Sodebo Ultim 3 dans l’hémisphère Sud

© Martin Keruzoré

Parti mercredi dernier à 2h55 d’Ouessant, Sodebo Ultim 3 a franchi l’équateur lundi à 12h45 (heure FR) après 5 jours 9 heures et 50 minutes de mer. Thomas Coville et ses sept équipiers comptaient au moment de basculer dans l’hémisphère Sud 9 heures et 21 minutes d’avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, détenteur du Trophée Jules Verne

La traversée du Pot-au-Noir a été éprouvante car si les premières heures se sont plutôt bien passées, Sodebo Ultim 3 s’est rapidement retrouvé confronté à un vent de face qui a obligé l’équipage à multiplier les virements de bord, quatorze en moins d’une journée ! L’avance accumulée sur Idec Sport – entré plus tard dans le Pot-au-noir qui était positionné plus au sud – a alors fondu. Mais l’élastique s’est retendu en faveur de Sodebo Ultim 3 dès qu’il est sorti de la zone de convergence intertropicale. Dimanche soir, il a ainsi repris de la vitesse dans un alizé de sud-est modéré et cet après-midi à 16h, il est de nouveau en avance par rapport à Idec Sport.

L’Atlantique Sud se présente de façon assez classique avec l’anticyclone de Sainte-Hélène à contourner pour rejoindre le cap de Bonne-Espérance, que Thomas Coville et son équipage espèrent franchir d’ici une semaine, après environ 12 jours de mer.

Thomas Coville : « Une grosse envie et une vraie cohésion »

Comment se sont passés ces cinq premiers jours de course ?

« Depuis le départ, on a déroulé notre feuille de route, avec un début de tentative viril, comme ils le sont toujours parce qu’on essaie de partir avec du vent. Au large de Lisbonne, il y avait du vent et de la mer soutenus, nous avions alors une confrontation avec l’équipage de Gitana très intéressante, qui créait de l’émulation. Ensuite (après le demi-tour de ce dernier), nous avons continué seuls depuis les Canaries, avec une descente et une glisse relativement faciles. Lorsqu’on navigue au-dessus de 30 nœuds il faut rester concentrés et vigilants. Jusqu’ici, nous n’avons pas eu d’alizés très forts, ce qui nous a handicapés fortement hier dans tout le passage du Pot-au-Noir. »

Ce Pot-au-Noir a-t-il été compliqué et quelle est la suite du programme ?

« Nous avons dû beaucoup manœuvrer pour arriver à s’extraire de cette zone de transition qui détermine souvent beaucoup de choses. Nous en ressortons cependant avec une petite avance sur Idec Sport. La suite, le long du Brésil, sera la partie qui, je pense, va être la plus facile de ce tour du monde. Ça va être le moment de récupérer et de bien se préparer pour le Grand Sud. Pour l’instant, ce dernier se présente avec une dépression qui va nous cueillir au niveau du Brésil ou de l’Uruguay et nous emmènera jusqu’au Cap de Bonne-Espérance dans un temps honorable. Voilà pour la suite du programme qu’il faut toujours prendre avec précaution, parce que la météo peut vite évoluer. En tout cas, nous sommes tous super contents d’être là, l‘ambiance est très bonne, on veut absolument garder ça. Nous sommes dans cet état d’esprit de bien faire et ça se ressent sur les performances. Et le bateau est à 100% de son potentiel, on n’a rien abîmé, rien touché. »

Peux-tu nous dire comment, depuis le départ, tu as endossé ton rôle de leader de cet équipage ?

« En tant que chef de bord, je dois pousser l’équipage à mener le bateau pour qu’il soit performant. Mon objectif pendant ces cinq jours était d’instaurer une dynamique pour que chacun trouve son rythme et sa place. J’ai pour cela fait le choix d’être hors quart, de ne quasiment jamais barrer, afin de laisser beaucoup de responsabilités et d’initiatives à chacun. Je pense que ça a permis aux gars d’être plus en confiance. Ces premiers jours ont donné le ton, ils ont une importance déterminante sur la dynamique qu’on lance sur 40 jours. Dans la compétition, avec de l’enjeu et des situations pas toujours faciles à gérer, tout le monde a répondu présent, a été très solidaire et très pro. On sent une grande envie et une vraie cohésion. »

Les autres mots du bord :

Sam Goodchild :

« Le bateau est en bon état, les bonshommes aussi, le Pot-au-noir n’a pas été très gentil avec nous, mais on continue, parce qu’il y a des chances de récupérer du chemin d’ici Bonne-Espérance où on espère être dans un peu moins d’une semaine. Tout le monde a le moral. »

François Duguet :

« Même si on est désormais dans le rythme et qu’on sait qu’on est partis pour un long voyage, il y a un côté symbolique à passer l’équateur, c’est la première belle étape. Tout se passe bien, on tient un bon rythme à bord, les conditions météo sont correctes après un Pot-au-noir un peu difficile, on sent que ça repart, tout le monde est à bloc, on a bien rechargé les batteries. »

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25min (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).

Source

Aline Bourgeois

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