Ça tape devant, ça glisse derrière

© Jean-Louis Carli / Alea

Ça cavale toujours en tête de course malgré une forte mer de travers limitant la vitesse des bateaux. Louis Burton a perdu beaucoup de terrain dans la nuit, certainement handicapé par des soucis techniques.

« Je suis dans la traîne de la dépression, j’ai entre 30 et 40 nœuds de vent et la mer est désordonnée, comme d’habitude. C’est un peu la même péloche depuis plusieurs jours et ce n’est pas près de s’arrêter, mais je commence à prendre mon rythme, ma routine d’océan Indien (…) L’humain a une capacité d’adaptation importante ! » confie Charlie Dalin joint ce matin à 5 heures.

En guise de compensation à cette mer déglinguée qui déferle par le travers des grands monocoques et fait planter fort les bateaux après les départs en survitesse, le ciel, au Nord de la dépression australe, est d’un bleu peu commun et le soleil enchante ces journées de 17 heures (par ces latitudes, le jour se lève vers 1h du matin).

Le skipper d’Apivia ouvre toujours la voie. Son décalage au Nord de ses concurrents directs lui a fait perdre un peu de terrain, mais il n’en a cure : « je suis content d’être en tête, oui, mais je n’y accorde pas plus d’attention que ça. J’essaye de préserver mon bateau au maximum, sachant que l’état de la mer nous empêche d’aller vite et puis il reste tellement de milles à parcourir ! »

L’état de la mer est un facteur limitant, autant que les petits ou gros soucis techniques qui empoisonnent la vie des marins au quotidien et anéantissent leurs efforts de progression. Est-ce pour cette raison que Louis Burton qui figurait jusque-là en deuxième position a rétrogradé d’une place après avoir vu sa vitesse chuter ? 6,3 nœuds de moyenne et 50 milles de perdus cette nuit… il y a fort à parier que Bureau Vallée 2 ne soit pas à 100% de ses capacités.

À l’aube de ce 5 décembre, Thomas Ruyant (LinkedOut) a donc récupéré sa place de dauphin. Ce tiercé de tête, poursuivi par la horde Seguin, Bestaven, Le Cam, Dutreux, Herrmann, Pedote, Joschke et Sorel, se dirige, tribord amures vers le Nord des Kerguelen. Bientôt, après le passage du front, ils pourront empanner et filer sur l’autre bord quasiment jusqu’au cap Leeuwin, deuxième grand jalon du Vendée Globe.

Voyage en mers et terres méconnues

Dans leur sud, à l’intérieur de l’infranchissable zone des glaces, défilent les îles lointaines et déshéritées de l’océan Indien : île Marion et du Prince Edward qui appartiennent à l’Afrique du Sud, puis les îles au Cochon et de la Possession dans l’archipel des Crozet, relevant des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).

Le Vendée Globe est l’occasion d’un voyage en mers et terres méconnues, d’une redécouverte de la mappemonde et de ses trésors cachés. Ce dont se réjouissait Alexia Barrier (23e), qui profitait d’une mer lisse et d’une vingtaine de nœuds de vent pour faire glisser son IMOCA le long de l’anticyclone de Sainte-Hélène. « Je vais passer pas loin de Tristan da Cunha (territoire britannique d’Outremer situé par 37° Sud, ndr). Il y a plein de contrées sur la route que je ne connais pas. Mon père m’a envoyé des petits textes pour me présenter toutes ces îles. Et c’est génial pour les 5000 enfants qui me suivent. Je vais leur raconter tout cela. Cette course, pour eux, c’est vraiment un vecteur d’apprentissage. En géographie, en maths, en histoire… »

La navigatrice a passé ces derniers jours à bricoler à fond pour préparer son bateau – le plus ancien de la flotte – à son entrée dans le Grand Sud. Aux portes des Quarantièmes, le décor est déjà en train de changer pour la queue de flotte. Un plafond gris s’est installé, les températures ont chuté… il y a des signes qui ne trompent pas.

Pendant ce temps, Samantha Davies est en approche de Cape Town. Encore 45 milles avant de pouvoir se mettre à l’abri dans la baie pour évaluer les possibilités de réparation d’Initiatives- Cœur.

Et puis à 250 milles de Cape Twon, dans le Sud-Ouest du cap de Bonne-Espérance, un nouveau quatuor est en train de se former. En l’espace de 48 heures, Armel Tripon et Arnaud Boissières ont comblé les 300 milles de retard qui les séparaient d’Alan Roura et Stéphane Le Diraison (handicapé par le système de commande de son hook de grand-voile). Voici ces quatre bateaux désormais regroupés, glissant dans une étroite bande de vent le long de la zone d’exclusion antarctique.

Source

Agence Oconnection

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