Folie douce…

© Gilles Martin-Raget

Le jeudi, l’esprit Nioulargue se mêle au vent, et les Voiles glissent dans la douce folie des marins en quête d’amusement et d’amicaux challenges nautiques, tous empreints du fairplay cher aux équipes de la Société Nautique de Saint-Tropez. On se défie entre propriétaires, entre capitaines et équipages, autour d’un verre et pour un repas ou pour la simple satisfaction d’avoir vécu, le temps d’un joli parcours venté et ensoleillé, une belle journée de mer. Club 55 Cup, Trophée des Centenaires, une bonne douzaine de défis à 2, 3, 4 et même 6 bateaux se sont élancés toutes voiles dehors à l’assaut du golfe. Cette journée a également marqué le lancement de l’initiative « Voiles Bleues ». Le défilé des équipages, toujours prisés des participants à l’imagination débordantes, donnaient le soir venu a un nouveau prétexte aux marins à « mettre le feu » au petit port Varois.

Des Défis fous et parfois, improbables

Dès 13 heures, le Portalet voyait ainsi défiler, dans les sillage des protagonistes de la Club 55 Cup et du Trophée des Centenaires, une bonne douzaine de duels à deux, trois ou six bateaux, défis homogènes comme celui qui réunissait les magnifiques yawls Bermudiens Skylark (Stephens 1937), Manitou (Stephens 1937) et Blitzen (Sparksman&Stephens 1938), ou celui opposant les grandes unités Cambria (Fife 1929), Halloween (Fife 1926) et Mariella (Mylne 1938) ou plus improbables, comme l’opposition des styles du Houari Alcyon (Scotto/Vaton 2013) et du 10 MJ Marge (Anker 1936). Les Modernes s’inscrivaient eux aussi dans ce beau mélange des groupes, quand le Grand Soleil 50 MadIV, un des ténors des IRC B (Trophée North Sails), défiait Bernina X, brillant X41 inscrit en IRC D (Trophée Suzuki).

A France la Club 55 Cup

Parcours modifié pour l’édition 2022 de la Club 55 Cup, l’élégant clin d’oeil à l’origine des Voiles. La forte houle qui sévit du côté de la Nioulargue a incité les protagonistes du jour à revoir le parcours en une boucle d’environ 14 milles, au départ et à l’arrivée devant la jetée de Saint-Tropez, via la marque Club 55 à Pampelonne et le fond du golfe. France, le 12 mJI signé Mauric (1970), barré pour l’occasion par le Président de la Société Nautique de Saint-Tropez himself, l’honorable Pierre Roinson, se voyait opposé au sublime Tuiga (Fife 1909), voilier amiral du Yacht Club de Monaco. Et la victoire est revenue au Président de la SNST, au terme « d’une régate absolument magnifique, dans le vent et sous le soleil », ainsi que se plaisait à le narrer le vainqueur.

A Kismet le Centenary Trophy

21 yachts centenaires se disputaient aujourd’hui le Centenary Trophy du Yacht Club de Gstaad. Mélange des gréements, des tailles et des styles, cette épreuve originale dans le programme des Voiles voyait ainsi le plus petit voilier de la flotte, Dainty (Wesmacott 1922) et ses 8,20 m à la flottaison, affronter le géant Shenandoah of Sark (Ferris 1902), 55 mètres, et tous ces voiliers nés au début du 20ème siècle, tous plus légendaires les uns que les autres. Le Centenary Trophy se dispute sous le format de la « pursuit race » (les bateaux franchissent la ligne de départ en fonction de leur rating, le premier à franchir la ligne d’arrivée est le vainqueur), ce format permet aux concurrents de régater sur un pied d’égalité. Et l’issue de 3 belles heures de régate permettait le sacre du cotre aurique Kismet (Fife 1896), à Sir Richard Matthews, brillant vainqueur, devant, excusez du peu, le redoutable Scud (Herreshoff 1903), barré par Torben Grael, et Oriole, le sloop aurique Herreshoff de 1905.

Création des Voiles Bleues, l’initiative !

Les Voiles Bleues ont été lancées aujourd’hui 29 septembre 2022 avec la projection du film « Méditerranée, l’Odyssée pour la Vie », salle de la Renaissance devant un groupe d’écoliers Tropéziens, puis par une nouvelle projection à l’attention des régatiers des Voiles, suivie d’une conférence avec des personnalités reconnues du monde de la mer et de la voile. Des animations, telles que la présence du bateau semi submersible innovant « Platypus » qui a réalisé l’expédition Blue Odyssey Sud en juin 2022, des actions de nettoyage opérées par Stéphane Mifsud et son Odyssée Bleue et des ateliers de travail pour définir une « charte des voiles bleues » par des régatiers pour des régatiers, sont menés tout au long des Voiles. Un stand dédié aux Voiles Bleues est présent sur le village des Voiles de Saint-Tropez regroupant les experts et partenaires impliqués pour cette première édition.

Ils ont dit :

Richard Matthews, Kismet, vainqueur du Centenary Trophy

« Nous sommes ravis! Un beau parcours, une superbe régate. Nous résistons au retour de Scud, qui marchait très bien. La décision d’envoyer le gennaker a été capitale. C’était une nouvelle voile pour nous et on a su parfaitement l’utiliser dans les conditions du jour. On a creusé un écart décisif. L’équipage a été formidable. Le bateau n’a pas de winches et il est très physique. Nous l’avons restauré récemment de fond en comble. Je navigue avec cette équipe depuis près de 15 ans. Notre tacticien britanique Andy Green a été remarquable. Nous reviendrons défendre notre titre avec plaisir l’an prochain. »

Torben Grael (Scud)

La « turbine » est aux Voiles. Le Brésilien d’origine Danoise Torben Grael navigue à Saint-Tropez à bord de Scud, le petit cotre aurique signé Herreshoff et construit en 1903 qui appartient à Patrizio Bertelli, le patron de Prada. Il a appris la voile grâce à son grand-père qui le faisait naviguer sur un quillard de type 6 mètres JI utilisé par l’équipe danoise de voile aux Jeux olympiques d’été de 1912 à Stockholm. Torben Grael a remporté cinq médailles aux Jeux olympiques entre 1984 et 2004, dont quatre en Star.
« Ce doit être ma 8ème participation aux Voiles,et troisième participation aux Centenary Trophy, une fois sur Linnet, et une fois sur Scud. On est très heureux de pouvoir courir de nouveau après les années Covid. Nous avons une belle équipe, qui pousse fort sur le bateau. C’est sympa. Mais il faut prendre soin de Scud qui a 120 ans. J’ai appris à naviguer sur un vieux bateau, le 6 m de mon grand-père, qui est toujours dans la famille. Je sais comment placer ce type de bateau, assez lourd, sur le plan d’eau. J’adore naviguer ici. J’adore les Classiques et c’est fascinant d’observer tous les types de bateaux. On apprend chaque jour quelque chose. J’adorerai remporter le Centenary Trophy. »

Source

Maguelonne Turcat

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