Que les jeux tactiques commencent

© Jean-Marie Liot

À l’exception faite des Class40 Fuji Zerochallenge et La Boulangère Bio, la quasi-totalité des équipages de l’édition 2022 de la CIC Normandy Channel Race ont enroulé le phare de Tuskar Rock, point le plus nord du parcours, et font maintenant route sud vers la nouvelle marque de la Grande Basse de Portsall, située à l’extrémité nord-ouest de la Bretagne. La flotte, maintenant scindée en deux pelotons bien distincts, est toujours menée par le duo qui s’est illustré par le passé sur le circuit Figaro, entre autres, Corentin Douguet et Yoann Richomme à bord du Class40 Quéguiner-Innoveo. Si le premier peloton navigue sous l’influence d’un front occlus, une zone de transition difficile à négocier pour les marins, mêlant pluies soutenues et rotations de vent, dont la conséquence directe est une chute significative des vitesses, le groupe des poursuivants lui s’est fait piéger dans une bulle anticyclonique positionnée au sud de l’Irlande…

La stratégie des leaders, après le passage du phare irlandais, était assez claire : faire de l’ouest afin de contourner au mieux cette zone de transition positionnée en plein centre de la Mer Celtique tout en essayant de contrôler tactiquement ses poursuivants directs. Dans la soirée le front occlus va s’évacuer vers le nord pour laisser place à un flux plus régulier de 15-20 nœuds de secteur sud-ouest, permettant à la flotte de faire quasi route directe vers Land’s End. Reste à savoir qui du groupe des neuf premiers sera le mieux positionné au moment de toucher le vent plus constant en force et direction tant attendu.

À tous les niveaux de la flotte, la bataille fait rage. Dans le second peloton, trois petits groupes se sont formés dans lesquels moins de deux petits milles séparent les concurrents les uns des autres. C’est le cas notamment de Bleu Blanc, Tquila et Nestenn–Entreprendre pour la Planète ainsi que de Prisme, Naviguons contre le diabète et Vogue avec un Crohn. À bord des Class40, la tension doit être palpable tant la navigation à portée vue peut s’avérer stressante. Tout donner, rester concentrer et surtout contrôler ses nerfs sont parmi les clefs pour réussir à grappiller des milles précieux sur ses concurrents direct.

Après 48h de course, les dix premiers concurrents se tiennent en moins de 20 milles. La flotte devrait atteindre Land’s End en fin de soirée, avant de voir le vent mollir progressivement jusqu’au passage de la marque de la Grande Basse de Portsall. Ensuite, la course va changer nettement de physionomie. La fatigue se faisant sentir après avoir subi des conditions soutenues et inconfortables depuis le départ, il faudra rester lucide pour aborder la deuxième partie de la course où le vent va relativement faiblir mettant les nerfs à rude épreuve. A mi-course les jeux sont loin d’être faits. La réputation où rien n’est jamais gagné d’avance de la CIC Normandy Channel Race n’est plus à faire. Il faut s’attendre à de nombreux bouleversement de classement aux passages à niveau à venir… et ça, malgré leur légère avance, Corentin Douguet et Yoann Richomme en ont bien conscience, à eux maintenant de faire parler leur sens tactique et marin pour faire mentir les statistiques.

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