Au bonheur de Sam

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Si Charlie Dalin creuse patiemment un écart conséquent en tête, Sam Davies a fait la bonne opération de ces dernières 24 heures. 10e, la navigatrice anglaise a recollé à Louis Burton dont elle voit les feux, sur la route Sud. Le groupe de chasseurs s’est dispersé pour débusquer le mouton à cinq pattes (route courte, vents favorables et lisibilité des fichiers météo). Portez vos gilets fluroescents : la battue est en cours.

Entre l’avant et l’arrière de la bulle anticyclonique ovoïde de 400 milles de diamètre (au plus large) qui se déplace d’ouest en est, deux petits mondes se sont organisés. À l’avant, ambitionnant de venir se caler en dessous pour attraper les premiers souffles de la dépression qui naît dans le Sud, Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut) font route au Sud-Est en forçant le destin à coups d’empannages. À l’arrière, le peloton des chasseurs, qui cherche à couper à la lisière du vent de la bordure de l’anticyclone, a cessé de se torturer l’esprit pour comprendre ce qui allait se passer : l’heure des décisions a sonné.

Dans les faits, Jean le Cam a empanné pour la première fois depuis plus d’une semaine, pour plonger plein Sud. 3e de la flotte, le skipper de Yes We Cam! est le plus à l’Est de la meute.

Pain bio ou pain noir ?

Décalé d’une quarantaine de milles dans son Ouest, Kevin Escoffier (PRB) s’offre le privilège de tergiverser encore un peu. Joint ce matin à 5 heures, le skipper de PRB finissait un sandwich au pain complet avec du chocolat noir, avant d’en attaquer un autre, « au pain noir. On va voir à quelle sauce on va être mangé : je vais avoir de la molle aujourd’hui si je fais cap au Sud. Mais je pourrais encore aller à l’Est… J’ai un fichier (météo) qui m’incite à aller au 100°, plein Est, et l’autre qui me dit d’aller plein Sud. Ce n’est pas simple, il faut que je demande

des conseils à Jean, il a les ficelles. Dans ces cas-là, il faut favoriser la vitesse, ce que j’ai fait toute la nuit, avec quatre changements de voile. J’essaie de faire avancer le bateau, et on verra bien ».

À 5 heures ce matin, sensiblement dans la même zone, Boris Herrmann (Seaexplorer – Yacht Club de Monaco) devait se poser les mêmes questions, et Sébastien Simon (ARKEA PAPREC) venait, lui, d’empanner plein Ouest, le temps d’un bord de recalage. Parce que l’anticyclone irait moins vite que prévu ?

Plus à l’Ouest, et plus bas, Alex Thomson a, lui aussi, un gros morceau de pain aussi noir que son bateau à ingurgiter. Au près, dans 8 nœuds de vent, le skipper de HUGO BOSS peine toujours à faire de la route directe : le bilan de ses 4 dernières heures est de 3,3 nœuds VMG (vitesse de rapprochement au but).

… Et une chance au grattage

Sam Davies a empoché le jackpot du tirage du loto de la Sainte-Hélène. En 24 heures, elle n’a pas gagné moins de 100 milles sur Louis Burton, le premier à avoir pris le parti de foncer plein Sud pour viser la bordure de la bulle anticyclonique qui s’annonce. « Je pense que j’ai choisi le bon moment pour couper le front, racontait la skippeuse de Initiatives-Cœur ce matin. J’y ai trouvé beaucoup de vent, j’ai parfois été à 20 nœuds sur les foils, et c’était bizarre parce que j’avais l’impression d’être en travers de la route. 20 nœuds en ne visant pas Bonne-Espérance, c’était étrange, mais je n’avais pas le choix ». Chanceuse également au grattage, Sam voyait ce matin les feux de position du skipper de Bureau Vallée 2. « Louis m’a demandé de lui apporter du vent, ce que j’ai fait. C’est bon : il a repris de la vitesse ».

Toujours aussi à l’aise dans la gestion des fichiers alambiqués, Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family) mène le trio d’intercalés. Une situation qu’apprécie Giancarlo Pedote (Prysmian Group), plus à l’Ouest et qui, surtout, aimerait bien faire parler ses foils : « Cette course à trois, c’est sympa, mais j’aimerais bien me barrer ! J’ai envie de cumuler les milles ! Heureusement, j’ai trouvé de la vitesse, il n’y a qu’à cette condition que j’accepte de dormir. La vitesse, c’est ma tisane ».

Un pas après l’autre

Stéphane Le Diraison (Time For Oceans), 19e, se rapproche d’Alan Roura (La Fabrique), de Romain Attanasio (Pure – Best Western) et de Clarisse Crémer (Banque Populaire X). Au même rythme de marche, Armel Tripon (L’Occitane en Provence), 24e, gomme la distance qui le sépare de Manuel Cousin (Groupe SETIN), dans des allures qui lui sont un peu plus favorables. Fabrice Amedeo devrait être sorti d’un pot au noir qui, finalement, a décidé de s’étirer de tout son large, mais le skipper de Newrest – Art & Fenêtres voit le bout du tunnel. Enfin, plus loin, Jérémie Beyou a opté pour un contournement des îles du Cap-Vert par… l’Est. Une route inhabituelle, mais contrainte, qui le fait avancer au vent arrière.

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Agence Oconnection

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