A trois jours du coup d’envoi de la première édition de The Ocean Race Europe qui partira du cœur de la Sailing Valley à Lorient (13h45, samedi 29 mai), la Classe IMOCA vous a sélectionné quelques mots glanés auprès des marins.
Thomas Ruyant, skipper de LinkedOut
« J’ai mis pas mal de temps à vraiment récupérer du Vendée Globe. Pendant longtemps, je faisais de très grosses nuits et pas mal de siestes et, aujourd’hui, ça va bien. Franchement, c’est bien de se remettre dans un mode course si près du tour du monde. On a tous très envie que ça parte.
C’est étonnant de naviguer en équipage sur le bateau que j’ai mené en solitaire sur le Vendée Globe et même plutôt très agréable. Les manœuvres vont vite ! Notre bateau a un cockpit large donc assez adapté à l’équipage. Nous avons mis en place un système de quarts en binôme. Pour les manœuvres, on a eu peu de temps de navigation, donc on s’est tout de suite donné un rôle chacun. Je serai plus un « électron libre », à la navigation et en coordination de manœuvres car je connais bien le bateau.
Je suis ravi de retrouver la confrontation. On a cinq IMOCA au départ et si ce n’est pas beaucoup, on a un plateau de qualité avec un parcours varié. J’ai la chance d’avoir mes partenaires qui m’accompagnent dans la durée et qui me permettent d’avoir une vision sportive assez lointaine avec Advens et LinkedOut. Cela me motive beaucoup. »
Clarisse Crémer, équipière de LinkedOut
« Après le Vendée Globe, il y a vraiment eu trois mois où j’étais encore un peu perdue, mais maintenant j’ai suffisamment d’énergie pour me retrouver sur un bateau comme ça. Lorsque Marcus Hutchinson (Team Manager de LinkedOut) m’a tendu la perche en me proposant de participer avec leur équipe à la course, j’ai tout de suite appelé Thomas pour accepter. Cela me tentait bien de faire cette course, mais aussi de découvrir le bateau de Thomas qui est plus exigeant que le bateau que j’avais moi sur le Vendée Globe.
Cette rencontre est l’occasion de changer d’exercice. A cinq, on met un rythme plus intense à bord, on se laisse moins de temps pour faire les manœuvres que l’on enchaîne sans ralentir le bateau. Il y a une pression partagée entre tous et, cette fois, je ne suis pas le chef car c’est Thomas le skipper et c’est lui qui a la responsabilité du bateau. »
Benjamin Dutreux, équipier de Offshore Team Germany
« Je suis très content d’être de retour sur l’eau et de pouvoir à nouveau naviguer. J’ai eu du mal à remettre le cerveau en mode compétition après le Vendée Globe, mais j’avais besoin de ça pour pouvoir me relancer dans une dynamique. Le bateau est arrivé assez tôt en France aux Sables d’Olonne. Je découvre la navigation en équipage sur les IMOCA et c’est vrai que ça fait bizarre. On se fait un peu bousculer dans les manœuvres car ce sont des bateaux faits pour du solitaire ou du double. Cela me permet aussi d’améliorer mon Anglais !
Je trouve l’équipage chouette du fait qu’il y ait un vrai mélange d’expériences entre l’Olympisme, The Ocean Race et le Vendée Globe. Annie Lush amène vraiment son expérience sur les manœuvres et moi plutôt la connaissance de l’IMOCA et de la navigation. Même si on sera le seul IMOCA sans foils sur cette course, le bateau fait de belles performances. J’ai pu comparer avec différentes polaires du Vendée Globe et dans certaines conditions, on pourra peut-être tirer notre épingle du jeu. »
Nicolas Troussel, skipper de CORUM L’Épargne
« Le retour du Vendée Globe n’a pas été facile mais c’est vite reparti avec le chantier. Les journées sont denses depuis un petit moment pour pouvoir être prêts sur cette course. On est à fond ! On est content d’avoir remis le bateau à l’eau. On a fait un bon chrono entre la mise à l’eau et les premières navigations. Il reste encore pas mal de choses à régler d’ici le départ, mais grâce à la belle équipe qui m’entoure, on sera prêt samedi.
On a un super équipage avec Sébastien Josse qui fera la Transat Jacques Vabre avec moi et également Marie Riou et Benjamin Schwartz qui apportent leur belle expérience de la course.On a tous hâte que ça commence, d’arrêter le bricolage et d’aller naviguer. Forcément toute l’équipe de CORUM Sailing est ravie de pouvoir participer à ce bel événement et rien que de participer à cette course en équipage, c’est un réel plaisir. »
Pascal Bidégorry, équipier de 11th Hour Racing
« Enfin, on va avoir un départ de régate ! Nous qui n’avons pas fait le Vendée Globe, cela va être un vrai plaisir de retrouver la compétition. Le bateau est celui avec lequel nous avons terminé 4e la Transat Jacques Vabre 2019 avec Charlie (Enright), juste devant LinkedOut d’ailleurs… C’est un bateau qui a servi depuis de test pour le nouveau bateau actuellement en construction.
Plusieurs générations de foils ont été essayées et, là, nous essayons les nouveaux depuis quelques jours et c’est vraiment pas mal en termes de performance, de stabilité et d’utilisation donc nous sommes plutôt contents ! Ce bateau courra sous les couleurs de 11th Hour Racing jusque la Transat Jacques Vabre cet automne avec Justine et Simon (Fisher) et moi avec Charlie, prendrons le départ de cette même course à bord du nouveau bateau. Il courra ensuite The Ocean Race l’année prochaine.
Au sujet du pilote automatique ? Et bien, plus ça va, moins on barre parce que finalement à quatre, ce sont des équipages où tu es régulièrement en double et je pense même que sur une course longue comme The Ocean Race, il y a aura forcément des phases où tu seras seul sur le pont. Beaucoup de travail a été fait sur les pilotes donc ils sont très performants sur la distance. C’est aussi un bon moyen pour trouver les bons réglages et se concentrer sur la perf’. »
Justine Mettraux, équipière de 11th Hour Racing
« Pour nous, l’objectif est de réussir cette première confrontation avec cet équipage-là. On va devoir bien gérer les variations météo sur le parcours et trouver vite les bons réglages. On a une équipe qui fonctionne bien ensemble, qui se fait confiance et qui a de grosses compétences lorsque l’on additionne les parcours de chacun. Je me réjouis de faire cette course-là. On fera aussi le convoyage retour ensemble et ce sera, au final, une très belle progression pour le team. »
Louis Burton, skipper de Bureau Vallée 3
« On est tous hyper enthousiastes de partir sur cette course. On trouve l’initiative du rapprochement entre l’IMOCA et The Ocean Race hyper positive, dynamique et intelligente. On mesure la chance que l’on a de pouvoir partir faire un petit tour de l’Europe. Je pense que l’organisation n’a pas été simple, donc je veux féliciter les organisateurs ! On mesure aussi la chance qu’on a eu après le Vendée Globe de pouvoir vendre notre bateau à Pip Hare, de pouvoir racheter celui-ci (ex- L’Occitane en Provence) puis de pouvoir le mettre à l’eau dans les temps grâce à la mobilisation de tout le team. Toute l’équipe travaille de 8h à 20h tous les jours depuis plus d’un mois pour ça.
C’est super qu’il puisse y avoir cinq IMOCA à une échéance si proche de l’arrivée du Vendée Globe. Bravo à tous. Je pense que dans les parcours très tactiques comme en Méditerranée lorsqu’il faudra beaucoup manœuvrer, les VO65 donneront sûrement du fil à retordre aux IMOCA. Même s’il y a deux classements et deux philosophies, ça fait quand même une flotte de 12 bateaux et ça sera passionnant à vivre et à suivre j’espère.
Pour les skippers qui ont fait le Vendée Globe, ça va nécessiter de se mettre dans un rythme très actif tout de suite. Forcément, les équipiers qui viennent à bord et qui ne sont pas dans ce timing-là d’anticipation à grande échelle, vont être des moteurs et des alarmes. Ça ne va pas être naturel et évident pour nous car on a encore les réflexes du Vendée Globe en tête. On reçoit nos voiles mercredi donc on va les jeter à bord et on va tout de suite rejoindre Lorient dans les conditions qu’on aura pu réunir. On est à fond ! »
Servane Escoffier, équipière de Bureau Vallée 3
« On a choisi d’être aussi nombreux en équipage, tout d’abord car on va découvrir le bateau donc on veut prendre un maximum d’informations pour pouvoir travailler en amont de la Transat Jacques Vabre. On sait qu’il faut respecter la puissance des différents appendices et pour l’instant nous n’avons pas encore beaucoup d’informations sur le bateau.
D’autre part, on a un projet depuis 8 ans qui s’appelle « Mer Entreprendre Espoir ». On sélectionne un jeune par an et le but est de les amener sur l’eau, de participer aux grandes courses et ensuite que cela dure. C’est le cas d’Arthur Hubert et de Clément Commagnac, actuellement en transat en Figaro. Et Pip Hare, car on avait partagé beaucoup avec elle lors du rachat du bateau, mais aussi car son profil nous a beaucoup plu sur le Vendée Globe. »
Yoann Richomme, skipper de Mirpuri Foundation (VO65)
« La bataille entre VO65 et IMOCA va être sympa. Chaque bateau a ses avantages. On arrivera à faire armes égales sur certains bords et, à part le vent de travers, on pourrait tirer notre épingle du jeu en fonction de la météo.
J’aime bien cette monotypie stricte qui me rappelle le Figaro, avec, en plus, cette dimension de synchronisation d’équipage qui m’a demandée de tout réapprendre. En VO65, on a aussi trois ou quatre équipages expérimentés avec des skippers comme Bouwe Bekking (Sailing Poland), Chris Nicholson (Akzo Nobel) ou Simeon Tienpont (Team Childhood). Nous avons quatre nationalités à bord, avec des marins anglo-saxons, des Français du Figaro, des marins qui viennent de l’Olympisme ou de la Volvo Ocean Race, etc. On a un mixte de culture très intéressant, avec une ambiance très familiale au sein de l’équipe et cela me tenait à cœur. On s’est entrainé dur, pour aller chercher la victoire. »