Une flotte et potentiellement trois régimes

© Vincent Olivaud

Ce jeudi après-midi, alors que les premiers ont débordé le cap Finisterre et cavalent désormais dans les alizés, le gros de la flotte de la Mini Transat EuroChef poursuit sa progression au ralenti, en direction de la pointe nord-ouest espagnole. Le vent faible combiné à une mer formée ne facilite pas l’avancée des bateaux. Il faut à la fois soigner les réglages et rester concentré sur la conduite pour grappiller des milles vers le sud au plus vite. Et l’enjeu est de taille car une dépression pointe le bout de son nez et devrait générer des conditions musclées dans le golfe de Gascogne dans la journée de samedi. Mieux vaudra alors avoir franchi la pointe ibérique !

Le vent est erratique dans le golfe de Gascogne et au large de la Galice. Le gros du peloton de la Mini Transat EuroChef bataille donc pour faire avancer les bateaux. Certains sont clairement dessus en permanence, focalisés sur les réglages et la conduite, en mode « régate ». D’autres, plus fatigués ou situés plus près de la côte où le vent tamponne, peinent davantage à faire marcher leurs machines sur une mer qui demeure cabossée. Par conséquent, la flotte s’étale maintenant sur plus de 190 milles, et les écarts entre les premiers des derniers ne vont faire que s’accentuer d’ici à l’arrivée aux Canaries. En effet, les leaders, qui ont désormais débordé le cap Finisterre ou sont en passe de le faire, récupèrent progressivement les fameux alizés. Ces vents de nord-est soutenus vont leur permettre d’avaler les milles à vitesse grand V jusqu’à l’arrivée à La Palma. C’est d’ailleurs déjà le cas pour les premiers Proto, et en particulier pour Pierre Le Roy (1019 – TeamWork). Ce dernier déboule actuellement à plus de 14 nœuds de moyenne quand la majorité de ses adversaires affichent encore des vitesses à un chiffre. Au pointage, le Lillois, qui a notamment parfaitement tiré son épingle du jeu au large de La Corogne, fait ainsi course en tête avec une belle avance sur ses poursuivants. Il compte, en effet, un bonus de près de 30 milles sur Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo, dont le tracker devrait de nouveau émettre au pointage de 18 heures) et Irina Gracheva (800 – Path) qui naviguent bord à bord, puis Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre), non loin derrière, en embuscade.

Alizés, transitions ou baston ?

Si ceux-là et une poignée d’autres vont littéralement s’envoler jusqu’aux Canaries – et vraisemblablement boucler les 1 350 milles de cette première étape dans la nuit de dimanche à lundi ou dans la matinée de lundi -, leurs concurrents ne vont pas tous connaitre le même sort. Certains vont devoir composer avec des conditions plus instables, avec davantage de phases de transition. D’autres risquent de se faire impacter par le passage d’une nouvelle dépression annoncée dans le golfe de Gascogne dans la journée de samedi. Selon les prévisions, cette zone fermée de basse pression atmosphérique pourrait générer un vent de sud-ouest soufflant entre 30 et 40 nœuds. Il va sans dire que cela corserait alors méchamment la donne pour ceux qui se trouveraient encire au nord du cap Finisterre. Dans ce contexte, mieux vaut ne pas trop trainer en route. Les uns et les autres l’ont bien compris et la bagarre sur l’eau n’en est que plus belle. En l’occurrence, le match aux avant-postes chez les bateaux de Série est particulièrement disputé. Basile Bourgnon (975 – Edenred) et Julie Simon (963 – Dynamips), qui régatent à vue, se livrent une remarquable bagarre. Derrière, leurs concurrents ne lâchent rien. Ils sont ainsi une dizaine à se tenir dans un mouchoir d’à peine dix milles.

Remorquage à venir pour Franck Lauvray

Ce qu’il faut retenir par ailleurs de cette journée ? Cyril Oms (591 – 591 – Fantomas) et Nicolas Cousi (533 – Telerys Communication), confrontés l’un et l’autre à un problème de pied de mât à la suite du passage de front dans la nuit de mardi à mercredi, sont parvenus à réparer. Camille Bertel (900 – Cap Ingelec), elle, déplore la casse de son calculateur et de son aérien. Elle tente de trouver une solution avec l’aide, par VFH, de ses concurrents les plus proches. Franck Lauvay (346 – Alice) qui évolue sous gréement de fortune depuis hier, devrait être pris en remorque dans la soirée par Adrien Hardy. Enfin, bonne nouvelle concernant Marc-Eric Siewert (614 – Absolute Sailing Team). Le navigateur, qui avait disparu des écrans radar en raison d’un tracker défaillant, a été localisé par la Direction de course grâce au soutien de la Marine Nationale qui a dépêché un avion sur zone. L’Allemand poursuit sa route sans encombre et évolue actuellement à 185 milles du cap Finisterre, 25 milles environ derrière Piers Copham (719 – Voiles des Anges). Il devrait de nouveau être visible sur la cartographie à partir du pointage de 18 heures.

Source

Perrine Vangile

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