Comme un coq en phase

© Alan Roura

Le retour aux avant-postes de Charlie Dalin n’aura duré que le temps d’un instant ! Yannick Bestaven était bien en phase avec l’arrivée d’une dépression en formation qu’il est allé chercher loin dans le Nord, pour « redescendre » avec elle jusqu’à la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA), voire plus. Thomas Ruyant est relégué à plus de 300 milles et le peloton des chasseurs patine encore devant la bulle anticyclonique qui s’est étirée comme un scoubidou… Maître CoQ IV s’envole !

Il n’y aura eu finalement que deux classements ce samedi matin en faveur de Charlie Dalin (Apivia), nettement plus méridional que le véritable leader. Car à force d’aller chercher la brise favorable loin vers le septentrion, Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) a dû laisser le leadership à son plus tenace chasseur. Mais voilà : une fois le centre dépressionnaire frôlé, il ne restait plus qu’à glisser vers le Sud-Est dans un vent encore soutenu (25-30 nœuds) et une mer fort agitée pour retrouver le bord rapprochant du cap Horn.

Et le « dauphin » eut beau recadrer lui-aussi dans ce flux de Nord-Est, il était tout de même à 90 milles de la trace du leader avec, en sus, une barrière devant l’étrave, la ZEA. Le foiler jaune va donc devoir contre-border au petit matin (heure française) dimanche et ainsi perdre encore de sa superbe, soit une petite centaine de milles si le Rochelais passe à la bordée ce « mur des glaces ». Réponse dès dimanche matin, mais il suffit d’une légère rotation de la brise au Nord-Est pour que la voie s’ouvre à lui…

C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses…

Et d’ici là, si bien des choses peuvent changer, les positions semblent être figées : Thomas Ruyant (LinkedOut) était samedi après-midi en passe de contourner le centre dépressionnaire et pourrait revenir très fort si ce n’est qu’une bulle se forme sur sa route. Quant au peloton des chasseurs emmené cette fois par Jean Le Cam (Yes We Cam!), il n’arrive pas à transpercer la baudruche anticyclonique et quand celle-ci va enfin se décaler vers le Sud, ce sera du vent contraire pour longer la ZEA… N’est-ce pas pour cette raison que Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family) a choisi de s’extirper du groupe pour un bord à 90° de la route, plein Nord ?

L’option est courageuse, surtout quand personne n’ose suivre, mais elle devrait porter ses fruits dès dimanche midi quand le flux va devenir portatif pour lui. Alors pourquoi les sept autres concurrents n’ont pas choisi cette voie ? Pour Louis Burton (Bureau Vallée 2), l’objectif était avant tout de recoller les morceaux : quand il y a une semaine, le Malouin repartait de l’île Macquarie où il avait pu redonner de l’éclat à son monocoque abîmé par l’Indien, il concédait 500 milles. Et il n’en a plus qu’une centaine sur le meneur de jeu des poursuivants ! Or pour Jean Le Cam, Boris Herrmann (SeaExplorer-Yacht Club de Monaco), Damien Seguin (Groupe APICIL), Isabelle Joschke (MACSF), Maxime Sorel (V and B-Mayenne) et Giancarlo Pedote (Prysmian Group), le chemin le plus court est parfois le meilleur.

It’s a long way to…

Il va donc falloir patienter jusqu’à la fin du week-end pour se faire une idée plus précise de qui fait quoi et où chacun se positionne. Car à l’issue de ce coup d’accélérateur en tête, il est fort probable qu’il y ait un ralentissement qui redistribuerait une nouvelle fois les cartes avec un regroupement général avant d’aborder l’entonnoir du cap Horn. D’ailleurs tout laisse à penser que le « scow » d’Armel Tripon (L’Occitane en Provence) va encore bénéficier de conditions idéales pour voler sur ses foils : d’ici qu’il raccroche Clarisse Crémer (Banque Populaire X), puis les chasseurs, il n’y a qu’un pas… de géant certes, mais 3 500 milles avant le détroit de Drake, tout semble envisageable !

Ce sont Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) et Pip Hare (Medallia) qui semblent les plus en ballottage : une violente dépression venue d’Australie va les coiffer la nuit prochaine (heure française) avant de s’évacuer vers l’Antarctique, mais en laissant traîner un front très actif entre le continent océanien et la Nouvelle-Zélande ! C’est la raison pour laquelle le trio Beyou-Le Diraison-Costa a tiré tout droit sur le 45° Sud depuis le plateau AMSA australien et que Manuel Cousin (Groupe Sétin) s’est encore plus décalé au Nord.

Et pour les suivants, la situation météorologique est plutôt favorable avec un flux d’Ouest quasi généralisé dans l’océan Indien. Au final, ça n’avance pas très vite en tête, ça redémarre ensuite, ça bastonne au milieu et ça déroule en queue… Le tour du monde quoi !

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Agence Oconnection

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