Joue contre joue

© Maxime Horlaville

Tout à ses réparations, Alex Thomson a laissé filer Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia), quasiment bord à bord dans le couloir de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Le troisième ? C’est le roi Jean !

Quand, d’ici une poignée d’heures, le jour se lèvera sur le milieu de l’Atlantique Sud, Charlie Dalin (Apivia) n’aura qu’à tendre le cou pour apercevoir, sur l’eau et à l’œil nu, la silhouette du bateau de Thomas Ruyant (LinkedOut). S’il est acquis que la nuit favorise les rencontres des âmes solitaires, c’est plus rarement le dimanche soir, et plus rarement dans des eaux aussi peu habitées que celles dans lesquelles descendent les skippers du Vendée Globe. Et puis généralement, le son qui ambiance la soirée est un poil plus gracieux que le sifflement d’un foil et le grincement du carbone : ce n’est pas Molécule, le musicien qui a placé 16 micros et 13 caméras à bord de LinkedOut pour l’expérience, qui nous contredira.

L’approche, Charlie Dalin l’a jouée en une glissade et trois empannages. A bord d’Apivia, la nuit a été marquée par une descente en escalier vers le flux le plus dense du front froid qui a ouvert une porte aux deux leaders à travers l’anticyclone de Sainte-Hélène. Deux empannages plus loin, Thomas Ruyant revenait se pavaner sur l’avant-scène du Vendée Globe où, dans un petit vent du Nord qui ne va pas tarder à prendre un peu d’Ouest, le leader glisse désormais à plus de 17 nœuds.

Si les deux Bretons d’adoption naviguent désormais côte à côte, ce n’est pas tant pour la rencontre que pour la piste, la seule qui leur permette de nourrir leur dessein commun, à savoir une traversée express vers le cap de Bonne-Espérance. Ils sont dans la place, esseulés depuis qu’Alex Thomson a sorti de ses sacs les résines, les matières composites et les boulons qui vont lui permettre de sécuriser la lisse longitudinale défaillante dans la proue de son HUGO BOSS. L’atelier n’est pas terminé et le bateau noir avance toujours à petits pas, mais dans la bonne direction. Et le skipper vit ce soubresaut avec philosophie : « Je suis déçu évidemment, mais c’est le Vendée Globe. C’est ce qu’il implique. Il faut être capable de gérer ce genre de choses. Dans ces situations, je suis habituellement en colère, triste et émotif, mais ce n’est pas le cas cette fois-ci. J’ai juste besoin de faire avec ». Classe.

Loin, à 250 milles dans leur Nord, Jean Le Cam est remonté sur le podium pour un nouveau pas de danse, qu’il affectionne, et parce que son Yes We Cam! va vite et que le Breton déploie sans relâche son incroyable sens du placement. Ralenti au petit matin dans des vents erratiques, le roi Jean 1er devrait retrouver de l’air assez rapidement. Juste à temps pour débouler devant Kevin Escoffier (PRB), qui a donc eu le nez plus creux que Louis Burton (Bureau Vallée 2) dans son Sud-Ouest, Boris Herrmann (Seaexplorer-YC de Monaco) et Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) dans son Nord ? Les heures prochaines le diront, mais ce groupe de sept chasseurs et chasseuse – Sam Davies (Initiatives Coeur) étant toujours au contact, et Alex Thomson, bien que pendu au délai de réparation, restant quatrième – va probablement constituer un des temps forts de la semaine à venir, tant les atouts semblent équitablement répartis entre tous ces acteurs.

Sinon ? Plus haut, Miranda Merron (Campagne de France) espère  » passer le pot au noir avant Noël « , et Jérémie Beyou (Charal) prend son mal en patience et  » redécouvre son sport « , l’esprit clair, mais le coeur lourd.

Boris Heereman

Jérémie Beyou

Miranda Merron

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Agence Oconnection

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