Le jour d’après

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Alors que Jean Le Cam a repris sa route, de conserve avec Boris Herrmann, la première dépression australe s’évacue vers le Nord-Est tandis qu’une nouvelle perturbation intéresse les plus au Sud de ce groupe de tête. Et derrière aussi, le rythme s’est accéléré avec un Armel Tripon très rapide et un Jérémie Beyou véloce dans les alizés…

C’est un peu comme un boomerang qu’on jette au loin pour s’en débarrasser et qui vous revient en tournoyant… Elles (et ils) vont avoir du mal à s’en remettre, de cette affaire de bateau qui s’ouvre en deux comme une boîte de sardines ! Ça tourne et ça retourne dans la tête à chaque bruit suspect et en ce moment, ce ne sont pas les sons bizarres qui manquent depuis que la flotte est rentrée dans les mers du Sud… Certes tout c’est bien fini et Kevin (Escoffier) est désormais bien en sécurité aux côtés de Jean (Le Cam). Mais tout de même : à l’orée de l’océan Indien, aux abords du premier cap de ce tour du monde en solitaire et sans escale, Bonne-Espérance, cela plombe un peu l’esprit !

De Trindade et Martin Vaz à l’archipel de Crozet

Et même si des relents remontent du plus profond, il faut bien continuer la trace qui s’est infléchie au fil des jours : pendant que certains piquent encore plein Sud pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène qui cette fois, tend à s’étendre très au Sud sous le continent africain, d’autres longent la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) qui marque la limite méridionale à ne pas dépasser. Pour l’instant, cela ne pose problème à personne, si ce n’est peut-être à Louis Burton (Bureau Vallée 2) qui, dans un flux de secteur Ouest, a dû « forcer » la descente avant d’empanner vers le Nord-Est…

Car si la première dépression australe s’échappe vers Madagascar, une deuxième vient renouveler un air déjà bien chargé en embruns : le vent de secteur Sud-Ouest fait ainsi progressivement place à une brise de Nord-Ouest qui permet au premier peloton de se recadrer autour du 42° Sud. Ce qui est plutôt mieux pour Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut) qui le suit à 200 milles de son tableau arrière. Mais la route de Louis Burton pourrait redistribuer les cartes, même si elle est plus âpre, voire même plus rêche : plus de vent égale plus de mer, mais plus au Sud égale moins de milles à parcourir pour la même distance finale ! Le choix est cornélien…

Au loin, des glaces et des glaçons…

L’océan Indien est donc au programme de cette journée puisque derrière le triumvirat qui a déjà franchi la longitude du cap de Bonne-Espérance, pointe un groupe de neuf solitaires qui devraient rentrer dans le plus redouté des océans avant la nuit : Sébastien Simon (ARKEA-PAPREC), Boris Herrmann (SeaExplorer-YC de Monaco), Damien Seguin (Groupe APICIL), Jean Le Cam (Yes We Cam!), Yannick Bestaven (Maître CoQ IV), Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family), Giancarlo Pedote (Prysmian Group), Samantha Davies (Initiatives Cœur) et Isabelle Joschke (MACSF) sont en effet regroupés en moins de 200 milles à la suite de la fortune de mer qui a imposé à Kevin Escoffier d’abandonner son monocoque PRB.

Mais il y a tout de même 1 300 milles environ avant de pouvoir obliquer plus au Sud, en raison des poussées d’icebergs repérés par CLS au large des îles de Marion et de Prince-Édouard, puis de l’archipel de Crozet. Ces remontées de glace sont d’ailleurs à l’origine du changement de forme de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) puisque la Direction de Course avait déjà anticipé ce déplacement.

Ainsi du 43° Sud, les solitaires pourront plonger sous les Kerguelen, près du 50° Sud, mais à ce jour, il ne semble pas que cette trajectoire soit au programme car le week-end prochain s’annonce assez mouvementé près de l’archipel des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises)… Wait and see ! En tous cas, le trio de tête ne devrait pas être inquiété ces jours prochains par ses poursuivants qui a contrario, ont de quoi bataillé entre eux, sur une mer de plus en plus rangée dans un flux de secteur Sud.

Loin des yeux, près du cœur !

Derrière, le deuxième peloton s’anime sous la poussée d’une nouvelle dépression australe : le groupe emmené par Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) glisse très rapidement vers les Quarantièmes, et Armel Tripon (L’Occitane en Provence) qui les accompagnait le long du Brésil, se régale de ces conditions de mer lissée et de vent soutenu et portant. Mais attention : les surfs ne vont pas durer éternellement ! Il ne va pas être simple de rester sur le « dos » de cette perturbation qui repousse les hautes pressions vers le cap de Bonne-Espérance et le passage sous l’Afrique du Sud risque fort d’être laborieux pour ce groupe (et pour Alan Roura et Stéphane Le Diraison juste devant) le week-end prochain !

Quant aux « Brésiliens », ils peuvent enfin quitter les côtes et obliquer vers l’océan Indien : une route plus courte que leurs prédécesseurs, mais qui pour autant, n’est pas très large ! Il va falloir suivre un couloir étroit au-dessus d’un front jusqu’à la fin de la semaine, en zigzaguant entre les bulles anticycloniques qui ont tendance à faire « Pschitt » dans cette ambiance abracadabrantesque… L’espoir de passer Bonne-Espérance avant le milieu de la semaine prochaine recule de jour en jour.

Source

Agence Oconnection

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