Le bilan sportif de la Vendée Arctique

© Olivier Blanchet/Alea

La ligne d’arrivée de la 2e Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne est close depuis l’arrivée du dernier concurrent, Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One), samedi 18 juin à 22h33. Le classement étant désormais officiel, faisons le point sur les données sportives de la course.

Champion !

Le vainqueur est Charlie Dalin (APIVIA), qui signe sa deuxième victoire consécutive en solitaire dans cette saison IMOCA, après son succès sur la Guyader Bermudes 1000 Race en mai dernier. Le skipper havrais enregistre sa cinquième victoire depuis son entrée dans la classe des monocoques de 60 pieds après la Transat Jacques Vabre 2019 (en double avec Yann Eliès), la Rolex Fastnet Race 2021 (en double avec Paul Meilhat) et le Défi Azimut 2021 (en double avec Paul Meilhat). Il s’agit de son septième podium en autant de courses sur APIVIA.

Podium.

Jérémie Beyou (Charal) et Thomas Ruyant (LinkedOut) complètent le podium, dans cet ordre. Ce podium affiche la même composition qu’en 2020. Seuls les rôles s’inversent : Jérémie Beyou l’avait emporté devant Charlie Dalin et Thomas Ruyant.

20 sur 25.

20 des 25 skippers engagés ont rallié la ligne d’arrivée. La direction de course de la Vendée Arctique a enregistré cinq abandons. Il y eut celui, précoce, du Hongrois Szabolcs Weöres (Szabi Racing), le 13 juin, au lendemain du départ, consécutif à une avarie du système hydraulique de la quille basculante de son IMOCA, constatée la veille. Les quatre autres sont survenus lors de l’approche de la porte Islande. Le 17 juin, Manuel Cousin (Groupe SÉTIN) fut le premier des quatre à renoncer, « un choix de raison ». Le 18 juin, « par précaution », Arnaud Boissières (La Mie Câline) a fait le choix de l’abandon à 40 milles de la porte Islande, devenue ligne d’arrivée de circonstance, car privé des voiles d’avant qui lui auraient permis de remonter au près jusqu’au but. Isabelle Joschke (MACSF), grand-voile déchirée, et Denis Van Weynbergh (Laboratoires de Biarritz), pour diverses avaries, ont été les derniers à abandonner à quelques dizaines de milles de l’arrivée.

Le match des générations.

Le match IMOCA à foils contre IMOCA à dérives droites a connu un nouvel épisode heureux. Si le podium appartient à trois monocoques à foils de la même génération (mises à l’eau en 2018 et 2019), la quatrième place appartient à Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For A Job). Nouveau venu en IMOCA, à bord de l’ex Macif avec lequel François Gabart a remporté le Vendée Globe 2012-2013, et Paul Meilhat la Route du Rhum 2018 sous les couleurs de SMA, le skipper aventurier s’est trouvé un goût certain pour la compétition. À bord de l’ancien OMIA – Water Family de Benjamin Dutreux (9e du Vendée Globe 2020-2021), l’autre aventurier de l’extrême, Guirec Soudée (Freelance.com) a pris la 6e place, entre les foilers de Louis Burton (Bureau Vallée) et Alan Roura (Hublot). Quatre IMOCA à dérives droites ont pris place dans le top 10 de la course.

Un parcours modifié, puis réduit

La météo a joué de drôles de tours à la flotte et à l’organisation de la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne. Le tour de l’Islande, qui s’annonçait à la fois comme le temps fort de la course et comme une grande première – aucun IMOCA n’étant jamais monté jusqu’au cercle polaire arctique en course – paraissait réalisable le jour du départ, le 12 juin, et même dans les heures qui ont suivi. La météo s’est dégradée progressivement. La dépression qui circulait autour de l’Islande a pris tant d’épaisseur qu’elle a fini par ressembler à une menace directe pour les skippers. Les orientations des vents et le gonflement de vagues ont convaincu la direction de course d’abandonner le tour de l’Islande. La porte virtuelle dessinée avant la course à hauteur de la pointe la plus orientale de l’île est devenue la marque à parer, avant le retour dans des contrées moins rudes via un point virtuel dans le centre de l’Atlantique. Puis, dans la nuit de vendredi à samedi, alors que le leader Charlie Dalin était en approche de la porte, l’organisation a décidé d’arrêter la course à cette porte, afin de permettre aux solitaires de se mettre à l’abri une fois la ligne d’arrivée franchie.

Les explications de Francis Le Goff, directeur de course, recueillies après la décision de réduction du parcours :

« La dépression est bien là, et certains vont avoir du mal à atteindre la porte Islande. Mais comme la situation n’est pas meilleure une fois cette porte franchie, nous avons préféré en faire la ligne d’arrivée afin que les solitaires puissent aussitôt faire en sorte de se mettre en sécurité. Des vents instables et forts arrivent sur zone. Clore la course à la porte va permettre aux marins de trouver la meilleure solution pour chacun d’entre eux. Nous savions les changements de météo rapides et brutaux dans la région, mais nous avons eu le plus fort de ce que nous pouvions redouter. Sincèrement, ce que tous ont vécu sur les 1500 milles environ de la montée vers l’Islande – la difficulté de la navigation, le combat pour mener le bateau, la résistance aux forts éléments – représente une impressionnante mise en condition pour un Vendée Globe ».

La proximité du pôle arctique et la circulation des phénomènes météo et leur capacité à gonfler dans de courts laps de temps ont engendré une situation dangereuse. Des vents violents, de 50 nœuds en moyenne avec des rafales à plus de 60 nœuds, et une mer très formée et casse-bateau, ont rendu la navigation scabreuse. Sur les cinq abandons enregistrés durant l’épreuve, quatre sont survenus dans le cadre de cette séquence brutale. Peu de bateaux sont sortis indemnes de cette tempête, à l’image de Giancarlo Pedote (Prysmian Group) et de Romain Attanasio (Fortinet – Best Western) par exemple, qui ont connu des problèmes de grand-voile.

Les incidences sur les processus de qualification et de sélection.

La Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne était la première des cinq courses qualificatives au Vendée Globe 2024. Ainsi, les tandems skipper-bateau qui ont terminé la Vendée Arctique sont qualifiés sportivement. Si un skipper était amené à changer de bateau pour le prochain Vendée Globe – ce sera le cas pour quelques-uns des skippers de la Vendée Arctique – il devra de nouveau effectuer une course de qualification.

L’édition 2024 du Vendée Globe acceptera jusqu’à 40 concurrents.

Pour le cas où les candidatures seraient plus nombreuses, l’organisation a décidé de mettre sur pied un processus de sélection fondé sur le nombre de milles parcourus par le skipper en amont de l’événement. Les skippers qui ont terminé la Vendée Arctique – Les Sables d’Olonne ont enregistré un nombre de milles équivalents à la distance théorique à parcourir entre la ligne de départ et l’arrivée (devenue la porte Islande), soit 1250 milles. Ceux qui ont abandonné enregistrent le nombre de milles théoriques du parcours, moins ceux qu’ils n’ont pas parcourus.

Source

COM Alive

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