Quels équipiers peuvent faire la différence ?

© Pedro Martinez

Certains des plus talentueux marins au monde composent les cinq équipages engagés sur The Ocean Race en IMOCA. Des hommes et des femmes, issus de la course en solitaire, en double, mais aussi du monde de l’équipage. Le niveau n’a probablement jamais été aussi élevé dans l’histoire de la course.
Mis a part le skipper, il y a dans chaque équipage des éléments clés, des marins qui pourraient faire la différence sur cette longue et éprouvante course, des marins qui pourraient prétendre au titre de Most Valuable Player sur chaque IMOCA dans six mois, lorsque la course touchera à sa fin à Gênes au mois de juin.

Voici une sélection de cinq marins d’exception décrits par ceux qui les connaissent bien.

Tom Leperche, équipier sur Holcim-PRB,

par Sébastien Col, directeur sportif chez MerConcept

« Tom a le bon équilibre entre la confiance en lui et le fait de reconnaître qu’il est encore assez jeune. Mais c’est aussi un équilibre entre la fraîcheur, l’énergie, les nouvelles idées, et l’expérience. C’est bien d’avoir quelqu’un comme lui dans l’équipe, qui apporte une vision nouvelle, c’est une bonne valeur ajoutée. Il est ingénieur donc il comprend l’aspect technique et est capable d’apprendre très rapidement.

Tom est un très bon marin dans la globalité. Avec seulement cinq personnes à bord, vous devez choisir des personnes très polyvalentes et Tom est bon sur la météo, il sait pousser le bateau, comprendre ses limites et en même temps apporter de nouvelles idées. The Ocean Race est une course longue qui va permettre à chacun de gagner encore en compétences. Tom aura forcément un impact positif au fil des étapes.

Comme tous les jeunes et talentueux marins, Tom veut tout gagner – le Vendée Globe, la Route du Rhum, The Ocean Race, le circuit Ultime aussi. Je pense qu’il n’a pas de limites et c’est une grande opportunité pour lui d’apprendre de Kevin Escoffier. C’est aussi la première fois que Tom naviguera dans les mers du Sud – il va apprendre beaucoup de choses.

Du point de vue du tempérament, Tom est très stable. À mon avis, tous les champions ont cette capacité à anticiper les choses et ne sont pas rongés par le stress. J’ai eu la chance de travailler avec lui sur le trimaran SVR Lazartigue, et c’était super impressionnant car ces multicoques sont très complexes, il y a beaucoup de technologie à bord. Aussi, toute erreur peut avoir un énorme impact, mais Tom a très bien géré cela, en partie grâce à son excellent tempérament ».

Nico Lunven, navigateur et tacticien de Team Malizia,

par Will Harris, équipier de Team Malizia

« Nico est vraiment notre expert en météo, tactique et stratégie. A bord, il se concentre sur la météo et sur les décisions stratégiques parce que c’est une partie très importante de la course, tout comme faire avancer le bateau vite.

Nico est un marin très humble. Il n’est jamais celui qui crie le plus fort et, pour tirer le meilleur de lui, vous devez lui permettre de s’exprimer. Il vient d’un milieu de marins en équipage réduit, où il est souvent décrit comme le magicien absolu de la météo et de la tactique et en solitaire. Il est tout simplement très fort.

Nico est une personne qui a une bonne gestion des risques. Il n’opte jamais pour une option risquée. Il est très analytique et c’est essentiel à bord car dans ce type de navigation, c’est toujours une question de données et de routage. Il passe beaucoup de temps à les examiner, pour s’assurer qu’il est le mieux informé, avant de prendre une décision sur la météo et les trajectoires. Je pense qu’il a appris de chacune des navigations qu’il a pu réaliser.

À bord, il est drôle, il aime faire une bonne blague de temps en temps, mais quand il s’agit de la course, il devient très sérieux. Il est très rigoureux. Dès que les bulletins météo arrivent, il est devant l’ordinateur. Il ne rate jamais ces moments-là. Il sera avec nous jusqu’à Newport, soit environ 75% de la course et nous aurons alors une assez bonne idée de notre position au classement ».

Simon Fisher, navigateur de 11th Hour Racing Team,

par Ian Walker, vainqueur de la Volvo Ocean Race 2014-15

« Je connais ‘Si Fi’ depuis qu’il a 19 ans, je lui ai donné son premier travail sur la Coupe de l’America. Ce qu’il en ressort, ce sont ses compétences globales. Il a été un barreur hauturier de première classe, un régleur et un navigateur du plus haut niveau international.

En termes d’aptitudes à la navigation, il est probablement inégalé. Ensuite, il y a sa forme physique, sa force et sa robustesse. Il a toujours eu une très grande forme, il prend soin de lui et on peut compter sur lui 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Et enfin, il y a son caractère, sa personnalité. Il est agréable, très équilibré et ne s’emporte pas si les choses vont bien, mais il ne se laisse pas abattre dans le cas inverse. Il a connu des hauts et des bas dans sa carrière et je pense qu’il est très doué pour tirer le meilleur des gens qui l’entourent. Fondamentalement, c’est un bon gars à côtoyer, si vous devez passer beaucoup de temps dans un petit espace.

L’expérience de Si Fi est énorme et il ne s’agit pas seulement du nombre de tours du monde qu’il a réalisés. Il a navigué sur des régates du plus haut niveau, en plus de son expérience de la Volvo Ocean Race, et il a aussi énormément de contacts dans le milieu, de part la multitude de marins et météorologues qu’il a côtoyés dans sa carrière.

Par nature, il est assez conservateur. Je ne dis pas qu’il n’est pas prêt à prendre des décisions audacieuses. Mais il joue sur le long terme. Si vous regardez la campagne d’Abu Dhabi Ocean Racing, lorsque nous avons gagné en 2014-15, c’est ce que nous avons fait ; nous avons minimisé les risques, nous avons laissé les autres faire des erreurs.

Pour être honnête, The Ocean Race cette année pourrait être dictée par la protection du bateau et de tout l’équipement, plutôt que par la rapidité entre deux points. Et c’est tout à fait la façon dont Si Fi aborde la course ».

Sébastien Simon, équipier Guyot environnement-Team Europe,

par Iker Martínez, ex-skipper Volvo Ocean Race et médaillé d’or olympique

« The Ocean Race va être très difficile pour tous les équipages IMOCA à bord de bateaux qui n’ont pas été construits pour cette course, à l’exception de 11th Hour Racing Team. Les autres équipes ont de bonnes chances, mais elles vont devoir apprendre rapidement. Ils doivent comprendre comment gérer le bateau avec autant de personnes à bord, utiliser les systèmes correctement et surtout apprendre à courir dans un mode différent.

Il est très important de comprendre le bateau. Aujourd’hui, il y a seulement quelques marins dans le monde qui sont au sommet de l’IMOCA, et parmi eux, certains ont un très grand talent – ils viennent du Figaro. Ils sont bons partout et ont été impliqués ces cinq dernières années dans la conception et le développement des bateaux. Seb fait partie de ces meilleurs éléments.

Il vient de la classe Figaro où il a remporté certaines des courses les plus importantes. Puis, ces quatre dernières années, il a travaillé dur pour concevoir son propre bateau et travailler à son développement, dans les limites du budget et du calendrier. Il n’a pensé qu’aux IMOCA – comment utiliser le bateau, les foils, et les voiles.

Pour Seb, le plus difficile est que l’équipage n’ai pas pu se réunir plus tôt et il doit vraiment développer ses compétences dans cette configuration, ce qui prend du temps. J’ai navigué avec Seb sur l’Atlantique et je pense que c’est un gars facile à vivre qui s’adaptera assez facilement à ce défi. Il est respectueux et plutôt facile à vivre.
Il est certain qu’il a un avenir très prometteur, notamment sur le Vendée Globe. Il a le talent, les aptitudes et la passion ».

Anthony Marchand, équipier de Biotherm,

par Paul Meilhat, skipper de Biotherm

« Anthony a plein de qualités. Il est mon co-skipper, ce qui signifie que, si je ne suis pas en forme, il peut gérer l’équipage et prendre mes responsabilités. Il est aussi skipper remplaçant ce qui signifique que si je me blesse, il prendra mon rôle.

Nous avons beaucoup navigué ensemble et il a l’expérience de la Volvo Ocean Race qu’il a faite il y a huit ans sur MAPFRE. Ces deux dernières années, il a beaucoup navigué sur l’Ultime Actual (il en est désormais le skipper). Il a donc l’expérience du travail en équipage, de la gestion de la sécurité et de la prise de risques – ou non – pour faire avancer le bateau.

À bord, Anthony est toujours concentré. Il ne se dit jamais « OK, je dois me reposer un peu ». Quand il navigue, il est toujours en train de pousser au maximum et il est vraiment compétitif. Moi, j’aime avoir une vue d’ensemble, mais Anthony aime se concentrer sur les détails, donc nous sommes complémentaires.

Il est probablement le membre de l’équipage le plus expérimenté dans ce genre de course donc il va être un marin clé parce que nous ne connaissons pas cette course. Il y a deux façons d’aborder – on peut avoir peur ou on peut être excité, et nous sommes très excités ! »

Source

Julia Huvé

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