du Retour à La Base « un succès qui dépasse déjà nos espérances », s’est réjoui Jean-Philippe Cau, président de Lorient Grand Large, association organisatrice de l’événement. Reste maintenant à transformer l’essai en faisant de cette performance sportive « une belle fête populaire » ! Et pour cela, l’organisation voit grand, avec un travail tout particulier mené avec les écoles de la région, mais aussi avec la Fédération Française de Voile. « Ça, c’est du concret pour montrer la richesse et la vitalité de notre territoire », a souligné Jean-Philippe Cau.

Car la course au large est devenue pour Lorient bien plus qu’un secteur économique, pourvoyeur à lui seul de quelques 1 000 emplois directs. « Aujourd’hui, elle fait partie de notre identité, et nous souhaitons que tous les habitants puissent partager ce sentiment d’appartenance et de fierté ! », a rappelé Patrice Valton, vice-président de Lorient Agglomération, qui finance l’événement avec le Département du Morbihan et la Région Bretagne.
Preuve de cette idylle territoriale avec la course au large, le vice-président du Conseil départemental, Gilles Dufeigneux, a souligné la volonté de « pérenniser ce bel événement », et « être ambitieux pour l’avenir ». Une philosophie dans laquelle se retrouveront forcément les skippers du Retour à la Base, plus que jamais déterminés à regagner en premier, mi-décembre, leur Base bien-aimée !

ILS ONT DIT…

Patrice Valton, vice-président de Lorient Agglomération : « Le succès de la voile à Lorient est tel qu’il nous a un peu dépassés. Enfin, nous allons avoir un événement sportif à la hauteur de ce qu’est devenu La Base pour la course au large. À tous les marins, sachez que le territoire vous suit et vous suivra toujours. »

Gilles Dufeigneux, vice-président du Conseil du Département du Morbihan : « L’imagination est une denrée rare dans la sphère publique, c’est encore plus important de souligner quand il y a de belles inventions comme cette nouvelle course, qui résume bien l’ADN de notre département. »

Jean-Philippe Cau, président de Lorient Grand Large : « Nos partenaires financiers sont majoritairement des collectivités locales, cela engage notre responsabilité en tant qu’organisateur. Nous voulons tout faire pour faire rayonner ce territoire. »

Antoine Mermod, président de la classe IMOCA : « On retrouvera au départ du Retour à La Base un plateau très proche du Vendée Globe, ce qui promet un niveau de compétition très élevé ! »

Clarisse Crémer, skipper de l’IMOCA L’Occitane en Provence : « Je suis particulièrement attachée à l’idée qu’un bateau, même aussi technologique que les nôtres, est aussi un moyen de transport, et rentrer à la maison à la voile, ça a une saveur toute particulière. Ce sera un parcours inédit en course pour moi, mais je n’attends que ça de retrouver le solo. »

Yoann Richomme, skipper de l’IMOCA Paprec-Arkea : « Je suis ravi de faire cette transatlantique en course et pas sur le dos d’un cargo, même si ça va être un grand challenge technique en Martinique pour préparer le bateau, car ce sera ma première navigation seul à bord ! »

Louis Mayaud, chef de projet chez Belco : « Nous souhaitons à travers notre partenariat avec le Retour à La Base montrer que le transport à la voile est non seulement viable, mais surtout enviable ! »

Stéphane Brault, directeur général adjoint de Mousqueton, équipementier officiel du Retour à La Base : « Nous sommes très fiers de nous associer à ce défi humain et sportif dans lequel nous nous retrouvons complètement en tant que société bretonne avec de belles ambitions ! C’est une première édition, et une première pour nous d’accompagner une course au large : espérons que ça nous porte chance à tous ! »

Vous prendrez bien un peu de cacao décarboné ?
Ce seront des tablettes de chocolat qui auront sûrement vécu plus d’aventures que vous ! Soucieux d’inscrire ce Retour à La Base dans une démarche écologique et responsable, les organisateurs de l’événement lancent, en partenariat avec l’entreprise Belco, une initiative inédite pour accompagner la transition vers un transport de marchandises décarboné. Chacun des 40 IMOCA à prendre le départ sera en effet chargé d’un sac de 20 kilos de fèves de cacao martiniquaises, qui seront transformées à l’arrivée en métropole par des artisans-chocolatiers. Chaque précieuse cargaison permettra ainsi de produire pas moins de 400 précieuses tablettes par bateau !

Née en 2007, l’entreprise Belco souhaite décarboner la filière du cacao et du café, en misant sur le transport à la voile. Et l’objectif est ambitieux : 10 000 tonnes de marchandises transportées par la voile d’ici 2026 !

« Certes 600 kilos avec le Retour à La Base, c’est assez symbolique, mais les skippers de course au large sont les premiers ambassadeurs du vent comme moyen de transport », a souligné Louis Mayaud, chef de projet pour la marque bordelaise.

Et cette initiative a permis aussi de nouer des relations privilégiées avec pas moins de cinquante producteurs de cacao martiniquais, qui proposeront d’ailleurs une visite de leur plantation à tous les skippers avant leur grand départ. Un rendez-vous que les sportifs, qui n’en sont pas moins souvent des épicuriens également, sauront apprécier à sa juste valeur, avant des semaines de nourriture lyophilisées !

Source

Cécile Gutierrez

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