Triller à Cascais

  • © Sailing Energy/The Ocean Race
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Les arrivées serrées ne sont pas une nouveauté en IMOCA, surtout après celles du Vendée Globe, mais malgré cela, la première étape de The Ocean Race Europe a donné lieu à un final à suspense qui a tenu les fans en haleine. La gloire de cette première manche est revenue au skipper français Nicolas Troussel et à son équipe sur CORUM L’Épargne qui ont mené une attaque tardive et efficace.

Cette victoire est une belle revanche pour le skipper qui a dû faire face à un démâtage dans les premiers jours du Vendée Globe et n’avait pas pu montrer vraiment de quoi était capable son nouveau plan Juan Kouyoumdjian.

Entouré de Sébastien Josse, Marie Riou et Ben Schwartz, Nicolas a confié ne rien avoir lâché, même lorsque le bateau fermait la marche à seulement 20 milles de l’arrivée.

« On savait que c’était possible de revenir sur les premiers et on l’a fait, » commentait Nicolas, une fois à quai. « Cela a été une course intense, mais il y a eu beaucoup de différences de vitesse entre les bateaux selon les allures et on savait que tout pouvait se jouer ici à l’arrivée. On est très content de cette victoire, on s’est bagarré jusqu’au bout et le final était vraiment magique pour nous. Cela s’est joué sur la dernière risée. Les VO65 ont joué avec 11th Hour Racing et nous en avons profité pour glisser et faire le tour. »

A l’arrivée, les cinq IMOCA et les sept VO65, qui courent dans deux catégories séparées, sont arrivés tous en même temps sur la ligne. Nicolas Troussel a franchi la ligne avec un peu moins d’une minute et demie d’avance sur le second IMOCA, celui de Charlie Enright et son équipage 11th Hour Racing Team. Ces derniers devancent de moins de deux minutes Thomas Ruyant et l’équipe LinkedOut qui ont réussi à franchir la ligne avec seulement cinq secondes d’avance sur le seul IMOCA sans foils, Offshore Team Germany skippé par Robert Stanjek. Au terme de l’étape de 1 302 milles depuis Lorient, Louis Burton, à bord du nouveau Bureau Vallée 3, a franchi la ligne 20 minutes seulement après Nicolas Troussel.

Au final, CORUM L’Épargne a non seulement remporté la victoire en IMOCA, mais aussi au scratch, suivi des trois premiers VO65 (The Austrian Ocean Race Project, Ambersail 2, Team Childhood 1), puis 11th Hour Racing Team en cinquième position sur l’eau.

Si cette étape nous a appris quelque chose sur les performances comparées des IMOCA et des VO65, c’est que dans les vents très légers, les vieux bateaux de la Volvo Ocean Race ont l’avantage grâce à leur longueur de flottaison supplémentaire et parce qu’ils ne portent pas de foils qui entraînent une traînée. Par contre, dans la brise, les bateaux à foils ont l’ascendant.

Sur cette étape, les marins ont progressé rapidement jusqu’à une marque de virage située à près de 500 milles dans l’Ouest du Cap Finisterre ; marque que 11th Hour Racing Team et LinkedOut ont enroulé en tête, alors que les deux se livraient un sacré duel.

De là à l’arrivée, tout le monde a joué le même jeu, les navigateurs et les skippers essayant de rester dans la brise dans un système météorologique se déplaçant lentement d’Ouest en Est. La présence du dispositif de séparation du trafic (DST) au large de Cascais et la diminution de la force du vent à mesure que les bateaux s’approchaient de la ligne ont rendu les choses plus complexes.

Thomas Ruyant était un petit peu déçu de terminer troisième, mais s’est régalé avec ce nouveau format de course en équipage à bord de son bateau du Vendée Globe. « C’était une excellente première étape de The Ocean Race Europe – nous nous sommes beaucoup amusés », résume-t-il. « J’apprends encore des choses sur mon bateau et c’est génial, surtout en vue du reste de la saison. C’était une belle étape avec beaucoup de conditions différentes et beaucoup de rebondissements en fin de parcours, comme nous aimons dans la Classe IMOCA ! Je suis un peu déçu de l’arrivée – nous aurions aimé finir mieux mais c’est comme ça. »

Il a déclaré également que la situation météorologique dans les dernières heures a rendu le travail à bord difficile pour son équipage qui comprend notamment Morgan Lagravière et Clarisse Crémer. « Nous avons avancé avec un front qui était difficile à dépasser », explique-t-il. « Nous étions les premiers à toucher ce front et la flotte est revenue par derrière. Puis nous avons eu un nouveau départ avec un peu d’incertitude à la fin – un final à suspense. C’est un vrai régal de courir avec un équipage au contact d’autres bateaux – c’est un format génial », ajoute-t-il. « On manœuvre vite et on a fait des grosses moyennes de vitesse comme ça au portant VMG, ce que l’on fait rarement. Là, c’était un pur plaisir. »

Charlie Enright, quant à lui, était heureux de cette première belle performance avec son équipage qui poursuit sa préparation en vue de The Ocean Race l’année prochaine. Pendant la course, le bateau américain a navigué à plus de 30 nœuds sur mer plate. Il a également eu un moment délicat dans la course lorsque l’équipage a réalisé qu’il avait ramassé quelque chose dans sa quille, ce qui a nécessité une marche arrière pour se dégager. Puis, dans les derniers instants, ils ont eu une petite collision avec l’un des VO65 (Ambersail 2) à la limite du DST, à la suite de laquelle Charlie Enright a décidé d’exécuter sa pénalité.

« Quelle première étape ! » lance-t-il tout sourire. « Il y a eu beaucoup de changements de leader et de régate au contact dans des conditions très changeantes. Nous avons vu les forces et les faiblesses de chaque bateau, c’est certain. Vous savez, tout le monde était plus ou moinbs rapide suivant les moments… »

« Mais oui, c’était incroyable de voir à quel point c’était tendu du début à la fin, surtout avec les relevés de positions constants, ce qui, je dirais, augmente le niveau de pression. On n’a pas beaucoup dormi ! À la fin, l’ensemble ne pouvait avancer qu’au rythme du front (météo), donc la seule façon de prendre de l’avance était de prendre du retard, ce qui est parfois difficile à faire. Mais en général, je dirais que nous sommes très satisfaits de notre vitesse et de nos performances. »

Après un repos bien mérité, les cinq IMOCA vont se retrouver sur une course côtière au large de Cascais samedi – avec des points pour les trois premiers – avant le départ de la deuxième étape vers Alicante en Espagne dimanche.

RÉSULTATS DE LA COURSE

  1. CORUM L’Epargne à 13h46’57 »
  2. 11th Hour Racing Team à 13h48’20 »
  3. LinkedOut à 13h50’09’
  4. Offshore Team Germany à 13h50’14 »
  5. Bureau Vallée 3 à 14h02’15 »

Source

Julia Huvé

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