Dans le rythme atlantique

© Yann Riou

Au pointage de 19h ce lundi, le Maxi Edmond de Rothschild avait parcouru 1 313 milles sur le fond depuis son départ de Ouessant, dimanche à 2h33. Cette distance réalisée à la vitesse moyenne de 32,7 nœuds, témoigne que l’équipage du géant de 32 mètres est parfaitement entré dans le rythme élevé qu’impose un record tel que le Trophée Jules Verne. Après une phase tonique au passage du cap Finisterre, où les marins ont dû composer avec un bon flux de plus de 30 nœuds et une mer chaotique, les conditions se calmaient ce lundi après-midi tandis qu’ils débordaient l’archipel portugais de Madère. Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers possèdent 65 milles d’avance sur le record.

Le shaker de Finisterre

Les conditions qui régnaient le long de la péninsule ibérique ont été l’un des facteurs importants dans le choix du créneau de départ de cette deuxième tentative de record sur le Trophée Jules Verne, comme le soulignait Marcel van Triest : « Avec Franck et Charles, nous avons choisi de partir en arrière d’une fenêtre Atlantique Nord pour deux raisons principales. La première était pour éviter le plus fort de la cartouche le long des côtes espagnoles et portugaises. Déjà hier c’était plutôt tonique et engagé pour l’équipage, alors si on l’imagine avec 10 nœuds de plus ce n’était pas très raisonnable pour démarrer un tour du monde. » Mais plus que le vent, c’est la mer désorganisée et les vagues générées qui ont le plus handicapé le Maxi Edmond de Rothschild dans sa progression. Dans l’une d’entre elles, sûrement plus coriace que les autres, l’un des pare-brise avant de la casquette s’est légèrement fissuré. Rien de grave, mais cette mésaventure vite réparée par le boat captain et équipier David Boileau laisse imaginer la violence des éléments au passage de la pointe nord-ouest espagnole. Malgré cela, l’équipage s’est offert hier après-midi un joli premier de 49,2 nœuds de vitesse bateau, soit le record du bateau, pour débuter sa boucle planétaire comme il se doit !

En bordure de dorsale

Samedi à Ouessant, dimanche en Espagne, lundi à Madère… à chaque jour sa destination sur la route du Trophée Jules Verne. Mais pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild l’heure n’est pas au tourisme. Les six marins ont un timing à respecter et un rendez-vous à ne pas manquer dans l’Atlantique Sud ! À bord du dernier-né des Gitana, les quarts se relaient toutes les deux heures pour exploiter au mieux le potentiel de leur formidable maxi-trimaran volant. Depuis le départ, la météo a nécessité de nombreux empannages. Et ce n’est pas fini ! En effet, au vu des derniers routages transmis par Marcel Van Triest, d’autres sont à prévoir dans les prochaines heures. Rappelons qu’un empannage réclame l’ensemble de l’équipage sur le pont pour optimiser le temps passé et le ralentissement consenti.

Actuellement le dévent de l’archipel portugais est très important. Sur les fichiers de vent, on en constate les stigmates à plus de 230 milles dans son sud et la zone de vents faibles rejoint quasiment les îles voisines des Canaries. Autant dire que dans cette configuration, le passage au vent de Madère n’était pas une option mais bien une obligation. Pour autant, le chemin emprunté par le Maxi Edmond de Rothschild n’est pas des plus simples du fait de la dorsale anticyclonique qui se déplace vers l’Est et qui dès demain aura bouché la route vers le Sud et les alizés de l’hémisphère Nord.
« C’est un schéma assez classique en partant à l’arrière d’une fenêtre. La dépression qui se situait sur la péninsule ibérique s’évacue en se déplaçant vers l’Est et la dorsale la suit. Par conséquent elle fait route vers nous. En termes de positionnement, mais aussi en anticipant pour la suite de la descente vers l’équateur, tu cherches à être le plus Ouest possible pour aller chercher la bascule quand le vent va tourner à droite (du Nord au Nord-Est) », détaillait le routeur météo du Gitana Team.

Comme toujours en mer, c’est un compromis à trouver. L’envie serait de gagner dans le Sud pour ne pas venir se brûler les ailes trop près de la dorsale anticyclonique mais il faut malgré tout gagner aussi dans l’Ouest pour ne pas tomber par la suite dans les dévents des Canaries ou à travers les îles du Cap Vert.

Source

Zephyr Communication

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