Jean Le Cam, compétiteur dans l’âme

© Jean-Marie Liot

Jean Le Cam, le skipper aux cinq tours du monde, le plus titré de cette édition du Vendée Globe, livre ses dernières impressions et ses opinions sans détours.

Triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, vainqueur d’une Barcelona World Race, d’une Transat Jacques Vabre et d’une transat AG2R, entre autres, Jean Le Cam, l’ultra expérimenté, a navigué sur tous les types de bateaux à une ou plusieurs coques. Le Vendée Globe, il le connait et ne s’en lasse pas. Il repart avec le même regard pétillant qu’il y a 16 ans, lors de sa première participation.
Avec son équipe, autant engagée que lui, il a préparé son bateau comme jamais, ce bateau avec lequel il a remporté la Barcelona World race (2014-15) et couru le dernier Vendée Globe en 2016-17.

48 heures avant de franchir la ligne de départ de son cinquième Vendée Globe, Jean Le Cam est reposé, serein et achève cette drôle de semaine de confinement imposée aux skippers, afin de les préserver au mieux dans cette période de crise sanitaire. Il se livre dans sa dernière interview avant le départ, dimanche prochain à 13h02.

 Qu’est-ce qui te motive à courir un cinquième Vendée Globe ?

C’est la continuité du projet qui a débuté il y a 2 ans. Tout ce que l’on a fait durant ces années, c’est pour prendre le départ après-demain. Nous ne nous sommes pas encore comparés aux autres.. Nous avons une bonne idée du travail que l’on a réalisé mais c’est l’inconnu tout de même…

L’échange avec le public, est-ce une complicité qui peut combler une part de solitude ?

Il n’y a pas vraiment de solitude. Nous sommes 33 bateaux au départ, donc nous sommes en permanence ensemble dans la course. Nous allons regarder comment nous nous situons par rapport à eux. Et lorsque j’aurai quelque-chose à dire, j’essaierai de le dire en vidéo, pour que le public s’attache au projet, au Vendée Globe. C’est pour eux que l’on fait une course pareille, ce n’est pas que pour aller plus vite que l’autre.

Quels sont les moments que tu attends avec impatience ?

Chaque moment va être intense. Compte tenu de la météo, ce que l’on peut attendre après le passage de la dépression, c’est la zone au large de l’Espagne et du Portugal. Il devrait y avoir des conditions intéressantes pour nous, les bateaux sans foil ; même si on ne court pas directement contre les concurrents qui ont des foils…

Quel concurrent peut être ton principal adversaire ?

Dans la flotte des bateaux à dérive, je pense que Damien Seguin sur Apicil sera le plus gros adversaire. C’est un compétiteur, il est médaillé d’or aux Jeux Olympiques, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Rien ne l’empêchera d’être un sérieux concurrent.Banque images Hélico_Jean Le Cam_VG2020 : Banque images Hélico_Jean Le Cam_VG2020 © Jean-Marie Liot

Tu es le doyen de cette édition, à 61 ans. Il y a 16 ans, y avait-il plus de diversité ?

Oui, il y avait aussi plus de skippers de ma génération et de la génération suivante. Aujourd’hui, nous sommes peu de concurrents de plus de 50 ans à disposer de bateaux qui peuvent aller vite. Alors que, à la fois, la population des coureurs vieillit par le bas et rajeunit par le haut.

De quel aventurier aurais-tu aimé t’inspirer si tu n’avais pas couru le Vendée Globe ?

Coluche. C’était un vrai aventurier dans son domaine, un mec exceptionnel. Précurseur dans sa façon d’être, il était censé, il faisait ce qu’il disait. Quand tu vois ce qu’il a monté avec les restaus du Cœur, ce n’est pas rien. Aujourd’hui, les gens capables de faire une chose pareille, il y en a très peu.

Comment envisages-tu le Vendée Globe dans 4 ans ?

Les choses seront totalement différentes. Ce Vendée Globe là, c’est un feu d’artifice, nous sommes à la fin d’une période. Il y a trop de trop partout, ça va à l’encontre d’un système humain et économique et ne peut pas tenir dans le temps. Il y a des moments où il faut savoir remettre les compteurs à zero, réfléchir au futur. Il y aura de moins en moins de jeunes sur les prochaines éditions.Jean Le Cam .

On le voit cette année. L’accessibilité aux jeunes est de plus en plus réduite et ce n’est pas normal. Le Vendée Globe, les bateaux font peur. Il faut revenir à des valeurs qui perdurent dans le temps et qui continuent à faire rêver les gens.

Un conseil que tu donnerais aux plus jeunes ?

Ne pas aller trop vite trop loin…

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Kaori

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Mis à l'eau le: 7 novembre 2020

Matossé sous: 2020-21, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe

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