En vue de Luçon

© Andrès Soriano/Team Sanya

Les vagues croisent dans tous les sens, le courant pousse contre la houle et les fichiers météo ne savent plus où donner de la tête. Les six Volvo Open 70 se tiennent en 16 milles. La sortie du détroit de Luçon est imminente, certes, mais l’issue en est imprévisible.

« Sortez-nous de la mer de Chine ! » En dernière position, à 16 milles du leader, CAMPER, Ken Read en a marre. La frustration du skipper de PUMA Ocean Racing est partagée par beaucoup. Marre du près, de la mer hachée, du vent faiblissant et des vagues de face creusées par le courant.

« On en a assez de remonter au près, de taper dans les vagues et de vivre dans une grosse caisse au bruit creux. Ça vous tape sur le système. »

Heureusement, la sortie du détroit de Luçon est proche : quelques dizaines de milles avant Taïwan, huit heures environ avant le Pacifique Ouest et la mer des Philippines.

Difficile pourtant de savoir qui sortira gagnant de cette mer de Chine. Le vent ne cesse de baisser et de tourner à droite – moins de 15 nœuds d’est-sud-est. Le courant de Kuroshio, qui voyage d’ouest en est, emmène la flotte avec lui mais se heurte à la houle laissée par le passage de la mousson.

Et la situation ne s’arrange pas au niveau du détroit : un anticyclone se déplace à l’est et laisse le passage maritime entre Taïwan et Philippines sans vent. À l’inverse, au nord-est, un front froid pourrait créer un flux d’est – en poussant aussi les alizés plus bas, ce qui n’arrange pas les six équipages !

« La prochaine partie de l’étape pose une question, » interroge Mike Sanderson. Sanya Lan est troisième à 13h UTC. « Combien faire d’est avant de plonger au sud vers l’Équateur ; quelle distance payer par rapport à l’arrivée pour faire de l’est ? En théorie, on souhaitait y aller doucement pour descendre ensuite avec de bons angles vers les alizés.

« Mais maintenant, l’est a l’air difficile et la flotte aura des angles serrés pour rejoindre les alizés … C’est-à-dire quelques jours supplémentaires au près ou au reaching serré. »

Un programme qui devrait bien convenir aux Français, passés en quatrième position à cause d’un changement de waypoint : le classement est désormais déterminé par rapport au nord de la Nouvelle-Zélande et non plus aux Philippines.

Mais Groupama 4 est bien placé pour attaquer le Pacifique : en milieu de flotte et bien avancé à l’est, « il va très bien avancer quand les angles de vent vont s’ouvrir autour de 60 ou 70 degrés, » avoue leur concurrent Ian Walker, skipper d’Abu Dhabi Ocean Racing, deuxième.

« J’aimerai pouvoir vous dire ce que nous réserve les prochains jours. Les fichiers sont faux depuis le départ alors on n’y paye plus vraiment d’attention. On essaye juste d’aller aussi vite que possible vers l’est.

« C’est très cahoteux. Je n’ai pas hâte que la nuit tombe : en ce moment, à la barre, on doit contourner chaque vague. On accrochera peut-être une risée à l’est, mais on n’y pense pas trop pour l’instant. »

Positions à 13h UTC (14h Paris) le 22 février 2012 :

  1. CAMPER with Emirates Team New Zealand à 4716,3 milles d’Auckland
  2. Abu Dhabi Ocean Racing à 4,20 milles du leader
  3. Team Sanya à 5,10 milles du leader
  4. Groupama sailing team à 6,60 milles du leader
  5. Team Telefónica à 12,90 milles du leader
  6. PUMA Ocean Racing powered by BERG à 16,30 milles

Source

Anne Massot

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