Le record des 618 milles de Comanche est prenable

© Vincent Curutchet/Alea

Les performances de hautes vitesses des quatre équipages, survolant actuellement les mers du Sud sur la troisième étape de The Ocean Race, attirent l’attention de beaucoup de monde, notamment celle du Champion IMOCA en titre, Charlie Dalin.

Le vainqueur des deux dernières saisons du Championnat IMOCA GLOBE SERIES, est très concentré sur la construction de son nouveau bateau, dessiné par Guillaume Verdier et dont la mise à l’eau est prévue pour la mi-juin, sous les couleurs du groupe Macif.

Comme la plupart des skippers de la Classe, Charlie suit avec intérêt les vidéos du « Grand Sud », surveillant ainsi de près ce qu’il s’y passe. Le Havrais n’est pas surpris de voir la flotte battre des records de vitesse et notamment celui de la distance parcourue en 24 heures qui a été explosé ce week-end par le leader de la course, Holcim-PRB, avec une performance de 595,26 milles.

« C’est passionnant et très bien de voir enfin le véritable potentiel des IMOCA à grands foils et ce record des 24 heures être battu à plusieurs reprises », déclare-t-il à la Classe. « C’est quelque chose que je savais réalisable avec Apivia. J’ai toujours su que ces nouveaux bateaux pouvaient être rapides et je pense que passer la barre des 600 milles est atteignable. »

Selon Charlie Dalin, les conditions de vent et de mer dans le sud de l’océan Indien ces derniers jours ont été parfaites pour améliorer le record. « Il est de plus en plus difficile de battre ce record, puisque que la vitesse des bateaux reste très sujette à l’état de la mer. Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de vent : il faut un vent régulier sur une longue distance et un état de mer gérable. C’est assez rare d’avoir toutes ces planètes qui s’alignent en même temps », résume-t-il.

Si les 595 ou 600 milles représentent un bond en avant par rapport à l’ancien record (539 milles), Charlie estime que les derniers IMOCA à foils peuvent même dépasser les grands monocoques en ce qui concerne le record absolu de distance sur 24 heures. « Pour moi, le record des 618 milles en 24 heures de Comanche* est prenable en IMOCA ».

Selon le marin qui a terminé deuxième de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022, les skippers de The Ocean Race ont l’opportunité de tester de nouvelles configurations, notamment au reaching et au portant dans la brise. Mais il n’est pas particulièrement inquiet à l’idée de pouvoir les égaler lorsqu’ils reviendront au solitaire.

« C’est une bonne expérience pour eux, c’est certain », déclare-t-il. « Il est évident qu’ils apprennent beaucoup en naviguant en équipage dans les mers du Sud, mais ce n’est pas exactement le même style de navigation qu’en solitaire. Il est certain que je consacre du temps à regarder les vidéos et à lire les articles pour comprendre ce qu’il se passe. »

Charlie Dalin, qui a participé à toutes les courses IMOCA depuis 2019, admet qu’il trouve « un peu bizarre » d’être assis chez lui à regarder la cartographie comme tout le monde. Il affirme qu’il n’a rien vu sur The Ocean Race qui l’ait fait changer d’avis sur les choix que son équipe et lui ont fait pour le nouveau foiler Macif. De toute façon, le bateau est déjà trop avancé dans sa construction pour que des changements majeurs puissent être apportés.

Il est impressionné par la performance de Kevin Escoffier sur Holcim-PRB, qui s’impose sur les premières étapes, « Kevin et son équipage réalisent des performances très solides jusqu’à présent », déclare Charlie. « Son bateau est très rapide et ne semble pas être confronté à des problèmes comme le sont les bateaux derrière lui. Kevin a aussi réussi à s’échapper en début d’étape et il va être intéressant de voir comment ses concurrents et lui négocient le Pacifique. »

Charlie s’est intéressé à la manière dont Team Malizia a dépassé 11th Hour Racing Team dans le dernier sprint vers la « Scoring Gate », la ligne virtuelle située au 143e degré permet de distribuer la moitié des points de cette troisième étape. Pour lui, l’IMOCA sous pavillon américain skippé par Charlie Enright n’est manifestement pas en pleine possession de ses moyens. « 11th Hour Racing Team semble avoir pas mal de problèmes à bord et le potentiel réel de leur bateau est peut-être meilleur que ce que nous voyons actuellement », déclare-t-il.

Le skipper de l’ex-Apivia regarde aussi de près son ancien co-skipper, Paul Meilhat, avec qui il avait participé à toutes les courses des IMOCA GLOBE SERIES 2021 et remporté la saison. Il affirme que Biotherm pourrait être très compétitif une fois que la course reviendra en Atlantique. « Biotherm est probablement un bateau plus agile dans les conditions qu’on rencontre dans l’Atlantique, c’est-à-dire dans une brise plus légère que dans le Grand Sud « , explique-t-il. « Historiquement, la deuxième partie de la course est souvent disputée dans une mer plus calme et des vents plus faibles donc rien n’est fini ! »

Ainsi, il n’exclut pas la possibilité d’un regroupement de la flotte après le Horn. La route jusqu’au Brésil est encore longue, et Charlie estime que la course pourrait encore nous réserver de nombreuses surprises. « Cette étape est longue et il se passera certainement des choses. Nous sommes trop loin de l’arrivée pour en tirer des conclusions. »

Une chose est certaine, c’est que cette étape marathon de 12 750 milles jusqu’à Itajaí ne laissera pas les corps indemnes. « Les marins seront vraiment épuisés à l’arrivée », confie-t-il. « Je ne serais pas surpris de voir des changements dans les équipages par la suite, parce que le temps dont ils disposent à Itajaí entre les deux étapes est assez court. Après avoir navigué l’équivalent d’une moitié de Vendée Globe, même en équipage, je pense qu’ils auront beaucoup donné pour naviguer aussi longtemps le pied à fond sur l’accélérateur, » conclut Charlie Dalin.

*Record battu en 2015 par « Comanche », monocoque de 100 pieds, skippé par Jim Clark et Ken Read (USA): 618,01 milles en 24 heures, à une vitesse moyenne de 25,75 nœuds.

Source

Julia Huvé

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